Chapitre 27

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Severus somnola un long moment, le bébé dans les bras. La petite s'était endormie contre lui, paisiblement, ses petites lèvres formant une moue adorable et une bulle de salive se formant au coin de sa bouche.

Lorsqu'il se redressa, pleinement réveillé, il était arrivé à la conclusion qu'il ne pouvait pas abandonner ce bébé, pas après l'avoir trouvé et ramené chez lui.

Il ne savait pas s'il était capable d'élever un bébé, mais il était certain de savoir parfaitement le genre d'éducation qu'il ne voulait pas donner. Il ne serait pas une copie de son père.

Peut-être que cette enfant lui en voudrait plus tard. Peut-être qu'elle lui reprocherait de l'avoir prise des bras de sa mère morte et emmenée dans son monde.

Cependant, aussi terrifié soit-il, Severus voulait la garder. Il ferait de son mieux. Il la protégerait.

C'était désespérément stupide. Quelques jours plus tôt, il prévoyait sa propre mort. Il était un Mangemort, un meurtrier et un traître.

Il n'avait aucune expérience avec les enfants, il n'avait même aucune expérience avec d'autres humains.

Severus ne parvenait pas à trouver une seule bonne raison de garder cette enfant avec lui, hormis le fait qu'il le voulait. C'était presque instinctif, voire animal.

Le jeune homme allait devoir se montrer prudent, terriblement prudent. D'abord, il allait devoir demander de l'aide, pour le bien de cette petite fille. Il lui faudrait apprendre à s'en occuper. Décidé à appliquer sa décision dans les plus brefs délais, Severus se leva.

Il fut probablement un peu trop brusque dans ses mouvements puisque le bébé sursauta et ouvrit les yeux. Elle fit une moue, avant de se détendre en regardant Severus.

Cette confiance aveugle le toucha en plein cœur et il cligna des yeux, refusant de se mettre à pleurer. Il murmura, avec une voix étranglée qui montrait son émotion.

— C'est toi et moi, ma jolie, n'est-ce pas ? Je ferais de mon mieux, mais tu vas devoir être patiente... Tu vas probablement trouver que je suis un père déplorable. Tu vas me détester probablement. Je ne suis pas très patient, tu sais ? Mais... je te jure que je te protégerai. Je ne laisserai personne te faire du mal.

Severus soupira et il ajusta la couverture autour du bébé, s'assurant qu'elle soit bien couverte. Il la serra contre lui avant d'avancer vers sa cheminée.

Il fronça les sourcils, essayant de se souvenir si le voyage en cheminette était dangereux pour les enfants. Avec un soupir, il renonça à ce mode de transport, refusant de prendre le moindre risque.

Il préféra transplaner pour arriver devant les grilles imposantes du Manoir Malefoy.

Severus découvrit que Lucius pouvait être réduit au silence : l'homme ouvrit la bouche, mais il se figea, muet de stupeur, lorsqu'il le vit arriver avec un bébé dans les bras. Le jeune homme réprima un sourire moqueur, essayant de garder une expression neutre.

Habituellement, personne n'osait jamais lui poser de questions, probablement à cause de son visage renfrogné ou de sa façon de se tenir toujours à l'écart.

Cette fois, cependant, il ne put échapper aux questions de Narcissa dès qu'elle vit la petite fille. Il se maudit de ne pas avoir pensé à prévoir une histoire, quelque chose qui pourrait justifier la présence d'un bébé près de lui.

Après tout, il était toujours seul et il n'avait plus aucune famille. Personne de sain d'esprit ne lui confierait un enfant... C'était probablement ce qu'avait pensé Narcissa en lui demandant d'où venait le bébé, une lueur inquiète dans ses yeux gris.

Il resta silencieux un peu trop longtemps probablement, puisque Narcissa fronça les sourcils, l'inquiétude se muant en suspicion. Lucius observait, les bras croisés, sans montrer ce qu'il en pensait, mais il restait près de sa femme et Severus savait qu'il se rangerait à l'opinion de Narcissa.

Severus grogna et serra un peu plus la petite contre lui.

— C'est ma fille.

Narcissa hoqueta et le masque d'indifférence de Lucius se fissura sous le choc. Severus leur lança un regard de défi, tandis que son esprit travaillait à trouver une histoire pouvant expliquer l'arrivée soudaine d'un enfant dans sa vie.

Narcissa se détendit légèrement, mais elle attendait plus d'informations. Aussi Severus inventa au fur et à mesure, avec une grimace gênée, comme s'il répugnait à se dévoiler. Il espérait que ce serait suffisant pour ne pas avoir à donner plus de détails...

— J'ai... eu une brève liaison avec sa mère. Une moldue. Je ne pensais pas... enfin, je ne savais pas que... que j'aurais de nouveau de ses nouvelles.

Narcissa leva un sourcil perplexe.

— Et la mère ? Tu vas l'épouser ?

Severus laissa échapper un ricanement désabusé en baissant la tête vers le bébé. Elle s'agrippait à sa robe sorcière, les yeux grands ouverts, terriblement calme, comme elle l'était depuis qu'il l'avait trouvée.

Finalement, il lâcha, du bout des lèvres.

— Elle est morte. Je... J'ignore les détails, mais il semblerait qu'elle était malade et elle... a fait en sorte que le bébé me soit confié.

Narcissa avança vers lui, avec un sourire triste et lui posa la main sur le bras.

— Je suis désolée, Severus.

Mal à l'aise, le jeune homme haussa les épaules, en détournant le regard.

— Je ne la connaissais pas. C'était juste... peu importe. Mais je ne peux pas l'abandonner. Je ne veux pas qu'elle soit... malheureuse.

Lucius ne put dissimuler une grimace, mais Severus l'ignora. Il devinait sans peine ce qu'il pensait, face à cette enfant née d'une moldue et d'un sang-mêlé. En cet instant pourtant, Severus se moquait bien de la pureté du sang.

Au contraire, Narcissa semblait émue et elle sourit tendrement au bébé. Puis, elle releva la tête pour croiser les yeux sombres de Severus.

— Je suppose que tu as besoin d'aide ?

Severus cligna des yeux et hocha la tête, ses joues rougissant légèrement. Narcissa gloussa, se détendant complètement.

— Je ne lis pas dans ton esprit, Severus. Je te vois arriver avec un bébé inconnu et cet enfant est... enroulé d'une couverture. Je suppose que tu as découvert à quel point les vêtements pour les jeunes enfants peuvent être... diaboliques.

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now