Relation Interdite

11| Séminaire (2/3) 👺

Kim Taehyung

Mes membres se détendent sous la chaleur des rayons. Le temps est bon, la nature nous délivre encore une fois ses mystères du soir. Cette deuxième journée a été très calme et touche bientôt à sa fin. Yoongi encadre en ce moment même le jeu que les garçons finissent pendant que je suis en cuisine avec les filles. Cette combinaison m'arrange beaucoup. Depuis ma pulsion meurtrière de ce matin, j'évite Yoongi. Je fais en sorte de ne jamais me retrouver dans la même pièce que lui ou toujours accompagner de plusieurs étudiants. Cho et Eun-Ae m'ont tenu compagnie toute la journée, ce sont vraiment des filles agréables à vivre. Cho est pétillante et regorge d'énergie tandis qu'Eun-Ae est plus délicate et fait toujours des blagues drôles et subtiles, tout mon contraire. Passer du temps avec elles m'a permis de m'ouvrir davantage aux autre, malgré ma réserve, et par la même occasion de m'éloigner de Yoongi.

Éviter, une attitude puérile, digne d'un adolescent. Seulement, aucune autre solution ne me vient à l'esprit lorsque mon moment de folie repasse en boucle dans ma tête. Je reste donc avec Cho, Eun-Ae et leurs amies qui m'apprennent en ce moment à cuisiner pour les humains et les loups. Je ne pensais d'ailleurs pas être aussi maladroit... J'ai littéralement deux mains gauches. Dès que mon geste est imprécis, les filles se ruent sur moi et m'encadrent comme elles le feraient pour un enfant. Leurs remarques fusent mais elles ne me dérangent pas, elles ne sont ni agressives ni acerbes, mais bienveillantes.

Au début, mon entrée dans la cuisine avait jeté un froid mais Cho et Eun-Ae m'ont présenté et ont persisté auprès d'elles. Elles se sont ainsi détendues en ma présence, ce qui me rend fier de moi. J'ai l'impression que mes efforts payent enfin, qu'on me donne une seconde chance sans la prononcer. Peut-être est-ce le cas ?

Je continue mon activités sous leurs regards aguerris. L'impression d'être entouré d'une dizaine de mères poules s'affairant autour de moi pour que je ne ruine pas le repas. Cette situation me déconcerte tout de même un peu, elle me paraît si étrange, inconcevable il n'y a seulement quelques semaines, mais cela me rend heureux. Je me contente ainsi d'exécuter leurs dires et leur offre des sourires qu'elles me rendent avec joie.

« Tae, ne fais pas cuire les nouilles sans l'eau !! » Crie Eun-Ae.

Mon corps se tétanise à l'entente du cri, je me décale pour lui laisser la place. Elle m'explique alors que pour cuire, les nouilles ont besoin de bouillir dans de l'eau. Un soupir m'échappe. Que c'est compliqué ... Cho me demande alors de couper les fruits, en « pressant le couteau dessus », je m'exécute de suite et en oublie une étape : celle de tenir le fruit. Sous la force de mon coup de couteau, ce dernier est projeté dans les airs et explose sur le mur en mille morceaux.

Toutes les filles se retournent vers moi, abasourdies par la violence de la projection. Un silence envahit la pièce, puis des rires éclatent. Je gratte l'arrière de ma tête et leur souris, gêné. Elles reprennent leurs tâches difficilement, certaines continuent de pouffer. J'ai l'impression d'être un vrai clown. Cho décide de me prendre sous son aile pour que je ne fasse pas plus de dégâts.

Nous le terminons au bout de dix minutes et entendons des exclamations dans les couloirs. Les garçons sont rentrés. Je frappe dans mes mains pour attirer l'attention des filles et annonce le temps qu'il nous reste.

« Plus que vingt minutes avant que les garçons commencent à hurler de faim, faut passer à la vitesse supérieure ! Je vais m'occuper des poches de sang dans la réserve, je reviens. »

Je quitte aussitôt la cuisine, là son odeur flotte près de moi. Mon corps se tend. Il est là. Tout au fond du couloir, à l'opposé, son regard pesant rivé sur moi. Il a dû comprendre que je l'évitais. Je m'empresse de regagner la réserve, sans lui prêter un regard, et dévale les escaliers à toute vitesse. De grandes étagères se dressent devant moi, où les poches de sang sont empilées les unes sur les autres.