Chapitre 1: Casting

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Edvin

Ce n'est pas mon premier casting et pourtant, je me sens intimidé. C'est pour un premier rôle. Dans un film. Je n'ai eu que des rôles dans des séries. J'ai eu beaucoup de mal à m'en détacher d'ailleurs, de mon image de Bad Boy du lycée qui pécho l'intello de la classe. Un vrai cliché. Alors que j'entre dans le bâtiment situé en plein cœur de Stockholm, je reçois un message de ma mère.

Mamma ❤️:

Bonne chance, je crois en toi.

Cela me fait chaud au cœur. Nos relations ne sont pas toujours au bon fixe, mais elle m'a toujours encouragé à suivre mes rêves. Pas comme mon père. Une réceptionniste aux cheveux blonds et à l'air hautain me regarde de haut en bas. Elle se demande sûrement ce qu'elle fout là. Et moi aussi, par la même occasion. Ok ...

- Bonjour, je lui dit avec un grand sourire. Je viens pour le casting. Pourriez-vous m'indiquez la direction ?

Visiblement estomaqué, la pimbêche m'indique la droite de son pouce. Je lui fait un dernier sourire et me dirige vers le casting qui changera ma vie. Ou pas. J'arrive dans un immense couloir où se trouve déjà une vingtaine de personnes. Tous des "copies" de moi, correspondant à l'annonce pour le casting :

" Homme entre 20 et 25 ans, blond ou châtain clair, plutôt grand et pâle de peau pour jouer le rôle de Wilhelm, prince héritier du trône de Suède qui entretient une relation sentimentale avec son chauffeur."

- Oh, salut mec, m'interpelle un des participants en me tendant la main. Comment tu vas ?

Oh merde ! Je le connais mais je ne me souviens pas de son nom. Un truc à la con comme Viktor ou Jakob. Je lui tends ma main à mon tour. Il m'indique un siège à sa gauche.

- Ça va super, et toi mec ?

Je hoche la tête et nous nous lançons dans une discussion ennuyante de banalités. Cela doit bien faire une heure que j'attends, je ne sais plus quoi dire à mon compagnon d'infortune.

- Edvin Ryding ? Appelle une voix féminine et haut perché en ouvrant la porte du bout du couloir

Je lève les yeux vers la propriétaire de la voix. C'est une femme d'environ quarante cinq ans aux traits fins et aux yeux verts clairs. Je me lève et m'approche d'elle.

- Lui-même, je la salue en lui tendant la main. Edvin enchanté !

- Lisa, productrice du film. Je vous en prie, entrez !

La pièce est assez grande et lumineuse. Derrière une table se trouve cinq personnes : trois hommes et deux femmes. Ils me regardent tous avec insistance. Surtout un. C'est Omar Rudberg, "l'autre premier rôle" , celui qui va jouer le rôle de Simon, le chauffeur. Son regard est pénétrant, insondable. Il me fixe un long moment puis détourne le regard quand quelqu'un se racle la gorge. Ouais baisse les yeux ...

On dirait que je ne lui inspire que du dégoût, de la répugnance, du mépris.

- Edvin, je m'appelle Nikolas Nyman, je suis le réalisateur du film. Nous avons souhaité te recevoir en "priorité" car tu correspond en tout point à Wilhelm autant par ton physique que par ta prestance.

- Merci, je bredouille alors que je sens le regard du latino à bouclettes sur moi.

Agacé, je me tourne vers lui une seconde, lui adresse le sourire le plus hypocrite que je peux et reporte mon attention sur le réalisateur. C'est quoi son problème à lui ?

- Merci d'avoir penser à moi, je reprends. Cela me touche beaucoup.

- Parles nous de toi, on veut te connaître un peu mieux !

Je hoche la tête, me rapproche de la tablée et plante mon regard dans celui de la productrice. Faîtes que mon charme opère !

- Je m'appelle Edvin Ryding, j'ai 22 ans et je suis acteur depuis l'âge de 5 ans. Le rôle le plus marquant est celui que j'ai joué pendant quatre ans, celui de Björn dans la série Rått hjärta ...

