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PDV Dinah

Je prends le temps de bien l'observer.

Les cernes sous ses yeux sont creusées. Ses longs cheveux sont relevés en un chignon fait à la va-vite, ce qui ne lui ressemble absolument pas. Un parfum étrange émane d'elle : c'est le parfum de la crainte et de la détermination. Je suis toujours par terre, à l'affût, terrorisée. Je me suis simplement tournée pour la voir pointer une arme sur moi. C'est bien le truc que je ne pensais pas voir aujourd'hui. Je cligne anxieusement des yeux, tandis qu'elle change son poids du corps entre ses pieds, cherchant une stabilité qui n'annonce rien de bon.

Mani va me tuer.

Je lève alors les mains au ciel, me relevant péniblement. Je tente d'ignorer le cadavre d'Enzo qui est à côté de moi, puant la mort à plein nez. Je fais simplement un pas sur le côté pour ne pas avoir à marcher dans son sang. J'avale ma salive avec peine, plongeant mon regard dans celui de la fille dont je m'étais amourachée. Parfois, je me demande pourquoi mes goûts sont si spéciaux. Et maintenant, je me demande pourquoi elle. Pourquoi elle aurait voulu tuer Lauren, puis moi? Et faire un coup fourré à Camila? Je veux dire, elle ne la connaît presque pas!

Elle s'avance un peu vers moi, tandis qu'Antoine fait irruption dans la pièce. Il vient droit à moi et commence à me fouiller. Il sort de mes poches de veste mon téléphone et quelques trucs sans importance. Puis, il pointe son arme à feu sur moi, tandis que Mani ne baisse pas sa garde. Puis, il repart comme il est venu après un regard échangé entre eux. Mon cœur bat la chamade, et jamais je n'ai été aussi stressée de toute ma vie.

Mani s'approche de moi et pose la pointe de son pistolet sur ma gorge. Je frissonne, la regardant dans les yeux. Ses iris expriment de la haine, mêlée à ce qui pourrait sembler être du doute.

- Va te changer, on va brûler toutes tes affaires, ordonne-t-elle en me poussant légèrement vers la chambre où nous avions dormi. Maintenant qu'elles sont trempées du sang d'un mort, il ne faut pas qu'ils retrouvent ne serait-ce le moindre cheveu. Allez.

Je m'exécute. Mani à la porte, l'arme toujours pointée sur moi, je me retourne et commence à me déshabiller. Je mets mon jean et mes chaussures dans un sac en plastique et enfile un jean bleu à la hâte. J'entreprends de retirer mon t-shirt, consciente que le regard de Mani me brûle la nuque. Je suis maintenant en soutien-gorge. Je me retourne alors, dévoilant mon buste à Mani.

Cette dernière cligne des yeux, avant de pointer son arme sur moi. Je lève les yeux au ciel et enfile un pullover à capuche. Je prends alors le cornet et passe devant elle avec un soupir. Dans les couloirs, une fois la porte refermée, elle pose son arme sur le creux de mon dos, en soufflant dans mon oreille :

- Tente quoi que ce soit et je te descends, compris?

J'opine du chef et m'exécute rapidement. Devant les yeux, elle cache son arme et se contente de marcher à côté de moi.

Antoine nous attend dans une limousine juste devant l'hôtel. Les paparazzis sont là, prenant en photo les deux amies de Lauren Jauregui. Ou en tout cas ce que nous sommes censé être. J'entre dans la voiture, suivie de Mani, puis Antoine démarre. La vérité est que je suis terrorisée, et cette arme constamment pointée sur moi n'aide pas.

C'est moi qui ouvre la conversation, comme à mon habitude. A vrai dire, le besoin de réponses me donne des ailes.

- Pourquoi, Mani...?

Elle me lance un regard franchement dur et surpris à la fois. Elle arque un sourcil, m'indiquant de continuer.

- Pourquoi veux-tu la mort de Lauren et le mal de Camila? je murmure d'une voix contrôlée. Je veux dire ; qu'est-ce qu'elles t'ont fait?

Ses yeux sont réellement confus à présent. Elle ne cille pas, mais je peux voir que ses traits du visage sont crispés comme jamais. Elle ne décroche pas son regard de moi, comme si elle essayais de lire dans mes yeux, ou alors qu'elles s'était petrdue en eux.

Quoi qu'il en soit, ce qu'elle dit alors me donne la nausée:

- Attends, mais de quel côté es-tu Dinah ? elle s'exclame. Je veux dire : j'ai des preuves que tu as passé des coups de fil répétés à Camila juste avant l'attentat. Puis maintenant elle t'appelle d'un téléphone prépayé et t'ordonne d'aller voir Lauren? Qui me dis que tu n'es pas allée poser une autre bombe dans l'hôpital?

- Hein? Mais t'es tarée! je m'exclame en me redressant. Je ne suis pas une terroriste, et Mila l'est encore moins.

Je marque une petit pause, tandis qu'elle reprend son souffle.

- De nous trois, tu es la seule meurtrière Mani.

C'est un coup bas ça Hansen. En plus tu n'aimais pas Enzo. Quel prétentieux. Elle me foudroie du regard et je sens quelques frissons le long de mon dos. Elle prend sa tête entre ses mains et réfléchis.

Elle tourne les yeux vers moi.

- Si tu dis vrai, alors Camila s'est fait piégée, et l'auteur de l'attentat est toujours dans la nature. Mais pourquoi Camila?

Je secoue ma tête pour annoncer que je n'en sais rien de plus qu'elle. Elle lâche un juron et pose le pistolet sur ses genoux. Je crois que tu l'as un peu adoucie Didi, il est temps de la mettre dans ta poche.

Je lève un sourcil interrogateur.

- Désolée, nous devions nous méfier de tout le monde, dit-elle d'une voix désespérée. Même de toi.

- Pourquoi avoir tué Enzo? je demande, perspicace.

Elle me lance un regard dépité et totalement vide.

- Ce n'est pas nous, articule-t-elle. Il semblerait que quelqu'un soit arrivé avant.

Nous n'avons pas le temps de parler que la voiture s'arrête d'un coup de frein sec. Je vois la tête d'Antoine s'éclater sur le volant. Puis, de sourdes intonations se font entendre, et les vitres éclatent.

Mani n'hésite pas une seconde avant de se jeter sur moi pour que nous nous baissions. J'attrape fermement sa main et la serre dans la mienne. Putain, c'est quoi ce bordel? J'entends des cris et des sirènes de polices s'approcher de nous.

Antoine est mort. Je le sais car sa tête a été percutée par une balle.

Les portes de la voiture s'ouvrent et quelqu'un m'agripe le bras avec fermeté, et je ne peux pas m'en défaire. Je suis sortie de la voiture de force, pour ensuite être menottée et jetée dans une camionnette noire. Je vois deux hommes en noir qui attachent Mani en face de moi, de la même manière que moi: dos à une sorte de poteau et les bras croisés.

Le van démarre. Je regarde Mani intensément. Dans quelle merde on s'est foutues? Je savais que cette relation n'était pas saine. Après quelques minutes de trajet, alors que nous semblons avoir quitté le lieu de l'accident, la vitre noire qui donne sur l'avant du van descend d'un coup.

Une chevelure blonde platine est visible, rabattue en un chignon un peu défait. On ne voit pas son visage car elle a le regard fixé sur la route. Par contre, nous voyons très bien me visage de l'homme à côté d'elle.

Mon coeur s'arrête de battre: C'est pas possible.

Eʟʟєs (Cѧmяєň)Where stories live. Discover now