Chapitre 31

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Les premiers pas de Severus en tant que professeur avaient été un peu chaotiques. Il avait l'impression d'être à peine plus vieux que les septièmes années — ce qui était le cas — et il avait peur d'avoir du mal à imposer son autorité.

Les élèves les plus âgés l'avaient vu être malmené par les Maraudeurs et il refusait de revivre la honte et la solitude de sa scolarité.

Pour compenser son inexpérience, il avait pris l'habitude de se vêtir de noir des pieds à la tête, d'une robe de potionniste austère et de prendre un air revêche. Il avait dès le début montré qu'il était inflexible, distribuant les retenues à tour de bras et provoquant une chute drastique des points. S'il ne pouvait pas imposer le respect, il se ferait craindre.

À la fin de la première semaine, Minerva était venue le voir en courant, affolée, son habituel chapeau pointu de travers, pour demander ce qui avait pu causer un tel gouffre dans le sablier de ses lions.

Severus avait haussé les épaules et répondu tranquillement qu'il ne laissait passer aucune erreur et qu'il ne laisserait aucun élève se mettre en danger.

L'Écossaise avait blêmi, mais elle n'avait pas cherché à discuter. Elle était juste repartie, troublée.

Severus aurait dû se sentir mieux après avoir rappelé à Minerva McGonagall ses manquements lorsqu'il était élève, mais ce ne fut pas le cas.

Comme Dumbledore le lui avait promis, Hope avait été accueillie sans problèmes à Poudlard. Lorsqu'il donnait ses cours, un elfe venait s'occuper d'elle et la petite fille ne semblait pas perturbée d'être prise en charge par une créature qu'elle n'avait jamais rencontrée auparavant.

Elle grandissait sereinement et Severus la regardait avec fierté. Elle était une enfant facile et toujours souriante. Elle adoucissait son quotidien, guérissant les blessures du passé.

Parfois, Severus se demandait quelle aurait été sa vie s'il n'avait pas trouvé Hope. Il serait probablement aigri avant même d'avoir trente ans...

Dumbledore avait également eu raison sur un autre point : lorsque Severus avait annoncé à Voldemort qu'il serait professeur de potions à Poudlard, il avait reçu des félicitations de la part du mage noir. Depuis, il n'avait pas été appelé une seule fois.

Il avait pour mission de surveiller Dumbledore de près et d'informer son maître de n'importe quel changement dans ses habitudes.

Severus n'avait pas parlé de Hope. Il avait été surpris de se rendre compte que Lucius n'avait rien dit non plus, et il supposait que c'était l'influence de Narcissa. Il préférait que le seigneur des ténèbres ignore l'existence de cette enfant le plus longtemps possible, pour la protéger.

Le jeune homme n'avait jamais fêté Noël. Quand il était enfant, son père était bien trop saoul pour s'en préoccuper et sa mère vivait dans son monde, enfermée dans son esprit.

Lily avait pris l'habitude de lui offrir un cadeau, durant les années qu'ils avaient été amis et Severus lui retournait l'attention, mais il avait oublié Noël lorsqu'il l'avait perdue.

Pour Hope, il installa une petite guirlande lumineuse, et il lui offrit des cubes multicolores à empiler. Le matin de Noël, il avait regardé la petite fille jouer maladroitement, assise sur le tapis, alors qu'il l'observait en buvant un thé, installé dans son fauteuil.

Severus avait rapidement déclaré la naissance de Hope au Ministère. Il avait rempli les papiers comme s'il était son père biologique et déclaré sa mère morte sans donner d'identité. Puisque Narcissa avait suggéré que Hope devait être née en début d'année, il avait choisi de fixer sa naissance au premier février, date d'Imbolc, la fête de la renaissance.

Il n'avait pas vraiment hésité, parce que Hope était sa propre renaissance. La petite fille, si calme et si adorable, lui avait redonné l'envie de vivre, ainsi qu'une raison de se battre.

Hope soignait son cœur brisé en se blottissant contre lui, ses petites mains agrippées à sa chemise, comme s'il était le centre de son monde.

En grandissant, les cheveux de Hope avaient poussé et ils étaient d'un noir de jais, renforçant l'impression que Severus était son père. Elle avait la peau aussi pâle que celle de Severus, mais ses yeux en amande étaient devenus gris-vert, s'éclaircissant avec l'âge.

Le jour de son premier anniversaire — celui déterminé par Severus — arriva finalement. Dumbledore avait insisté pour qu'il y ait un gâteau avec une seule bougie durant le repas du midi et pour que Hope soit présente avec eux à la table des professeurs.

Severus n'avait pas vraiment été ravi d'exhiber sa précieuse fille devant les élèves, mais il ne pouvait pas vraiment refuser la suggestion de Dumbledore, pas alors que le vieil homme lui offrait la sécurité pour Hope...

La petite fille fut la star du jour, mais il n'y eut aucun incident. Lorsque Severus rentra dans ses appartements, il pleura pour la première fois depuis longtemps. En effet, Hope se jeta contre lui en l'appelant « Papa » et il versa des larmes de joie.

Au début du mois de juin, Severus fut invité au premier anniversaire de Drago en qualité de parrain. Il fut chaleureusement accueilli par Narcissa, qui prit immédiatement Hope dans ses bras, tandis que Lucius restait distant et maussade.

Alors qu'il regardait les deux enfants jouer ensemble, Severus songea que tout était plus simple à cet âge. Ni Hope ni Drago ne se souciaient de leurs origines...

Lucius s'installa près de lui, raide et mal à l'aise, avant de grogner.

— Le Maître nous a informés que tu... es infiltré auprès de Dumbledore. Je suppose que des félicitations sont de rigueur pour ta nomination au poste de professeur.

Severus inclina la tête, perplexe. Lucius soupira et désigna Hope.

— Je persiste à penser que tu n'aurais jamais dû garder cette petite. Cependant... Narcissa m'écorcherait vif si je lui nuisais. Le Maître n'a pas été informé de son existence.

Severus se détendit et soupira.

— Merci.

Lucius grogna, mécontent.

— Ne me remercie pas, s'il n'en tenait qu'à moi... Peu importe.

Severus se crispa, mais il resta silencieux. Il croisa le regard de Narcissa, qui les observait, les sourcils froncés, et il hocha lentement la tête, pour la remercier de son intervention — quoi qu'elle ait pu trouver comme argument.

Lorsqu'il prit congé, Narcissa l'enlaça pour lui murmurer quelques mots.

— Quoi que Lucius puisse dire, il ne te trahira pas.

Severus la remercia, troublé, et prit congé, une Hope somnolente dans les bras.

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now