Chapitre 20

736 72 7
                                    

Après un nouveau rire, il reprit, d'un ton beaucoup trop joyeux.

— Mon petit Mangemort, si avide de reconnaissance... si pressé de faire ses preuves... Parfait Mangemort que voilà... Cependant, mon cher Severus, tu ne t'en tireras pas si facilement. Tu as montré que ta confiance en moi était vacillante à cause de cette maudite sang-de-bourbe. Tu peux toujours prétendre que tu as compris, mais je veux m'assurer que tu ne puisses pas t'éloigner de moi.

Severus leva les yeux vers Voldemort, légèrement surpris. Il pensait que la marque était suffisante pour l'obliger à se prosterner aux pieds du mage noir et il craignait soudain ce qu'il allait inventer... La joie du seigneur des ténèbres n'était jamais bon signe, elle annonçait souvent du sang et des larmes pour le monde magique.

Voldemort dut lire son inquiétude sur ses traits puisqu'il éclata d'un rire cruel. Puis, lorsqu'il se calma, il se pencha vers Severus et baissa légèrement la voix. Il continuait de le fixer, attentivement, comme s'il voulait lire chacune de ses réactions sur son visage.

— Tu es un potionniste doué, mon cher Severus. Tu es talentueux bien que tu sois encore jeune. Mais ce n'est pas suffisant. Désormais, tu prendras part aux raids que j'ordonne. Tu devras semer la terreur avec tes camarades, tuer et torturer ces moldus que tu sembles tant apprécier. Tu devras offrir à ton maître ta livre de chair et de sang, si tu veux continuer de rester dans mes rangs. Si tu t'en montres indigne, tu rejoindras ceux que tu as tenté de défendre... Ceux qui sont enfermés dans mes cachots et qui distraient mes Mangemorts les plus féroces lorsqu'ils s'ennuient. Tu dois savoir à quel point ma chère, très chère Bellatrix est inventive, n'est-ce pas ?

Severus sentit une vague de nausée le submerger et il tenta de masquer l'horreur que lui inspiraient ces paroles. Il ne savait pas vraiment ce qui était le pire entre être obligé de devenir un boucher et tuer des moldus à tour de bras ou être livré à Bellatrix pour sa distraction. Généralement, ses « cobayes » ne survivaient pas plus de quelques jours. Pire encore, en quelques heures à peine, les victimes de Bellatrix pleuraient et suppliaient pour être achevées, juste avant que leur esprit ne soit irrémédiablement brisé, ne laissant que des enveloppes vides hurlant leur douleur jusqu'à leur dernier souffle.

Il baissa les yeux une fois de plus, pour tenter de cacher ses véritables pensées et il hocha lentement la tête, le visage lisse de toute expression. Ni dégoût ni peur, juste une acceptation passive. La parfaite soumission, pour faire semblant d'être le Mangemort avide de plaire qu'il n'était pas.

— Je suis à vos ordres, Maître.

Voldemort ricana une fois encore, satisfait. Severus ne pouvait pas ignorer la lueur cruelle dans son regard et son amusement enfantin à l'idée de le transformer en monstre. Puis, il tourna autour de Severus, sans le quitter des yeux.

— Ne pense pas que tu pourras esquiver, Severus. Je m'assurerais personnellement que tu prendras part aux massacres. Tu ne pourras pas faire semblant, mon jeune mangemort. Ton avenir est entre tes propres mains... Même si tu m'es utile en tant que potionniste et que tu as trouvé la place parfaite pour espionner ce vieux fou de Dumbledore, je n'hésiterai pas à te tuer sans remords si je me rends compte que tu ne montres pas assez d'enthousiasme... Et crois-moi, Severus, ta mort sera tout sauf paisible. Je m'assurerai que ce soit le moment le plus douloureux de toute ta vie, jusqu'à te vider de toute volonté de respirer. J'arracherai chaque once de force vitale de ton corps, de la façon la plus terrible que je pourrais trouver.

Comme anesthésié, Severus hocha lentement la tête à cette diatribe effrayante, sans montrer la moindre peur. Il était trop choqué pour vraiment craindre les paroles du mage noir. Ce n'était pas une surprise qu'une erreur supplémentaire de sa part ouvrirait les portes de l'enfer sous ses pieds. Il savait déjà à quel point Voldemort pouvait être cruel et inventif lorsqu'il décidait de torturer quelqu'un. Il connaissait le sort des traîtres. C'était à lui de donner le meilleur de lui-même pour qu'il puisse permettre la chute de ce monstre avant d'être découvert et massacré.

Il aurait à tuer, mais son esprit logique lui assura qu'il ferait mieux de tuer une poignée de moldus plutôt que de laisser Voldemort s'en tirer. Abattre finalement le mage noir sauverait bien plus de vies qu'il ne pourrait en prendre.

Il reçut un nouveau Doloris, le faisant s'effondrer au sol. Il garda le silence une fois de plus, laissant uniquement échapper un halètement surpris, et comme à son arrivée, la douleur ne persista pas trop longtemps. Un nouvel avertissement, probablement pour lui rappeler ce qu'il aurait à subir s'il décevait une fois de plus Voldemort. Son Maître. Une fois libéré de l'impardonnable, il se redressa comme il le pouvait, tête basse, se prosternant une fois de plus aux pieds de Voldemort toute fierté oubliée, attendant son autorisation de pouvoir se lever et partir. Il n'était qu'un esclave obéissant, dont la vie appartenait au seigneur des Ténèbres tout puissant. C'était son nouveau rôle, ce qu'il devait montrer au mage noir et aux Mangemorts pour saper leur pouvoir de l'intérieur.

Un instant, il crut que le mage noir allait le laisser des heures dans cette position, jusqu'à ce que d'autres Mangemorts arrivent et assistent à son humiliation, mais après quelques minutes seulement, Voldemort approcha et se pencha vers lui, avec un sourire cruel.

— Repose-toi bien, mon cher Severus. Demain soir, tu devras faire tes preuves et verser le sang de ces animaux de moldus. En grande quantité. Je compte mener une action d'éclat dont ils se souviendront tous.

Severus hocha lentement la tête, sachant qu'il n'aurait pas d'autres informations et donc qu'il ne pourrait pas renseigner Dumbledore à ce sujet, et il répondit calmement, comme s'il acceptait pleinement les conditions du mage noir.

— Bien, Maître.

Voldemort sembla satisfait de son comportement puisqu'il se redressa et il renifla, méprisant.

— Tu peux rentrer chez toi, maintenant. Ne me déçois plus, Severus.

Gardant la tête courbée, Severus récupéra sa baguette et la rangea d'un geste souple dans sa manche. Puis, il se leva, vacillant très légèrement après les Doloris reçus et il recula avant de transplaner pour rentrer chez lui, l'esprit vide, comme anesthésié.

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now