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PDV Camila


Comme espéré, je me réveille la première.

Cette fois, c'est Lauren qui est à moitié sur moi, sa tête contre mon cou et ses mains posés sur mon ventre. Ses jambes sont entrelacées aux miennes, et j'éprouve soudain de la difficulté à respirer. Elle a cet effet sur moi. Non seulement elle cache bien son jeu, mais en plus ce mystère a quelque chose d'attrayant. Elle a beau faire de son mieux pour ne pas s'attacher aux autres, j'ai l'impression qu'après cette nuit, quelque chose va changer. Enfin, si elle ne se braque pas contre moi ou qu'elle ne se pose pas trop de questions.

Pour la réveiller, je caresse tendrement ses cheveux, puis sa joue.

- Allez ma belle, on se réveille.

Elle grogne un peu et resserre un peu son étreinte. Je caresse son épaule d'une main, et relève une mèche de ses cheveux de l'autre. Elle est épuisée : cela se voit à ses cernes. Je tente de m'éclipser discrètement, mais mon essai se réduit vite à un échec. Au bout de cinq minutes, Lauren me lâche et se retourne. Je me lève rapidement mais sans bruit, refermant discrètement la porte terrière moi.

Je fais un saut lorsque je vois Taylor, debout dans la cuisine, en train de faire des œufs brouillés. Je suis en pyjama assez court, et je viens de dormir avec sa sœur. Elle me regarde, non étonnée, et éclate d'un rire cristallin. Elle m'explique alors que Lauren et elle font de la colocation à présent, étant donné que leur tante préfère que Taylor reste vivre avec sa sœur plutôt que de la suivre à Orlando. Elle a bien sûr accepté. Hier soir, lorsque j'ai appelé, Lauren étant sur le canapé à côté d'elle et lui a reporté la raison de sa brève sortie. Honteuse, j'écoute Taylor plaisanter et rire sur mon état de hier soir. Finalement, la gêne laisse place à de l'amusement, et nous parlons de choses et d'autres pendant un moment.

Je réponds ensuite aux messages de Dinah, qui s'inquiète. Je la rassure pour ensuite aider Taylor à servir le petit-déjeuner. Ma maladresse légendaire m'amène à laisser tomber une pastèque par terre, qui éclate en mille morceaux. Soudain, j'entends un rire grave s'élever derrière moi. Je fais volte-face pour découvrir Lauren, en kimono noir, accoudée contre une table, hilare, me regarder. Je fais une grimace à son intention, ce qui la fait rire de plus belle. Elle vient ensuite me prêter main forte pour ramasser et récurer sous la pastèque.

Une fois que nous avons mangé et que Taylor est partie se doucher, j'ose enfin évoquer le sujet qui me tient vraiment à cœur.

- On peut dire que tu es mon ange gardien : ça fait deux fois que tu me sauves de l'ivresse et des conneries qui suivent. Merci.

Elle me lance un regard compatissant et me sourit.

- Ne t'en fais pas, ce n'est rien. J'avais simplement peur qu'il t'arrive un truc, je pense que je ne l'aurais pas supporté.

- Vraiment?

Ma question semble idiote maintenant que je l'ai posée. Lauren part dans un rire léger et presque mélodieux qui me fait frémir.

- Il faut croire que je tiens à toi.

Ces paroles me font littéralement fondre. D'après ce que m'a dit Ally, l'autre jour, ce n'est pas le genre de Lauren de parler de ses sentiments. Souvent, elle en fait abstraction soit pour se protéger elle-même, soit pour protéger les autres. Je lui lance un regard reconnaissant.

- Pourquoi tu t'obstines tant à garder les gens à distance? je demande.

- Pourquoi veux-tu tant me connaître? rétorque-t-elle sur un ton de défi, mais toujours amical.

