CHAPITRE 64

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PDV ALBA :

Ignorant les paroles indécentes d'Oli, j'essuyais doucement de ma manche, le filet de sang qui avait coulé de la bouche d'Eliaz. Il s'était vraiment trop mordu la lèvre. Surpris de me voir l'essuyer comme un enfant, il m'observa faire. Il avait les yeux baissés vers moi, attendant sagement que je finisse.

- Oli ce n'est pas le moment pour draguer, lança Charles.

- Je ne drague pas, j'invite directement dans mon lit, il y a une large différence d'approche entre les deux, répondit Olivier.

- Ne joue pas sur les mots, tu sais bien que...

Je n'écoutais déjà plus, mes pensées enfouies au fond des yeux dorés, tachés de noir d'Eliaz. C'est fou comme son regard pouvait être captivant. Et bien que son visage soit devenu impassible, je sentais qu'il souriait intérieurement.

- Merci, dit-il.

Mes fossettes se creusèrent dans un léger sourire.

- De rien, répondis-je.

Je me retournais à nouveau pour m'appuyer sur son torse, entre ses bras, au chaud. En sécurité en fait. J'étais terriblement bien.

- Et je n'ai jamais essayé de draguer ta fille non plus, je suis très respectueux, claironna Oli.

Une veine se forma sur le front de Charles.

- Encore heureux elle a 17 ans, et toi 25 ! Il est hors de question que tu t'approches de mon poussin ! S'énerva Charles.

- Du calme le papa poule...

- Olivier, tais-toi, cingla Victoire, la femme de Charles, du ton le plus glacial possible.

Un long silence s'éternisa dans la salle. Oli avait fermé son clapet, il semblait respecter Victoire plus que Charles. Il fit la moue et détourna les yeux d'un air enfantin. Contraste incroyable avec ses pensées sulfureuses.

- Ces jeunes, sifflèrent Hamlet et George, les deux vieux anglais.

Ils se regardèrent en chien de faïence, énervés de toujours dire la même chose en même temps.

Charles, qui s'était calmé, soupira.

- Si cela ne te dérange pas, Anton, continu ton récit.

Le nouveau « père » russe d'Eliaz hocha lentement de la tête.

Je trouvais ça fabuleux. Fabuleux qu'Eliaz ait quelqu'un à qui se rattacher en tant que père. Fabuleux que ce soit un homme affectueux comme Anton. Fabuleux qu'Anton, fut le mari d'Anastasia, la mère d'Eliaz. C'était comme un vrai père.

J'aimais l'idée qu'il avait enfin une famille. J'étais heureuse pour lui.

Anton continua donc son récit.

De retour dans le passé, cela faisait maintenant 11 mois qu'il espérait revoir sa femme. Mais rien. Douze mois passèrent, puis treize, il commençait à perdre espoir. Jusqu'au quinzième mois.

A 5 heures du matin, des grands bruits de moteurs rugirent au sein du quartier où la meute du Flocon habitait. Alerté par le bruit, les Métamorphes aux sens surdéveloppés sortirent de leurs maisons. Des hommes en noir à l'air patibulaire sortaient de grosses camionnettes sombres. Anton était lui aussi sortit de sa maison, les sens en alerte, mais les yeux encore sommeilleux.

Les soldats noirs jetèrent aux pieds d'Anton, une Anastasia affaiblie, rachitique, évanouie. Les Métamorphes s'affolèrent, tout le monde courra vers la jeune femme. Anton portait déjà sa belle dans ses bras, les larmes aux yeux. La meute du Flocon avait aussi dû garder le secret, et prétendre au mensonge du divorce entre Anastasia et Anton. Ils étaient tout aussi heureux de revoir cette femme anciennement douce et pleine de bonté. Mais le bonheur ne dura pas très longtemps.

ALBAWhere stories live. Discover now