Chapitre 49: Des nuages au paradis

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Edvin

Il est presque l'heure que le réveil sonne. Dans 4 minutes exactement. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. J'étais trop ...

Trop tout. Trop heureux, trop soulagé, trop inquiet, trop peureux. Trop trop. Si bien que dès que j'essayais de dormir, c'était impossible. Je ne voyais que les images des derniers jours défilés sur l'écran noir de mes paupières. Et dans le rôle principal, Omar Josué Rudberg. Mon petit-ami. Ou en tout cas, ce qui s'en approche le plus. Je ne pense pas avoir trop d'espoir en disant que la fiction est devenue la réalité. On devra discuter des détails, mais dans l'ensemble on a déjà la base. On s'aime beaucoup, on a appris à se connaître et on se plaît - indéniablement. Tout est en train de se mettre en place. Bientôt nous serons vraiment ensemble. Officiellement et officieusement. Bip, bip, biiiiiiiiiiiip. Omar grogne avant de se retourner brutalement, emmenant mon bras avec lui. Il est désormais posé sur son aine. Même endormi, son épiderme réagit au mien. La réaction naît de l'endroit où est posé ma main, court le long de son dos et s'éteint dans sa nuque. Nuque où je dépose un baiser.

- Bébé lève-toi, il est l'heure !

Nouveau grognement, enfoui dans l'oreiller cette fois. Le brun aux bouclettes emmêlées tourne sa tête vers moi, les yeux mi-clos.

- L'heure pour quoi faire ? Il fait tout nuit encore, Edvin !

- L'heure de rentrer à la maison, je lui explique en le prenant dans mes bras. On a un avion à prendre, je te rappelle !

- Oh ...

Alors que je m'attends à prolonger le câlin ou à un baiser, Omar se décale vers la droite et se jette sur son téléphone. Dès lors, il ne m'adresse ni mot ni regard, bien trop concentré par son écran et ce qui s'y déroule. Peut-être qu'il est triste que les vacances soient finies ou mal réveillé. Décidant de ne pas y prêter trop attention, je me lève et vais dans la salle de bain. Sous la douche, je repense à ce qu'il m'a fait ici même la veille. Ses lèvres autour de mon gland, ses doigts embrassant ma peau de ses yeux brûlants de désir. Il me faut cinq minutes de plus pour me calmer. Et moins de deux pour déchanter.

- Edvin, dépêche-toi s'il te plaît ! On doit quitter l'hôtel dans moins d'une heure !!!!

- J'arrive !

Je ne sais pas s'il m'a entendu, mais je me dépêche car il a raison, à 5h00, nous devons être partis. Et je dois encore ranger un ou deux trucs, et poser une question à Omar. Une question cruciale. Presque de vie ou de mort. Je me surprends à sourire au miroir. Je suis heureux. Et irrémédiablement amoureux de lui. "Ça pue l'amour" dirait Wilma. Et elle à raison. Au sens littéral du terme : j'ai utilisé son gel douche. Je noue une serviette autour de ma taille et déverrouille la porte. À peine ouverte, Omar s'y précipite.

- Attends, viens par là toi, je murmure en frôlant son oreille avec mes lèvres. Si tu étais aussi pressé de prendre une douche, il fallait me le dire, je t'aurais fait une place !

Le regard de mon partenaire est étrange. Puis se nuance de ce que j'interprète comme du dégoût, de la gênance.

- Laisse-moi passer, Edvin. Ne fais pas l'enfant, on doit y aller bientôt !

Sous le choc de sa froideur, je le laisse passer et reste planté là. J'ai beau essayer de savoir à quel moment j'ai merdé, je ne vois pas. Ça fait des jours qu'on prend notre douche ensemble, qu'on s'endort et se réveille dans les bras l'un de l'autre, et c'est maintenant que ça le dérangerait ?

La seule réponse suffisamment logique pour expliquer son changement radical de comportement, c'est qu'il est contrarié de rentrer à Stockholm et qu'il passe " ses nerfs" sur moi. Tant pis. Je m'habille rapidement et attrape les derniers trucs qui traînent. Et je mets de côté les choses précieuses : des photos faites dans un photomaton, nos billets du moulin rouge, le plan du métro, un porte-clés tour Eiffel doré et le magnet le plus kitsch possible. Tout ça ira dans la boîte aux souvenirs. J'en collecte depuis le premier jour, celui où nous nous sommes mis "ensemble". Ça sera mon cadeau pour nos un an et la Saint-Valentin. Je ne sais plus quel jour exactement nous sommes devenus "nous", mais c'est le jour que j'ai choisi. Presque un an ...

Fake D(h)atingWhere stories live. Discover now