Chapitre 5 - Partie 2/2

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Et alors que ma bouche s'assèche, je me penche au-dessus de la table.

— Et si c'était pour ça qu'on m'avait cambriolé ?

— Comment ça ?

— Pas pour m'obliger à rester ici mais pour m'empêcher de voir Ezequiel et d'entendre sa version de l'histoire.

— T'es du genre parano, toi, non ?

Je lâche un petit rire sec avant de reculer.

— Appelle ça comme tu veux. Ou prends-moi pour une folle si ça t'amuse. Je suis convaincue qu'il est la clé.

— Et moi, je pense que tu lui accordes trop d'importance. Peut-être qu'il est coupable ou non. Mais dans le pire des cas, c'est juste une victime du système.

— Tout ce que je dis c'est que ma présence semble déranger quelqu'un.

Il essuie ses lèvres avec une serviette avant de me souffler à voix basse :

— Si c'est vrai, je te conseille de te faire oublier et de vite retourner chez papa et maman.

— C'est dommage.

— De quoi ?

— Je commençais tout juste à t'apprécier.

Dans un sourire éblouissant, il me demande :

— Et tu as peur que je te manque ?

— Non. C'est juste que ton côté poule mouillée vient de me refroidir.

Son rire grave résonne autour de nous durant de longues secondes.

— Je suis prudent, chérie, et quelque chose me dit que tu ne peux pas en dire autant.

— Prudent..., je ricane. J'aurais dit peureux mais à ce que je vois, chéri, on n'a pas les mêmes définitions, toi et moi.

Il entame son repas sans m'accorder plus d'attention et je finis par l'imiter. Nos assiettes sont presque terminées quand il me demande :

— Tu as ton diplôme depuis quand ?

— Techniquement je ne l'ai pas encore.

— Je ne comprends pas, tu n'es pas une vraie journaliste ?

— Ce n'est qu'une formalité.

— Un petit conseil, si un médecin te sort ce genre de discours, fuis.

Il m'arrache un sourire auquel il répond en se mordant la lèvre.

— Une fois que mon stage sera validé, j'obtiendrai le précieux sésame.

— Alors qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ?

— Mon boss, Mark, m'a posé un lapin... Il envoie des mails à sa secrétaire tandis qu'il m'ignore. Ce mec est un prince charmant des temps modernes.

— Ou alors, il t'a seulement oublié.

Je le scrute en secouant la tête.

— Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez toi.

— Oh, vraiment ? Et selon qui ? La nana qui se pointe toute seule en prison pour interroger un détenu alors qu'elle est incapable d'aligner deux mots en Espagnol ? J'aurais payé cher pour assister à votre entrevue s'il ne parlait pas Anglais...

— En même temps, ça n'aurait pas changé grand-chose...

Peu importe la langue, Ezequiel est une tombe sauf quand il s'agit de se payer ma tête... Son regard complice me distrait jusqu'à ce qu'il ouvre de nouveau la bouche.

— On y va ?

— Tu n'es pas obligé de me raccompagner, je peux me débrouiller pour rentrer.

— On sait tous les deux que tu vas finir dans ma chambre ce soir. Donc on s'épargne tout ça ?

Je bats plusieurs fois des cils pour m'assurer que je ne rêve pas.

— Sérieusement ? C'est comme ça que tu dragues ?

— Tu es déjà séduite, non ?

— Ne m'en veux pas mais je vais aller vomir avant d'appeler un taxi.

Je me lève, pivote sur mes talons et m'éloigne du blaireau qui se marre dans mon dos.

FrontièreOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz