CHAPITRE 67

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PDV ALBA :

Un tigre à dents de sabre grognait tout près de son museau, près à la tuer d'une seule morsure.

Mon souffle se coupa un instant avant de se faire profond. Ma gorge me faisait mal. Je sentie une goutte de sueur dévaler le long de ma colonne vertébrale.

Un animal préhistorique ? C'était quoi encore cette histoire ?

Grâce aux souvenirs d'Eliaz, je savais qu'un Métamorphe préhistorique pouvait encore exister de nos jours, mais ils étaient tellement rares qu'en voir ne serait-ce qu'un dans sa vie relevait du miracle. Ceci d'autant plus qu'ils avaient tendance à se cacher grâce à un gène qui leur était propre. Ce gène leur permettait de se transformer en un animal dérivé de leurs gènes préhistorique. Ainsi, un Tyrannosaure pouvait alors décider de se transformer en poulet, autruche ou alligator pour se cacher, étant donné qu'ils étaient des sortes de descendants de ce dinosaure.

En réalité, tous les Métamorphes possédaient des gènes préhistoriques en eux, il était juste très difficile pour eux d'arriver à se transformer sous leur forme préhistorique, voire impossible si l'on ne l'était pas de naissance.

Alors entendre que le père d'Eliaz était un tigre à dent de sable était un choc. D'abord par la rareté de la chose, mais aussi parce que cela voulait probablement dire qu'il l'était depuis sa naissance. C'était même sûr. Un Métamorphe qui n'avait pas pour première transformation un animal préhistorique, avait à peu près 0.02% de chance de pouvoir le faire dans le futur. Donc zéro chances en fait.

Je sentais le cœur d'Eliaz battre rapidement dans mon dos, mes sens étant fortement aiguisés. Sa respiration s'était accélérée, il semblait sous le choc. Pourtant j'étais sûre que son visage n'en montrait rien. Je savais d'après ses souvenirs qu'il pensait son père être un Caracal géant, mais apparemment, c'était le descendant félin que Karel avait utilisé pour cacher sa véritable identité, à savoir un tigre à dents de sabre.

Ses mains glissèrent lentement sur mes avant-bras, puis il enlaça ses doigts aux miens avant d'enfoncer son visage dans mon cou. Je devinais qu'il avait fermé les yeux et qu'il tentait d'assimiler toutes les informations que l'on recevait à l'aide d'une proximité renforcée avec moi. J'étais un peu comme un doudou rassurant.

J'avais remarqué ça aussi, être proche avec lui me faisait un bien fou, comme si, plus je le touchais, mieux j'allais. Je voulais me rouler en boule dans ses bras et y dormir, je voulais faire une sieste sous ma forme animale avec lui, allongée sur un rocher éclairé par un soleil chaleureux. Je voulais profiter de sa présence.

J'observais nos mains. Nos blessures faites par jalousie il y a de cela environ une heure, étaient guéries depuis bien longtemps. Je souris intérieurement, nous étions des enfants.

J'avais conscience d'avoir une supériorité intellectuelle grâce à mes gênes de Métamorphes. J'assimilais plus vite les informations, je les comprenais mieux, et je les retenais à vie. Bien sûr, je n'étais pas à l'abris de l'oubli, mais je m'en sortais assez pour me considérer comme quelqu'un de particulièrement intelligent. Après tout, il fallait me regarder, après avoir passé 10 ans dans une forêt, je connaissais encore tout ce que ma mère m'avait enseigné, de la maternelle à la fin du programme lycéen. Avant son décès, ma mère avait même commencé à m'enseigner des cours provenant de facultés, tel que le commerce, la biologie, ou encore la sociologie. Je n'avais pas oublié, oh non. Mes connaissances faisaient partie des choses que j'avais rabâché dans mon esprit nuit et jours pour ne pas me transformer en un simple animal dépourvu d'intelligence à force de rester transformée. C'était facile de se laisser emporter par ses instincts animaux. Me remémorer constamment ce que j'avais appris aux côtés de ma mère était alors un moyen efficient pour ne pas perdre le peu d'humanité que ma forme transformée avait encore. Dix ans sous forme animale, ça vous changeait, mais j'avais réussi à rester qui j'étais, tout en murissant. Je n'étais pas restée à un stage végétatif qui me laisserait avec la mentalité d'une enfant de 8 ans. J'avais réfléchi, je m'étais remémoré, j'avais évolué. Je travaillais ce que j'avais appris, j'en faisais des hypothèses, je m'exerçais, seule, dans mon esprit.

ALBAWhere stories live. Discover now