CHAPITRE 17

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Pour commencer, j'ai conscience de ne pas avoir posté de chapitres durant deux semaines. Mais que voulez-vous, le bac n'attend pas. Espérons qu'après deux semaines de révisions intensives je l'ai tout de même obtenu.

Mais ne vous inquiétez pas, j'ai bien l'intention de finir ce livre, alors même si quelques dimanches saute, la fin finira tôt ou tard par arriver.

(Car oui je poste tous les dimanches.)

J'espères que ce chapitre sera donc apprécié ! ;)

***

PDV ALBA :

Honnêtement, je ne savais pas trop pourquoi j'étais constamment en train de suivre Eliaz. Il n'avait reçu aucune instruction, je n'en avais reçu aucune. Apparemment, j'étais donc libre de faire ce que je souhaite. Mais à quoi bon ? J'étais sûre et certaine que j'allais faire le trajet jusqu'à Marseille dans son camping-car, j'étais sûre que j'allais continuer à dormir chez lui, j'étais sûre qu'il était une sorte de bouclier face aux Métamorphes qui n'appréciaient pas avoir été blessés par moi, j'étais sûre qu'avec lui, j'en apprendrais plus sur moi, les Métamorphes, les intentions de Scott et sur Eliaz lui-même.

Oui car, Eliaz était un mystère. Il cachait sa puissance, il entendait mes pensées les plus profondes, je sentais ses émotions voler autour de lui comme si un fluide doucereux l'entourait et me procurait tous ses changements d'humeur. Il semblait avoir un passé tellement flou. En réalité je ne connaissais rien de lui, même si j'avoue qu'on ne se connaissait que depuis quelques heures.

Tout ce que j'avais découvert, c'est qu'il était puissant, froid, distant, qu'il n'aimait pas avoir de longues conversations avec qui que ce soit, qu'il avait pourtant un bon fond et enfin, qu'il était juste une œuvre d'art à lui seul.

Oui car, même si je n'avais pas beaucoup côtoyé la gente masculine dans ma vie, je savais reconnaître un beau spécimen quand j'en voyais un. Il devait avoir la vingtaine, ses traits étaient fins et pourtant virils. Malgré qu'il cache son énergie, il en imposait, de par sa stature, son charisme, sa beauté. Il était tout simplement magnifique.

Je ne sais pas trop à quoi ma forme humaine ressemble désormais, mais, malgré que cela me demande beaucoup d'effort pour l'avouer, je ne pense pas l'égaler. Je ne pense pas être aussi belle que lui, aussi éclatante, deux êtres humains aussi beaux serait impossible. Un, c'est déjà assez.

Alors oui, je commençais à m'interroger sur ma forme humaine, comment serais-je ? Je n'appréciais pas l'idée de me retransformer en humaine, étant donné que je voulais le moins de contact possible avec les humains pour oublier ce traumatisme d'il y a dix ans. Mais c'était lâche, terriblement lâche. J'avais bien conscience, qu'au bout de dix ans, j'aurais pu surmonter cela. Mais impossible pour moi. Peut-être que la solution pour me défaire de cette crainte était en fait, d'avoir des contacts, de parler, d'échanger, de pleurer, de rire, d'être en colère, de reprendre goût à la vie tout simplement.

J'avais peur en effet, peur de reperdre des êtres chers, de voir le sang couler, les crocs s'enfoncer dans la chair humaine, les cris, les larmes, la fuite, l'abandon. Au fond de moi je m'en voulais terriblement de ne pas m'être battue, de ne pas avoir pu les protéger, bien que je sache que j'étais beaucoup trop jeune. J'aurais pu faire quelque chose, un geste, une parole, un au revoir. Non, je suis partie, j'ai fui, je leurs ai obéit, je n'aurais pas dû. Peut-être que si je ne l'avais pas fait je serais morte, mais au moins, j'aurais pu rester avec eux. J'aurais pu ne pas vivre cette vie, j'aurais pu ne pas souffrir de famine, de froid, de dégout face à moi-même, de colère incontrôlable, de larmes. Et tellement d'autres adjectifs négatifs pourraient décrire ma vie.

Au fond, pourquoi demander la solitude alors qu'en fait, elle me détruit ? Pourquoi éviter les contacts alors qu'en fait, ils peuvent me sauver ? Aujourd'hui en voyant ces gens, comme Louis, Sulie, ou même Kiara, je me suis amusée. Je ne m'étais pas amusée depuis un bout de temps. J'étais tellement plus joyeuse que dans ma forêt, sur mon rocher. C'est marrant, quelques heures auprès d'autres Métamorphes ont battue dix ans de souffrance.

Eliaz se stoppa net devant son camping-car, la main tenant la clé à quelques centimètres de la serrure, l'autre, tenant tous ses sacs de course. Mince, j'en étais consciente, il avait entendu cette pensée. Il tourna légèrement la tête et me fixa. Je détournai le regard.

- Tu sais...on a tous vécu des choses ayant marqué notre vie, commença-t-il doucement, se rapprochant désormais de moi.

Il était à quelques centimètres de ma truffe. Ses yeux dorés tachés de noir me fixaient intensément.

- Je ne sais pas trop dans quel contexte tu as pu avoir ces pensées. Cependant, ce que je sais, c'est que tu peux rester ici, dans ce camp, autant que tu veux, malgré certaines choses que tu as pu voir, on s'y sent bien. Malgré le potentiel danger qui peut te tomber dessus, je suis sûr que tu peux être encore plus comblée. Et...si tu étais humaine, je pense que tu t'amuserais encore plus que sous ta forme animale.

Je vis dans ses yeux, une certaine confiance à laquelle je pouvais me raccrocher. Et si, me retransformer en humaine était la bonne chose ? Je n'avais pas conscience que jusque-là, ma vie n'était pas une vie, et être en contact avec autant de gens était rafraichissant. Tellement rafraichissant.

Je hochais de la tête, répondant à Eliaz. Il avait sûrement raison, la clé était peut être auprès de personnes me ressemblant. Depuis ce matin, je me sentais mieux qu'à l'habitude, j'étais plus légère, c'était probablement de la joie. Plus de famine, plus de chasse nocturne, plus de froid, de chaud, plus de dégout, plus de solitude. Peut-être qu'avoir des contacts, n'étais pas si mal. Il est possible que la peur de souffrir, la peur de perdre quelqu'un était quelque chose de normal pour tout être vivant. Mais qu'il fallait vivre avec ça et profiter du moment présent.

De son visage toujours impassible, Eliaz me caressa doucement la tête, puis se retourna et ouvrit son camping-car pour y déposer ses sacs. Je fus surprise par ce geste, c'était réconfortant, mon cœur s'était réchauffé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu de contact physique tel que celui-là.

Il monta dans son camping-car, sacs à la main.

J'entendis plusieurs bruits de l'extérieur. Une porte s'ouvrant, sûrement celle du frigo, une autre porte s'ouvrant, celle de sa chambre. Des glissements, cuir contre acier. Des tintements. Tout ça était plutôt intriguant.

Je ne voulais pas rentrer et tout salir une nouvelle fois, j'en avais déjà fait assez.

En y repensant, Eliaz, lui, n'as pas l'air non plus d'apprécier les contacts. Il écourte toujours les conversations au plus vite et part aussi rapidement qu'il est arrivé, n'échangeant que quelques phrases au maximum. Ma curiosité est piquée à vif depuis que je suis à ses côtés. Découvrir tout de lui sera un défi, et j'ai bien l'intention de le relever.

Eliaz sortit finalement de son antre et referma derrière lui.

- Allons manger, Sulie doit sûrement t'attendre.

Sulie. Je l'avais totalement oubliée, trop perdue dans mes pensées assez sombres.

Je me secouai pour reprendre contenance. Je n'étais pas une peureuse, ni une pleurnicheuse. J'étais Alba, puissante et fière.

Oui, c'est tout de suite mieux.

Mieux qu'une personne qui se lamente sur son sort.

Je suivis donc Eliaz jusqu'à la camionnette de cuisine, blanche et rutilante. Des pensées en tête, nombreuses, mélangées et confuses. Mais une seule dominait.

Etre humaine, n'est peut-être pas si mal.

ALBAWhere stories live. Discover now