Chapitre 43

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Dès l'instant où elle sut qu'elle était acceptée à Poudlard, Hope se transforma en une boule d'énergie inépuisable. Sa curiosité semblait ne plus avoir de limites et elle passait tout son temps libre à apprendre le plus de choses possible, comme si elle avait peur de ne pas être à la hauteur.

Elle se glissait dans la bibliothèque de Poudlard, amadouant la stricte Irma Pince, pour y feuilleter les livres et posait des questions à toute personne parlant avec elle.

Severus s'employait à la rassurer de son mieux, mais il avait l'impression de ne jamais trouver les bons mots pour l'apaiser. Quoi qu'il dise, Hope finissait toujours par admettre qu'elle ne voulait pas le décevoir. Il ne savait plus comment lui dire qu'il ne pourrait jamais être déçu, parce qu'il l'aimait telle qu'elle était. Sa précieuse fille, son petit bébé qu'il avait regardé grandir, année après année. Qui avait lavé ses péchés et réparé son cœur brisé.

Lorsqu'il s'en était ouvert auprès d'elle, tourmenté, Poppy Pomfresh avait ricané et avait suggéré que Hope ressemblait plus à son père qu'il ne le pensait... Elle lui rappela que le jeune Severus Rogue avait agi de la même façon en son temps : accumuler le plus de connaissances possible pour faire face à l'adversité. Et effectivement, Severus oubliait les coups de son père, son alcoolisme, l'inaction de sa mère, les plaisanteries des maraudeurs en apprenant toujours plus de choses, pensant qu'en étant plus puissant, il pourrait se protéger lui-même.

Severus et Hope profitèrent du début des vacances d'été pour aller sur le chemin de Traverse et pour récupérer tout ce dont Hope aurait besoin à la rentrée. C'était la tournée obligatoire pour tout élève de Poudlard et Severus avait pour habitude de se plaindre des enfants encombrant les boutiques pendant l'été lorsqu'il avait des courses à faire. Cette fois pourtant, il se sentit gagné par l'impatience de Hope et il ne pensa pas à la presser ou à se plaindre.

Le maître des potions ne se considérait pas comme quelqu'un de particulièrement sentimental, pourtant, lorsque sa précieuse fille eut sa baguette en main et qu'une gerbe d'étincelles colorée l'entoura, il faillit se laisser aller à pleurer, le cœur serré d'émotion. Il ignora le petit sourire entendu d'Ollivander, préférant accorder toute son attention à Hope, à son sourire éblouissant et à son regard émerveillé alors qu'elle contemplait sa première manifestation de magie.

Une fois toutes ses affaires rassemblées, Hope se calma le temps de feuilleter les livres achetés, ravie. Severus eut quelques jours de calme pour se faire à l'idée que le bébé qu'il avait un jour ramené chez lui, sans savoir exactement ce qu'il faisait, avait grandi.

Il ne s'attendait pas à ce que Hope vienne le voir un soir pour lui demander l'autorisation de prendre le Poudlard Express avec les autres enfants qui venaient à Poudlard. Il resta un moment muet de stupeur avant de hausser les épaules, ne se sentant pas vraiment emballé par l'idée de sa fille.

— Ce n'est pas vraiment nécessaire que tu prennes le train, ma petite fée. Tu es déjà sur place. Tes camarades te rejoindront ici. C'est la même chose tu sais, tu auras juste l'avantage d'avoir évité la fatigue d'un long trajet en train.

Le visage de Hope s'était froissé de contrariété, puis elle lui avait adressé un regard suppliant. Devant son expression, il avait secoué la tête avec un rictus moqueur.

— Il semblerait que tu aies finalement les capacités nécessaires pour être répartie à Serpentard si tu es capable de tenter de me manipuler de cette façon...

Hope avait gloussé un peu nerveusement, mais elle était revenue à la charge dès le lendemain, toujours autant décidée malgré le véto de son père la veille.

— Je t'assure, papa, je devrais vraiment faire comme les autres et prendre le train.

Severus avait froncé les sourcils, légèrement mécontent.

— Est-ce une lubie de Drago ? Tu sais que j'apprécie ce garçon, mais il est bien trop gâté par ses parents. Il pense que toutes ses exigences peuvent être... réalisées.

Sa fille l'avait fixé avec une pointe d'agacement et Severus eut un léger choc en se rendant compte qu'elle mimait l'une de ses propres expressions, lorsqu'il estimait qu'une réponse qui lui était donnée était stupide. Il secoua la tête, tandis que Hope plissait le nez, mécontente.

— Drago n'a rien à voir dans cette histoire !

Avec n'importe quel autre enfant — ou plus généralement n'importe quel autre interlocuteur — Severus aurait mis fin à la conversation, sans se soucier des raisons de la demande. Mais il s'agissait de Hope et il soupira, attendant des explications.

Hope sembla légèrement mal à l'aise, puis elle le fixa dans les yeux, déterminée.

— Je sais que je pourrais juste attendre ici, mais les autres enfants... ils vont se rencontrer dans le train et commencer à... discuter, tu vois ? Je serais la fille bizarre, celle dont le père est le professeur de potions effrayant.

Severus intervint, avec un grognement.

— Effrayant ? Tu plaisantes...

Hope renifla, levant un sourcil comme pour le défier de protester plus, et elle haussa les épaules.

— Peu importe. Je ne veux pas être mise à l'écart parce que je suis... différente des autres. Tu m'as toujours appris à... m'intégrer pour que je n'aie pas de problèmes, quand tu pensais que j'étais moldue. Pour que je puisse rester avec toi. Mais maintenant, je... veux juste être comme tout le monde.

Severus ferma un instant les yeux, se souvenant de sa propre scolarité. Il avait pris le train avec les autres, avec Lily, mais il avait été mis à l'écart de sa propre maison parce qu'il était différent. Il était terriblement pauvre tout en étant sang-mêlé, et ça avait été un stigmate permanent de sa scolarité alors qu'il évoluait autour de riches héritiers au sein de la maison Serpentard.

Il déglutit et il soupira, abdiquant.

— Je te conduirais à la gare, Hope. Je n'avais pas pensé... Je pensais que ton amitié avec Drago serait suffisante pour toi.

Hope laissa échapper un léger rire.

— Il est mon ami, mais ça ne m'empêche pas de vouloir rencontrer d'autres personnes.

Severus secoua la tête et retourna brasser des potions, un peu étourdi à l'idée de voir sa fille au milieu de dizaines d'autres enfants. D'autres préadolescents plutôt.

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now