Chapitre 46

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La première rencontre avec Harry Potter fut étrange pour Severus.

Le garçon était le portrait craché de James Potter, tout en ayant les yeux de Lily. En dehors de ces traits physiques, il ne semblait pas avoir hérité du caractère de ses parents.

Il n'avait pas l'égo démesuré de James ou la joie enfantine de Lily. Il semblait... différent.

Plus exactement, si Severus avait dû le comparer avec quelqu'un, il aurait dit que son comportement ressemblait vaguement à celui du petit Severus Rogue, en dehors du fait que Harry Potter était bien plus doué pour se lier d'amitié avec les autres. Ce point cependant était probablement dû à sa célébrité dont il ne semblait pas faire cas.

Sans Hope, Severus aurait ignoré ces détails troublants et se serait arrêté au visage de James qu'il haïssait plus que tout.

Durant sa classe, les Gryffondor et les Serpentard étaient réunis. C'était toujours délicat d'associer ces deux maisons et Dumbledore ne cessait de prétendre qu'il voulait restaurer une certaine unité intermaison.

Chaque année, il y avait forcément un moment où une dispute éclatait. Il prédisait souvent qu'un jour un drame aurait lieu, c'était probablement la raison pour laquelle il se montrait particulièrement vigilant durant ses cours. Associer des préadolescents ou des adolescents déchaînés avec des substances dangereuses et un réchaud donnerait des sueurs froides à n'importe quel adulte responsable...

Dès le premier cours, Drago sembla décider qu'il pouvait faire ce qu'il voulait puisque Severus était son parrain. Severus le vit lancer quelque chose sur Weasley du coin de l'œil et il retint un grognement, se souvenant de la vendetta stupide que Lucius menait contre Weasley père. Visiblement, Drago avait été informé de cette querelle familiale et il avait été invité à la continuer.

Weasley prit une teinte écarlate impressionnante et serra les poings, prêt à foncer comme un taureau furieux. Cependant, Harry Potter lui attrapa le bras pour l'empêcher de se montrer trop idiot et le brun lança un regard furieux à Drago.

Severus leva un sourcil étonné en notant que Drago rougissait légèrement et détournait le regard, tandis que Weasley se calmait — tout en se plaignant auprès du petit brun.

Il termina son cours sans faire la moindre remarque, essayant de comprendre la dynamique entre ces trois-là.

À la fin du cours, il fit un signe discret à Drago pour le retenir. Le jeune Serpentard s'empourpra et baissa immédiatement la tête, conscient de ses et s'attendant probablement à être réprimandé.

Il le sermonna fermement, en lui rappelant qu'il refusait ce genre de comportement dans son cours. Connaissant Drago, il ne lui laissa pas l'occasion de se justifier ou de plaider sa cause. Cependant, lorsqu'il eut terminé, Drago marmonna, tête baissée.

— De toute façon, Hope va me hurler dessus.

Severus leva un sourcil perplexe et son filleul s'expliqua, avec une grimace agacée.

— Potter va tout lui dire, je parie.

Masquant un sourire amusé, Severus renifla.

— Très bien. Alors la prochaine fois que tu seras tenté d'entamer les hostilités, dis-toi qu'en plus des reproches de ma fille, je me ferais un plaisir de te rappeler les règles en vigueur dans cette école. Je ne retirerais pas de points à ma maison, mais je peux très bien de donner du travail en plus pour te rappeler les bonnes manières.

Drago blêmit légèrement et hocha la tête, avant de filer comme s'il avait le diable à ses trousses.

Severus ne pouvait que se sentir fier de sa fille adorée, puisqu'elle avait réussi à créer un lien entre Gryffondor et Serpentard. Drago l'adorait assez pour la défendre face à n'importe quelle critique de sa propre maison et Harry Potter se montrait étrangement protecteur envers elle...

Dumbledore semblait exulter en permanence, souriant comme un idiot, alors que les quatre maisons étaient en harmonie. Le directeur semblait certain que cette toute nouvelle entente serait suffisante pour tenir en échec Voldemort.

Severus restait méfiant, bien évidemment, suffisamment pour noter le comportement étrange de Quirell. L'homme qui enseignait autrefois l'étude des moldus avait toujours été étrange, mais son comportement actuel devenait suspect... Severus reprochait à Dumbledore de lui avoir offert le poste de défense contre les forces du mal après un simple voyage d'études en Albanie, et son ressentiment s'intensifia lorsque sa fille lui raconta le cours désastreux auquel les Gryffondor assistèrent.

Il décida de le garder à l'œil, méfiant. Potter semblait également le fixer comme s'il était une espèce inédite de créature et après avoir longuement hésité, Severus convoqua le garçon, sous prétexte de lui parler de ses compétences en potions.

La conversation fut longue et enrichissante, puisqu'elle permit à Severus de faire la paix avec le passé. Harry Potter n'était pas son père ni son parrain. Ni même sa mère. Il était juste un gamin un peu perdu, plongé dans un monde inconnu et qui n'avait jamais pu faire confiance aux adultes autour de lui.

Le professeur de potions invita le garçon à venir lui parler s'il en ressentait le besoin, déterminé à le protéger comme il avait un jour juré de protéger sa mère.

Lorsque Hagrid signala que des licornes commençaient à être tuées, Severus eut l'impression qu'un frisson glacé dévalait son échine. Ils étaient dans une école, entourés d'enfants vulnérables et quelque chose s'en prenait aux animaux magiques les plus purs de la création pour survivre... Il pensa brièvement à prendre Hope avec lui et à partir le plus loin possible de Poudlard, avant de renoncer à fuir pour faire face et protéger tous les élèves.

Severus resta nerveux jusqu'à Halloween, alors qu'il cherchait ce qui s'en prenait aux licornes. Dumbledore semblait bien trop serein et il assurait régulièrement à son professeur que Poudlard était parfaitement protégée.

Severus lui rappela avec acidité que c'était exactement ce qu'il avait dit durant les années où Lupin était élève... et pourtant, il y avait eu un loup-garou sanguinaire au milieu d'enfants insouciants. Cependant, la culpabilité dans le regard du directeur ne le soulagea pas de son inquiétude.

Il s'excusa sèchement de ses paroles — même s'il n'était pas réellement désolé — et il reprit sa surveillance, dormant à peine pour parcourir les couloirs la nuit et s'assurait que rien ne rôdait. Lorsqu'il croisait des élèves en dehors de leur maison après le couvre-feu, il s'assurait de leur faire passer l'envie de prendre l'air la nuit...

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now