ALLIANCE (既婚)

9

Notes :

- le texte en italique est en japonais.

- les définitions des mots marqués d'un astérisque (*) se trouvent dans la section commentaire correspondant au paragraphe.

Bonne lecture !

<既婚>

Shiiro

            Il n'était pas serein. Cela faisait déjà de très longues minutes qu'il avait laissé Luka, avec la promesse de ce dernier de le rejoindre rapidement. Mais il n'était toujours pas là. Et cela nuisait drastiquement à sa concentration. Le groupe d'hommes face à lui parlait mais il n'en captait que vaguement le sens, il ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil en direction des toilettes d'où ne sortait pas Luka. Ce n'était pas normal. Quelqu'un posait sa main sur son bras, attirant son attention et le détournant de ses tracas.

-        « Vous allez bien mon cher ? » Lui demandait l'épouse de l'homme avec qui il discutait, approximativement.

-        « Excusez-moi ?

-        Ne vous inquiétez pas pour votre époux, il va revenir. Ce genre d'évènements n'est pas de tout repos pour quelqu'un qui n'est pas habitué. Je me rappelle moi-même quand j'ai épousé Charles, au bout d'une heure j'étais si exsangue qu'il devait presque me porter jusqu'à la voiture. » Riait-elle, rapidement rejointe par les autres compagnes qui confirmèrent ces dires.

-        « C'est vrai que c'est fatiguant. » Concédait ledit Charles. « Mais ça forge le caractère, surtout celui des hommes. Je me rappelle la première fois que votre père vous a emmené avec lui à un de nos galas, vous aviez les yeux tellement écarquillés en découvrant la salle, les invités et la nourriture. Je crois que je m'en rappellerais toujours.

-        J'espère que je ne m'étais pas ridiculisé, ce jour-là. » Disait-il distraitement, jetant à nouveau un coup d'œil en direction des toilettes.

-        « Vous étiez tellement adorable dans votre costume. » Se rappelait l'épouse de Charles Mayers. Tu te rappelles chéri, je t'avais dit à quel point il m'avait surpris à supporter cette soirée si bien alors qu'elle était si longue et si ennuyante pour un enfant.

-        « Probablement, ma chérie. » Répondait-il en tapotant la main de sa femme sur son bras. « Tout ça pour dire, ne vous inquiétez pas pour votre époux, Shiiro. Si vous avez réussi à supporter un gala à dix ans, il devrait survivre à son âge.

-        Ce n'est pas vraiment ce qui m'inquiète. » Répondait-il entre ses dents serrées. « Je n'ai aucun doute sur le fait que Luka soit en mesure de supporter une telle soirée, je m'inquiète juste qu'il se ménage pour ses propres engagements prochains.

-        J'avoue que je ne comprends pas pourquoi quelqu'un, un homme de surcroît, qui peut hériter d'une entreprise d'une telle valeur sur le marché, refuse d'en prendre la suite. » Intervenait Francis Bartek, un investisseur français installé à San Francisco avant même l'arrivée des Ebinuma dans le marché américain. « S'il s'agissait de mon fils, je ne lui aurais certainement pas laissé le choix. Auteur de livre, ahah, c'est un métier de bonne femme de salon. »

            Shiiro dût faire preuve d'une énorme patience pour ne pas répondre immédiatement à ce connard arrogant. Ce dernier était plutôt mal placé pour parler en plus, puisqu'il subvenait à tous les caprices de ces enfants alors même que ceux-ci ne travaillent pas et se contentent de bouloter l'argent de papa.  Shiiro avait été dans la même classe qu'un de ses fils pendant une période très courte. Tout ce qu'il se rappelait d'Alexandre Bartek était qu'il avait passé plus de temps à baiser ses professeures, les femmes de ses professeurs et chaque étudiante de la promo que de réellement étudier. Le français devrait vraiment fermer sa gueule.