Chapitre 13 - Partie 2/2

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Lorsqu'il pousse la porte qui mène à la cave, une vague de fraîcheur m'enveloppe pour mon plus grand plaisir. Je ne cherche pas longtemps l'emplacement en question car la voiture stationnée au numéro 113,  attire le regard . Il faut dire qu'elle détonne au milieu des autres, et pour cause, c'est l'unique Lamborghini présente ici. 

— J'ignore combien gagne un inspecteur, mais je suis certaine que c'est trop peu pour s'offrir ce genre de caisse.

— Comment peux-tu savoir qu'elle lui appartient ?

Je fais le tour du véhicule rutilant quand une tâche blanche, non identifiée, capte mon attention. Je m'accroupis au niveau de la jante pour y découvrir une enveloppe coincée. Avec précaution je m'en saisis et l'ouvre.

— Regarde un peu ce que j'ai trouvé, je souffle en rejoignant Oliver.

D'un mouvement vif, il me l'arrache des mains et alors que je tente de le récupérer, il recule de quelques pas.

— C'est un relevé bancaire.

— Merci, je m'en étais rendue compte, je souffle les dents serrées.

— Adressé à Lopez.

— Non, sans blague.

Il abaisse le document et j'en profite pour le récupérer. Je parcours les différentes informations et bien qu'il soit rédigé en espagnol, certains éléments comme la date me sautent aux yeux.

— Le virement a été effectué le lendemain de l'arrestation d'Ezequiel.

Suspendus l'un à l'autre, je déglutis péniblement avant d'ajouter:

— Cinq cent mille pesos, ça ne te rappelle rien ?

— Le montant de l'assurance vie de Luis.

— Ouais. En provenance de "Barrys et compagnie". Tu paries combien que cette boîte appartient aux Rios ?

— Tout ce que tu veux, Joy. Parce que si j'en crois mon intuition, jamais on ne pourra établir un lien entre l'entreprise et cette famille. C'est probablement une filiale ou une société incorporée qui doit légalement appartenir à leur plus grand actionnaire. Tout ce qu'on découvrira ce sera un sac de nœuds impossible à d'emmêler.

Je consulte de nouveau le relevé et constate :

— Les autres opérations bancaires ont été effacées. Pourquoi faire ça ? Je veux dire, quelqu'un voulait qu'on sache pour le virement mais quel est l'intérêt de cacher le reste ?

— Comment as-tu su qu'on allait trouver quelque chose, coincé dans sa roue ?

— Je n'en savais rien. Le policier dont je t'ai parlé m'a donné l'emplacement de la voiture de Lopez et s'est volatilisé sans rien ajouter d'autre.

— C'est lui qui a placé le document ici.

— De toute évidence. Selon moi, il a eu des doutes concernant son supérieur, il a mené sa petite enquête et a découvert cette somme phénoménale.

— Pourtant, il ne le dénonce pas.

— Parce qu'il craint les représailles des Rios ?

— Ou celles de Lopez.

— Puis il entend parler de moi et il me refile la patate chaude. Mais pourquoi se donne-t-il la peine de masquer les dépenses de son chef ?

— Aucune idée.

— A moins que Lopez ait redistribué une partie du magot ?

— Tu veux dire que ce flic était en réalité un complice ?

— Et s'ils avaient travaillé ensemble ? Ils effacent des preuves, manipulent la vérité et font enfermer un innocent. Mais le mec est pris de remords, il n'arrive plus à dormir, ses actes l'obsèdent. Seulement s'il parle, il prend des risques alors il vit avec ça sur la conscience jusqu'à aujourd'hui.

— Tu te rends compte que depuis le début, tu n'as jamais envisagé une seule fois qu'il était vraiment coupable ?

J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort ce qui lui donne l'occasion de me demander :

— Juste parce que ton patron le pense innocent ?

— Non, il ne s'agit pas de ça.

— Alors quoi ?

— Je ne pourrais pas te dire. Ezequiel est... différent.

— Comme tous les psychopathes. 

Dans un haussement d'épaules, il pivote sur ses talons tandis que je reste figée sur place torpillée par les questions qui m'assaillent. 

FrontièreWhere stories live. Discover now