Chapitre 49

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Quatre semaines plus tard.

La clé dans la serrure, les vibrations de mon portable me poussent à suspendre mes gestes. Je l'extirpe de mon sac à main, le cale contre mon oreille puis m'assure que la porte de mon appartement soit bien fermée.

— Oui ? grogné-je.

— Mademoiselle Davis ?

— Hum ?

— Joey, de Voice of San Diego. Je suis enchanté de pouvoir m'entretenir avec vous.

Il marque un temps d'arrêt afin de me laisser le temps de lui répondre. Mais, comme je n'en fais rien, il se râcle la gorge et enchaîne.

— J'ai lu votre article, et je dois avouer qu'il m'a impressionné.

Faux, ce sont les millions de vues générées par la vidéo qui t'enchantent.

— Je vous remercie. Néanmoins, j'imagine que vous ne m'appelez pas pour me féliciter.

— Non, en effet, ricane-t-il. J'aurais voulu vous proposer un poste au sein de notre équipe. Votre profil est exactement celui que nous recherchons. Vous êtes jeune, à l'aise avec les réseaux, et votre style est incisif.

— C'est très aimable de votre part, seulement...

Je me dirige vers les escaliers, tout en cherchant une manière douce de le rembarrer.

— Vous avez déjà eu d'autres propositions, n'est-ce pas ? me demande-t-il sans paraître surpris.

— C'est exact.

— Venez nous rencontrer, nous pourrions discuter de votre salaire de départ.

— Je vais y réfléchir, merci, répondis-je poliment.

— Vous avez de quoi noter mes coordonnées ? Nous pourrions programmer une entrevue dès la semaine prochaine, si vous êtes disponible.

— Allez-y.

J'attrape mon calepin puis débouche mon stylo à l'aide de mes dents. D'une écriture peu soignée, je griffonne des informations qui ne me serviront sûrement pas. Cette conversation semble attirée John, qui passe sa tête par l'entrebâillement de la porte. Il patiente jusqu'à ce que je raccroche afin de me demander :

— Encore une proposition d'emploi ?

— Ouais.

— Tu ne vas plus savoir où donner de la tête, s'amuse-t-il.

Je soupire, fourre pêle-mêle les affaires dans mon sac quand je l'entends reprendre la parole.

— Au vu de la tronche que tu tires, je suis prêt à parier que tu as besoin d'une soirée TPF.

Tequila, pizza, film.

— Ce soir, chez toi ? demandé-je.

— Tu t'occupes de la bouffe et de l'alcool, je gère la télé.

Mes yeux plissés provoquent son hilarité.

— Tu vas bientôt être riche, rit-il. Ne fais pas ta radine.

— Mon banquier n'est absolument pas de ton avis.

— Dis-lui d'être patient.

Je secoue la tête et commence à descendre les marches, tandis que sa voix résonne dans mon dos.

— Finalement laisse tomber, on commandera chez l'Italien. Sait-on jamais si l'idée te prend de cuisiner...

Je dresse mon majeur et l'offre à l'autre crétin qui se marre dans mon dos.

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