La fille de Severus

Chapitre 22

Après quelques raids meurtriers, Severus comptait trouver une solution de changer les choses, d'avoir moins de sang sur les mains. Il se moquait bien des victimes, il n'allait pas pleurer pour les moldus qui étaient tués durant les attaques, mais il pouvait toujours chercher une solution pour protéger certains d'entre eux.

Chaque vie sauvée serait une petite victoire, une pierre supplémentaire à sa trahison.

Severus avait toujours été naturellement doué en potions. Ce n'était un secret pour personne et ses excellents résultats d'abord à Poudlard puis lors de sa maîtrise étaient là pour le prouver.

Cependant, il était également doué en sortilèges. Il avait créé un maléfice noir alors qu'il était encore à Poudlard après tout. Malgré sa dangerosité, le sectumsempra faisait sa fierté...

Les mois qui suivirent, chaque seconde de son temps libre fut dédiée à la recherche d'une solution pouvant affaiblir Voldemort. Severus était déterminé et il y mettait toute son énergie, jusqu'à ce qu'il trouve une solution.

Les premiers bourgeons du printemps apparaissaient sur les arbres quand enfin il réussit ce qu'il avait en tête. Il avait réussi à créer un sort qui immobilisait les victimes et donnait toutes les apparences de la mort.

Le rayon qui jaillissait de sa baguette était vert, d'un vert un peu plus sombre que le rayon mortel de l'Avada Kedava. Du vert des yeux de Lily, tel qu'il s'en souvenait, la dernière fois qu'il avait pu les contempler de près, alors qu'ils étaient obscurcis par la colère.

La différence était minime, assez pour donner l'illusion qu'il tuait autant que ses camarades.

Ses propres victimes s'effondreraient aussitôt, mais à la différence des autres, elles seraient libérées quelques heures plus tard...

Son sort, torpor, créait une léthargie si profonde que rien ni personne ne pourrait en sortir la personne touchée. D'après ses estimations, après quatre heures de profond sommeil — de coma proche de la mort plutôt, sans aucun signes vitaux — la victime ouvrirait les yeux et pourrait reprendre sa vie.

Severus le testa au raid suivant, un peu nerveux à l'idée d'être surpris. Personne ne fit attention à lui et dans la nuit, le rayon vert qui sortait de sa baguette se mêlait aux impardonnables des autres Mangemorts.

Lorsque Voldemort sonna la retraite, Severus transplana quelques mètres plus loin, soigneusement dissimulé. Il patienta le temps nécessaire et il fut satisfait de voir ses victimes se lever et comprendre qu'elles avaient été épargnées...

À cet instant, Severus se sentit puissant, plus que jamais. Il avait défié Voldemort et il avait trompé ses plans mortels. Cette poignée de personnes qui erraient dans les décombres de leur village avait survécu, uniquement grâce à lui.

Une partie du poids qui pesait sur ses épaules disparut et le jeune homme commença à avoir un peu d'espoir pour l'avenir.

Le raid suivant fut un cauchemar. Il s'agissait d'attaquer le chemin de Traverse et bien évidemment, Severus n'avait pas son mot à dire.

Les Aurors ne tardèrent pas à arriver, désorganisés, suivis de près par l'Ordre du Phénix mené par Dumbledore. En voyant Lily, soutenant d'une main son ventre proéminent et tenant sa baguette de l'autre, Severus eut envie de hurler. Il se demanda depuis quand sa douce Lily était devenue aussi stupide, pour s'exposer de cette façon alors qu'elle était censée porter l'enfant de la prophétie.

Elle se battait fièrement au milieu des autres, bien évidemment, comme la bonne Gryffondor qu'elle était. Leurs regards se croisèrent et elle le reconnut instantanément, malgré le masque.

Il vit son visage s'affaisser alors qu'elle prenait conscience qu'ils étaient dans des camps opposés, mais Severus ne put pas lui faire face plus longtemps. Il lui tourna résolument le dos, se plaçant entre elle et le reste des Mangemorts presque inconsciemment.

Lorsqu'il vit Bellatrix hurler de joie en la voyant et se préparer à lancer un doloris, Severus ne réfléchit même pas. Sans jeter un regard à Lily, il se décala sur le trajet de l'impardonnable pour la protéger tout en lançant un sectumsempra en direction de Maugrey FolOeil. L'Auror se battait avec acharnement et éclaircissait les rangs des Mangemorts et son action fut remarquée et approuvée par Voldemort.

FolOeil perdit une oreille et Severus fut touché de plein fouet par le doloris de Bellatrix. Il vacilla et serra sa baguette, peinant à reprendre son souffle. La Mangemort le libéra du sort en hurlant, furieuse qu'il se soit mis en travers de son chemin.

Cependant, Voldemort n'avait pas vu la même chose et il réprimanda sévèrement Bellatrix tout en adressant un signe d'encouragement en direction de Severus.

Le jeune homme réprima un sourire satisfait et continua de se battre avec la même ardeur — en apparence. Cependant, ses sorts ne causaient que des dégâts mineurs et il veillait à toujours être entre Lily et les baguettes des plus féroces Mangemorts.

Pour ne pas être soupçonné, il continua de lui tourner le dos et il ne jeta pas un seul regard dans sa direction, comme si elle n'était pas présente.

Lorsque Voldemort ordonna la fin de l'attaque, Severus fit en sorte de bousculer Selwyn sénior, le propulsant presque dans les bras de FolOeil. Un genre de compensation, une façon de s'excuser de l'avoir privé d'une oreille...

Comme toujours, Severus s'agenouilla avec une dévotion feinte, au premier rang des Mangemorts. Il garda la tête baissée, jusqu'à ce qu'une main pâle se pose sur son épaule.

— Très bon travail, Severus. Je suis ravi de constater que tu n'as pas trahi ma confiance.

Il sourit, satisfait et remercia son maître, la haine chevillée au cœur. Il salua Lucius, prit des nouvelles de son épouse et de l'enfant à naître — dont il serait le parrain — sans se presser. Il sentit le regard furieux de Bellatrix sur lui, mais elle n'osa pas lui reprocher quoi que ce soit. Pas après que Voldemort en personne lui ait signifié son contentement.

Enfin, il prit congé, répondant d'un sourire narquois au regard noir de Bellatrix, et il transplana avant qu'elle ait pu s'approcher de lui.

Lorsqu'il arriva chez lui, il attrapa un des cendriers en céramique de son père. Avec un cri de rage, il le lança contre la porte, maudissant Lily et ses idées stupides, maudissant Dumbledore qui ne respectait pas sa promesse de la tenir en sécurité.