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Trois jours plus tard
Pdv Billie
Mes yeux ne sont pas mouillés, et mon entre-jambe non plus, d'ailleurs. Ces derniers jours ont certes été très difficiles, même pour une sociopathe comme moi.
J'ai appris que cette petite créature si gentille qu'elle me donnait envie de vomir à tout bout de champ était en fait ma soeur. Et maintenant, moi qui n'ai jamais eu de famille, me voilà chaque jour à aller rendre visite à une femme que je ne connais que partiellement, et de laquelle je n'arrive pas à me décrocher.
Je n'ai pas parlé à Taylor depuis la mort de Zayn. Elle n'avait même pas pris la peine de venir me voir. Je n'ai pas l'habitude d'avoir un trou dans le coeur comme ça. Au début, j'ai pensé que cela avait quelque chose à voir avec le fait que les évènements se sont succédé, et que la pression que j'avais eue sur les épaules s'est enfin évaporée - mais maintenant je pense que c'est bien plus.
Je suis assise sur une chaise, à côté d'Ally. Elle n'est pas sortie du coma, et pourtant cela fait trois jours. Lauren a demandé aux médecins de patienter, ou sinon elle les poursuivrait pour je-ne-sais quels motifs. Pour être honnête, Lauren est la personne que j'apprécie le plus après Taylor. Les autres sont des ombres. Dinah est drôle, mais elle passe son temps à tout remettre en question. D'ailleurs, j'ai vu qu'elle était froide avec Normani depuis les évènements, et que celle-ci était partie en furie la veille. Quant à Camila, eh bien, je n'ai rien à dire.
Lauren s'assied à mes côtés, les yeux rivés sur Ally.
- Je suis étonnée que tu n'aies pas fui, dit-elle d'une voix franche.
- Je suis une sociopathe, pas un monstre, je réplique sans même lever les yeux.
Elle hoche la tête. Le silence revient, violent, et s'écrase contre mon visage. Après quelques minutes, Lauren reprend possession de l'air :
- Je sais que tu aimes ma soeur, dit-elle dans un murmure. Tu as beau prétendre le contraire et te satisfaire de l'excuse que tu n'as aucun sentiment pour quiconque, au fond de toi tu sais que l'amour est bien plus qu'un sentiment.
- Et qu'est-ce, alors? je demande, narcissique.
- C'est un monde dans lequel on ne préférerait pas mettre les pieds, car en lui agissent des forces que l'on ne peut pas contrôler. Aimer, c'est plonger son âme dans le néant, tout risquer pour une personne, qui vaut plus que notre propre vie. Aimer, c'est dépasser les limites de la raison - et crois moi lorsque je te dis que ce n'est pas simple pour moi de te dire ceci - pour rejoindre un monde abstrait, qu'on peut vivre mais pas expliquer.
Après cette description à en couper le souffle, nous restons silencieuses. Mes yeux sont fixé entre le vague et ma soeur (c'est hyper bizarre de dire ça), tandis que Lauren pense clairement à quelqu'un : je pense que personne n'a besoin de spécification.
Je me lève brusquement, ce qui fait sursauter Lauren. Elle lève les yeux vers moi.
- Je vais aux chiottes, je lâche alors, partant comme une furie.
Charmant et subtil : c'est tout toi. Je m'empresse de faire quelques pas le long du couloir, lorsqu'alors survient une violente douleur dans ma poitrine. Mon corps se plie en deux, et je laisse échapper un gémissement avant de m'effondrer à terre.
J'entends des pas et me relève alors rapidement, la main sur le coeur. En face de moi, Taylor. Elle a l'air effarée, son regard accaparé par ma personne.