Je ne peux pas résister à ce désir de tout connaître de toi, Lauren. Je secoue la tête en riant, et elle va s'assoir sur le canapé. Je sais que nous n'allons plus parler de ça aujourd'hui, donc je laisse simplement ces pensées vagabonder dans ma tête.

Tandis que nous regardons une série, je reçois un message d'un numéro inconnu.

De : Inconnu

Salut, c'est Jonas. J'ai beaucoup apprécié le temps passé ensemble hier soir, même si honnêtement je ne me rappelle plus si tes lèvres ont un goût de fraise ou de framboise. Tu serais chaude pour un café un de ces jours?

Lauren, qui lit par-dessus son épaule, se raidit immédiatement. Lorsque je pose mon regard sur elle, ses iris émeraude semblent irritées. Serait-elle jalouse?

- C'est qui ce Jonas? elle demande, tentant de cacher sa jalousie.

Oh ma cocotte, je commence à te connaître assez pour ne pas me faire rouler dans la farine. Je lui raconte alors que j'ai finis avec lui hier soir à cause de l'alcool, mais que je ne pensais pas le revoir de sitôt. Elle écoute mon récit sans me regarder et se contente d'hocher la tête lorsque je le termine. Je la sens bouillonner intérieurement.

Lauren est quelqu'un d'imprévisible.

Sans que j'ai le temps de faire quoi que ce soit, elle attrape mes poignets et propulse mon dos contre le canapé. Elle place ses jambes de part et d'autre de moi et se penche, de manière à ce que son décolleté fasse effet et que nos corps soient une fois de plus collé. Son visage est si proche que je commence immédiatement à avoir chaud. Je suis bloquée : pas besoin de tenter de me dégager pour le savoir. Ses yeux sont une prison à eux seuls. Nos nez se touchent, et sa voix grave devient étrangement irritée et sexy à la fois.

Elle me souffle ces quelques mots à la figure :

- Tu es mienne Camila, et tu ne t'échappera pas de moi si facilement.

Elle doit sûrement être bipolaire, ou schizophrène. Ou peut-être suis-je la folle entre nous deux? Parce que ses mots m'ont apaisés : j'ai l'impression d'être spéciale pour elle. Quoi qu'il en soit, si Taylor n'avait pas toussé en nous découvrant si proches sur ce fichu canapé, je ne sais pas ce qui aurait découlé de ces quelques mots. Lauren me lâcha et se releva d'un coup. Taylor a un petit sourire amusé sur les lèvres et ne fait aucun commentaire. Mon Dieu ce que je l'aime cette fille ! je songe en la remerciant d'un regard.

Lauren semble soudain gênée, comme si elle avait dépassé les limites. D'ailleurs, une fois que la série s'est terminée et que Taylor n'est plus là, elle se tourne vers moi pour me dire :

- Excuse-moi Camila, je peux être parfois très... impulsive. J'espère que ça ne t'a pas... eh bien... euh... dérangée.

C'est la première fois que je l'entends bégayer. Elle est chou. Je souris.

- Ne t'en fais pas pour ça.

Je capture son regard de mes yeux, et il y a comme une connexion électrique entre nous. Comment une fille si extraordinaire qu'elle pourrait s'intéresser à moi? je songe tandis qu'elle se lève pour attraper son manteau. Je lui lance un regard interrogateur.

- Je dois aller au bureau, j'ai du travail. Je te dépose quelque part? Il me semble que tu as un cours dans une heure.

Comment elle sait ça? Elle m'espionne? C'est mignon. Ou un peu psychopathe de sa part. Je me lève et attrape mes affaires pour la suivre dans le couloir, après avoir salué Taylor. Tandis que Lauren attendait dehors, sa petite sœur m'a retenue par le bras, pour me dire ces quelques mots qui m'ont laissée sans voix :

- Elle n'accorde pas sa confiance à n'importe qui, alors ne la gâche pas s'il te plaît. Elle mérite quelqu'un comme toi dans sa vie.


Eʟʟєs (Cѧmяєň)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant