Chapitre 6 - Partie 1/2

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Je hais les démarches administratives. Parce qu'en plus d'être barbantes, elles font perdre un temps précieux. J'offre cinq heures de ma vie au consulat des États-Unis, et le tout avec un grand sourire. L'air blasé de la fille derrière le comptoir n'y est pour rien mais j'ai bien conscience qu'elle a le pouvoir de faire ou non, traîner mon dossier. Tout ça pour qu'au final elle m'annonce le délai d'attente : entre quatre et six semaines. Rien que ça. En un claquement de doigts, mon été vient de se transformer en désastre.

Et comme je n'ai plus grand-chose à perdre, je me retrouve de nouveau devant la prison. Sauf que cette fois-ci, je me suis préparée. La petite application que j'ai téléchargée et qui me permet de traduire en direct me donne l'impression d'avoir gagné au loto.

Je reconnais seulement l'un des deux gardiens. Celui avec lequel j'ai parlé lors de ma première visite. Enfin, le type qui m'a aboyé dessus et contre lequel je me suis légèrement emportée. L'autre m'est inconnu mais son visage aussi fermé que celui de son acolyte ne risque pas de jouer en ma faveur.

Lorsque mon tour arrive, je dégaine mon portable, l'approche de ma bouche et dis lentement :

— Salut, on vient de me voler mon passeport. Alors je me demandais si vous pouviez faire une petite exception ?

Pour appuyer ma requête, j'extirpe de ma poche quelques Pesos. Ils s'échangent un regard en entendant la traduction et je prie pour qu'elle soit correcte. L'homme qui m'est familier se penche vers mon téléphone pour répondre. Mais sur le coup, je comprends l'idée sans même consulter mon écran.

— ¿Cómo te llamas ? *

Du tac-au-tac, je lui balance mon nom. Il consulte sa liste et ses sourcils se froncent sans que j'en comprenne la raison.

— Il y a un problème?

L'hésitation se lit sur son visage quand il m'observe, tendu. Puis, sans que je le vois venir, il empoigne mon bras et m'attire à l'écart. D'un geste brusque, il m'arrache mon bijou de technologie et commence à déblatérer à une vitesse impressionnante.

Quand il me le rend, je me dépêche de lire ce qu'il vient de dire et ma gorge se serre à chaque nouveau mot. « Tu es sur la liste rouge. Ce qui signifie que tu ne devrais pas être là. »

— C'est quoi ça, « la liste rouge » ? Et qui la dresse cette putain de liste ?

Sa réponse ne tarde pas : « Mon supérieur. Celui que je suis censé prévenir si tu te pointes. »

— Je dois absolument voir Ezequiel.

D'autant plus maintenant que j'ai la certitude de ne pas être dingue comme le sous-entend Oliver. Quelqu'un met tout en œuvre pour m'empêcher d'entrer entre ces quatre murs. Il prononce de nouveau une phrase et je lis sa signification en serrant les dents : « Tire-toi avant que je change d'avis. »


Traduction :

¿Cómo te llamas ? : Comment tu t'appelles ? en Espagnol

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