Chapitre 23: Départ pour Cannes

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Edvin

Depuis deux jours, je saute partout. Je suis enfin sur le point de réaliser un de mes rêves les plus fous : assister au festival de Cannes. Bon, plus pour de la représentation que pour la projection d'un film, mais c'est déjà un premier pas ...

Je suis tellement excité - et stressé - que j'ai vérifié ma valise et les horaires de vols deux fois. J'ai même harcelé Lisa pour être sûr des dates et du nom de l'hôtel. Au début, je trouvais ça exagéré mais vu le manque d'enthousiasme d'Omar, j'ai bien fait. Omar ...

Depuis notre moment à la Lake House, son comportement a complétement changé. Il était si tendre, si prompt à parler de ce qu'il ressent, si décidé à profiter de nous. Puis nous sommes rentrés et plus rien. Presque plus de nouvelles. Il s'est refermé comme une huître. Il ne passe plus tout son temps ici. Il m'évite, je le sais. Il trouve toujours un prétexte. Et enfin, quand il daigne me consacrer du temps, il joue avec Otis, n'aborde que des sujets superficiels et esquive toute tentative de geste tendre ou de contact physique. Je ne comprends pas, mais je ne cherche même plus à savoir. C'est habituel avec lui. C'est la routine d'un couple que nous ne serons jamais. Pourtant, aujourd'hui il ne va pas pouvoir m'éviter. C'est cet après-midi qu'on décolle pour Nice. Il est censé arriver dans moins de dix minutes. Malgré tout, on s'est mis d'accord sur le fait de partir ensemble. Avec le recul, je me demande si c'est vraiment une bonne idée. Omar qui fait la gueule, j'ai assez donné. Alors que je mets un pull blanc et que j'essaie de me brosser les cheveux, la sonnette retentit dans l'appartement. Je me dirige vers la porte sans joie et ouvre la porte sur un invité à la mine sombre et aux boucles emmêlées. Il est évident qu'il a peu ou pas dormi. Ce n'est pas que cela ne me touche pas, mais il sait que je serais toujours là pour lui servir d'oreiller. Et s'il ne vient pas, c'est son problème, plus le mien. Quand il lève son visage vers moi, il m'adresse un sourire timide.

- Salut Edvin, ça va ?

- Ouais, super ... ça va très bien. Je suis pressé d'être là-bas.

J'ai essayé d'être le plus convaincant possible. Je ne sais pas si j'ai réussi, mais ça n'a pas beaucoup d'importance, il s'en tape sûrement. Le bouclé pousse un soupir, s'engouffre dans le salon et prend sa place sur le canapé. Je me poste face à lui. Je ne sais pas quoi dire ou faire, je ne sais pas comment me comporter. Il nous reste deux bonnes heures avant de partir. Le silence qui règne dans la pièce est lourd, étouffant. Mon invité se contente de fixer un point à l'horizon. Allez, Edvin, fais le premier pas ...

- Omar, je ne sais pas ce qu'il se passe là-dedans, je dis en désignant sa tête. Mais on peut en parler, je suis là et ...

- Je ne vais pas parler du problème avec toi, quand c'est toi le problème !

- Je suis le problème ? Je n'ai rien fait !

- Si ! Tu fais des choses ... Tu me fais des choses !

Et c'est reparti ...

A mon tour, je pousse un soupir. Je suis agacé. Je suis son bouc-émissaire. Je ne veux plus. Il ne peut pas me rendre responsable de tous ses problèmes ou de toutes les actions nous concernant. Je ne l'ai jamais forcé à rien.

- Jusqu'à preuve du contraire, on est deux pour faire ses choses. Donc si tu ne veux plus, c'est ok, Omar. Dis-le si tu ne veux plus rien faire. On se cantonnera au fake dating de base et c'est très bien. Mais cette mauvaise ambiance, ce froid-là, je ne peux plus ! On part à Cannes ! Je ne veux que rien ni personne ne me gâche ça !

- Ok, il acquiesce en hochant la tête, en caressant Otis avec tendresse. Ça marche.

Je m'éclipse un instant afin de finir de préparer mes affaires. Je jette mon chargeur et ma trousse de toilette dans ma valise. Quand je suis passé au-dessus du fait qu'il se fiche complètement du "nous" qui semblait exister et de sa réponse laconique, je retourne dans le salon. Omar s'est endormi. Sa tête est enfouie dans mon pull de la veille et il est enroulé dans mon plaid tel un burritos. Je ne peux m'empêcher de sourire. Il a l'air tellement serein, apaisé. Il nous reste encore une bonne heure avant le départ, je décide de nous faire deux cafés. Ça nous sera surement utile, la journée va être longue. C'est quand le deuxième café coule que j'entends du bruit dans le salon.

Fake D(h)atingWhere stories live. Discover now