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Pdv Camila

Elle s'est enfin réveillé.

Ses beaux yeux s'ouvrent enfin, et je vois dans ses pupilles un état de surprise intense. Je tourne la tête pour voir Lauren pleurer. Depuis la mort de Zayn, nous n'avions que brièvement parlé, elle et moi, et ses mots emplis de sagesse, ainsi que sa peau, me manquent sans relâche. A chaque fois que je la vois, mes yeux veulent la dévorer, et mes mains la toucher. Maintenant qu'elle est juste à côté de moi, nos mains se touchent, et le temps s'arrête. Ou en tout cas mon cœur. Lauren frissonne, tourne la tête vers moi, puis brise le contact. Dans ses yeux ne règne qu'une joie indescriptible : sa meilleure amie survit.

Ally commence à rire, et les rires de tous se joignent au sien, sauf le mien. Je ne peux me détacher de Lauren et, lorsqu'Ally la prend dans ses bras, posant ses mains sur elles et recevant un baiser sur la joue d'elle, un vague de jalousie éclate en moi. Je profite de ce moment pour sortir de la pièce. Ally n'allait pas le remarquer : elle doit discuter avec ses amies et Billie d'abord, puis à moi. Je sens une présence derrière moi : Dinah.

Une fois au bout du couloir, je commande un Kinder Bueno dans le distributeur. Dinah s'adosse contre la machine, me fixant.

- Qu'est-ce que tu veux, Di? je demande, perplexe.

- Que Lauren et toi arrêtiez vos conneries.

J'avale difficilement ma salive, puis me retourne pour lui faire face. Elle a l'air sérieuse, bien trop pour que ce soit vraiment elle.

- Dinah, je l'ai trahie, je lui ai menti, j'ai tout gâché... C'est normal qu'elle ne me parle plus, et qu'elle ne m'aime plus... Si vraiment un jour elle m'a aimée.

Une douleur vive me prend le bras : ma meilleure amie vient de me frapper très fort. Je grogne et lui lance un regard noir.

- Non mais ça va pas là? Ca fait hyper mal!

- J'espère que ça te réveillera! hurle Dinah. J'en ai marre de vous voir vous tourner autour, vous déchirer pour ensuite vous regarder et tout regretter! Vous vous aimez, bordel de merde! Vous vous aimez alors arrêtez vos conneries de dire "j'sais pas si elle m'aime, blablabla". J'aime pas trop Lauren, mais je veux que tu sois heureuse, et elle a l'air de te rendre heureuse. Maintenant que tout commence à se reconstruire, il faut agir! Sinon elle va reprendre Jauregui Industries et va t'effacer de sa vie!

- Je n'en serais pas capable, dit une voix derrière nous.

Je ferme les yeux. Merde. Je me mords la lèvre, tandis que les pas de Dinah finissent pas disparaître dans la chambre d'Ally. Un parfum familier m'envahit les narines. Quelques secondes de silence, puis cette voix rauque et mélodieuse qui s'élève à nouveau.

- Je ne pourrai jamais t'oublier, même si je le voulais. J'ai juste besoin de temps... Je... Tu m'as brisée.

Des larmes coulent sur mes joues. Les bruits de talon s'éloignent. J'aurais pu la retenir, l'enlacer et l'embrasser fougueusement. J'aurais pu l'arrêter, mais je n'ai rien fait. La fissure dans mon cœur s'ouvre encore un petit peu plus.

                                                                                                      ***

Une fois de retour dans la chambre, Lauren n'est plus là. Je n'avais même pas besoin de la chercher des yeux : je sentais qu'elle était partie. J'interroge tout de même Dinah du regard, et elle secoue la tête lentement. Je me dirige alors vers Ally et la prend dans mes bras. C'est au creux de mon oreille qu'elle me murmure :

- Merci, Mila. Merci pour tout.

- Ally, je n'ai rien fait, je...

- La ferme, pour une fois que je te fais un compliment! rétorque-t-elle.

Je me mets à rire et la lâche, pour aller m'assoir sur une chaise. Sur le canapé en face de moi sont assises Dinah et Mani. Leurs doigts sont enlacés, tandis que le bras de Mani passe derrière la tête à Dinah, ce qui incite cette dernière à poser sa tête contre l'épaule de son amoureuse. J'ai un petit sourire bête, plus qu'heureuse pour elles.

Billie, quant à elle, ne pleurait pas. A vrai dire, je n'arrivais même pas à dire si elle était heureuse, soulagée ou indifférente, tellement son visage n'exprimait rien. C'était une éternelle blasée. Elle me faisait rire, d'un certain côté.

Ally a décidé de bâtir une chambre dans son loft à la vue incroyable. Elle va abattre un mur et supprimer la chambre d'amis pour lui offrir une place où vivre. C'était soit ça, soit Billie retournait en internat. Lorsqu'elle lui a annoncé la nouvelle, le visage de Billie s'est fendu d'un grand sourire, et elle s'est mise à pleurer. L'étreinte entre les deux sœurs a duré très longtemps, assez longtemps pour que Sofia et Taylor n'aient eu le temps d'arriver. En voyant Billie, Taylor s'est mise à trembler. Je ne sais pas si ces deux étaient ensemble, ni même si Lauren le savait, mais elles avaient l'air heureuse lorsqu'elles étaient ensemble.

Sofia vint directement à moi. Je la pris dans mes bras et souris : j'avais tout ce dont j'avais toujours rêvé pour être heureuse. Enfin, tout sauf une personne...

                                                                                                       ***

CINQ MOIS PLUS TARD


Le perron était animé par les feuilles de l'automne. J'avais enfilé mon plus beau manteau - un manteau long et très chic, d'un couleur violette sombre - et avais coiffé mes cheveux lisses en un dégradé gracieux. Mes talons claquaient sur le sol, tandis que ma jupe serrée à la taille semblait m'étouffer. Mes mains étaient moites lorsqu'elles se sont approchées de la sonnette. Je remonte mes lunettes sur mon nez, nerveuse. Je suis encore en tenue de travail ; j'avais été engagée dans une agence secrète qui avait besoin de mes compétences en comédie et en discrétion. J'avais plié bagage deux jours après le réveil d'Ally, et étais partie à Los Angeles. Maintenant, New York me semblait une ville triste, pleine de regrets. Juste avant de venir ici, je suis allée saluer Sinuhe et Sofi, avant de me précipiter dans ma voiture de location, une Ashton Martin.

Sur ce perron froid et terrifiant, j'ai pressé la sonnette. On me laisse entrer dans l'immeuble aux inscriptions "Jauregui Industries : Reborn". Je sèche mes pieds sur le paillasson, et toque quatre coups secs contre la porte.

Bientôt, la porte s'ouvre, et un silhouette du passé apparaît, magnifique dans son ensemble distingué. Cette fois, j'ouvre la discussion.

- Bonjour, Lauren.  

Eʟʟєs (Cѧmяєň)Where stories live. Discover now