Un rire moqueur interrompt mon monologue. C'est Omar. Je le détaille de plus près. Ses yeux marrons et ses boucles chocolats sont définitivement séduisants, mais sa peau caramel et son sourire ne sont pas du tout du tout attirants. Honnêtement, je ne comprends pas ce que les gens lui trouve !

- C'est lui que vous m'avez vendu ? Me coupe Omar, un sourire narquois aux lèvres. Le gars sors d'une série pour ado à la con ... Il s'est joué correctement au moins ?

Nikolas lance un regard surpris à son premier rôle pendant que je bouillonne de l'intérieur. ALORS toi, je ne t'aime pas !

- Excuse- moi, je lui réponds en m'approchant de lui. Ta maman ne t'as jamais appris que couper la parole aux adultes, c'est mal ?

Il me fixe un instant. Je n'arrive pas à détacher mes yeux des siens, ils sont comme accrochés. C'est le clap clap de Nikolas qui nous arrachent à la contemplation l'un de l'autre.

- Messieurs pourrait t-on faire un essai. Disons, la scène de la voiture ?

Cette scène implique un baiser. Ils sont sérieux ?

Omar se lève en traînant des pieds. Il à l'air exaspéré par ma simple présence. C'est réciproque. Il attrape une chaise la pose près de moi, tandis que Lisa en amène une pour moi. Je lui murmure un merci.

- Allez-y, Messieurs. On commence par la réplique " Vous pensez ..." et on enchaîne sur le baiser.

Je m'assois à la droite du latino à bouclettes insupportable, passe ma main dans les cheveux et me tourne vers lui. Tout à coup, son regard est différent. Plus d'exaspération ou de d'animosité. Ses prunelles se font douces, sensuelles presque. Il pose sa main sur ma cuisse, me déclenchant des frissons jusqu'alors inconnus.

- Vous pensez qu'être Prince est une place enviable ?

Sourcils qui se fronce. Sourire en coin.

- Non, je vous vois chaque jour errer de réunion en séminaire et de gala de Charité en cérémonie ... Vous n'êtes pas heureux !

Soupir. Main dans les cheveux. Main sur le bras.

- Sauf quand je suis avec toi ... C'est plus facile quand tu es là. Tu embellis ma vie, je ne sais pas si tu t'en rends compte.

Omar m'adresse un sourire dégoûté et ferme les yeux. Je suis un tel connard pour toi ?

Je m'avance vers lui, une pulsion m'invite à emmêler mes doigts dans ses cheveux, et je pose mes lèvres sur les siennes. Un déferlement électrique me traverse. Son odeur de caramel et de sable chaud m'enivre, ses lèvres se font taquines. Je lui mordille la lèvre inférieure, comme j'ai eu envie de lui en coller une, et il gémit. Je me penche davantage et quand je suis si près de son visage que j'en distingue chaque millimètre, il touche mon épaule et ajoute sa langue à l'équation. Ses lèvres s'aventurent vers mes joues, mon cou, mes épaules. Je frissonne de haut en bas, je sens son sourire narquois contre mon cou. Bordel, c'est quoi ce baiser ?

- Wow c'est parfait, Messieurs...

Nous brisons notre étreinte. Omar me lance un regard perdu, confus. Ses yeux fuient les miens. Il se lève brutalement, comme si le bois de la chaise l'avait brûler. Je reste assis, en croisant les jambes. Je ne suis pas le plus gêné visiblement. Bien fait !

- C'est pas ... Non ... Balbutie Omar en retournant prendre sa place de l'autre côté de la table, comme une barrière entre nous.

- Les dialogues sont nuls, accepte Lisa. Mais ce baiser, cette alchimie, c'est incroyable, hein Omar ?

Le jeune homme la regarde interloqué, incapable de parler. Nikolas mordille son stylo et me lance un regard perplexe. Outch ! Omar continue de me fixer comme si j'étais un misérable insecte qu'il rêve d'écraser.


- Oui, finit par convenir le réalisateur en levant les yeux vers moi. Mais ça, c'est ...

Le regard dégoûté d'Omar, ses insinuations, l'hésitation du réalisateur, c'est trop pour moi, je me lève, marmonne un vague désolé et me tire de là. Tant pis pour le rôle du Prince Wilhelm. Mais ce baiser ...

Fake D(h)atingWhere stories live. Discover now