Chapitre 37

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Le procès de Severus ne fut qu'une formalité. Ce fut en tout cas ce que Dumbledore affirma, mais le jeune homme était dans un brouillard de stupeur et il se laissa faire sans vraiment écouter ce qui se passait autour de lui.

Bien qu'il soit arrivé avec Dumbledore sans opposer la moindre résistance, il fut empoigné par un Auror — le jeune homme reconnut Fiertalon sans surprise — et trainé jusqu'à un siège placé en plein milieu de la salle d'audience. À peine assis dessus, des chaînes se déroulèrent et l'enchaînèrent, le serrant jusqu'à ce que ce soit particulièrement inconfortable.

Il ne se débattit pas et ne protesta pas. Il resta juste immobile, attendant la suite, résigné.

Pour sa part, Dumbledore protesta énergiquement, avec suffisamment de conviction pour que les chaînes autour de lui se desserrent. Le directeur de Poudlard se posta à ses côtés et lui posa une main sur l'épaule, renonçant d'une voix claire à son poste de président du Magenmagot pour ce procès afin d'assurer la défense de son protégé.

Le vieil homme affirma tranquillement que Severus avait été un espion pour lui, travaillant dans l'ombre avec acharnement pour libérer le monde magique du joug de Voldemort. Il transforma chaque acte de Severus en exploits désintéressés, soulignant qu'il avait risqué sa vie encore et encore, sans la moindre hésitation.

Severus avait craint qu'il ne se serve de sa fille pour améliorer son image, mais il mentionna juste Hope brièvement, se concentrant sur son poste à Poudlard comme preuve de sa stabilité et de sa fiabilité.

Il passa de criminel à héros, sans qu'il parvienne à s'en préoccuper. Il voulait juste rentrer à Poudlard et serrer Hope contre lui, s'assurer qu'elle était bien réelle et non pas une invention de son esprit épuisé pour le maintenir en vie. Il était tellement fatigué qu'il commençait à douter de tout, se demandant s'il n'était pas finalement quelque part dans une cellule d'Azkaban à attendre la mort. Il était impensable qu'il puisse avoir une seconde chance, qu'il puisse obtenir la possibilité d'être heureux même sans Lily...

Severus détesta les regards admiratifs lorsque Dumbledore chanta ses louanges, tout comme il détesta devoir supporter les poignées de main de tout le magenmagot, tenant à saluer les risques qu'il avait pris.

Il resta silencieux et le visage impassible, s'obligeant à se souvenir qu'il devait en passer par ces moments pour rejoindre sa fille.

Jusqu'à cet instant, il n'avait pas pensé aux conséquences de ses actes. Il avait décidé de protéger Hope, sans savoir exactement pour quelle raison. Il avait imaginé qu'il serait tué s'il était découvert et il avait fait en sorte que Dumbledore prenne soin d'elle. Cependant, il n'avait jamais imaginé qu'il puisse être accusé et jeté à Azkaban. Hope méritait de grandir heureuse, sans l'ombre d'un père criminel. L'idée même qu'elle puisse être mise à l'écart à cause de ses choix le rendait malade.

Lorsqu'il quitta le ministère libre comme l'air, aux côtés de Dumbledore, Severus cligna des yeux, un peu étourdi. Il n'arrivait pas à croire qu'il soit finalement libre. Il murmura, indécis.

— Et maintenant ?

Dumbledore eut un léger rire amusé et il tapota son bras en l'entraînant à sa suite, d'un pas alerte.

— Et maintenant, mon garçon, nous rentrons à Poudlard. Vous allez continuer à enseigner longtemps, je l'espère, et vous allez profiter de votre merveilleuse petite fille, la regarder grandir. Pour l'instant, Merlin soit loué, nous avons un répit et nous pouvons vivre sans inquiétude...

Severus hocha la tête et leva les yeux vers le ciel, gris et triste comme son humeur. Il grimaça en posant la question qui lui brûlait les lèvres.

— Que va-t-il advenir du garçon ?

Il n'eut pas besoin de préciser plus sa question, Dumbledore comprit immédiatement de qui il parlait. Le vieil homme lissa sa barbe et soupira.

— J'ai pris la liberté de le conduire en lieu sûr, Severus. Il sera caché dans le monde moldu jusqu'à son entrée à Poudlard.

L'ironie de la situation arracha un ricanement sec à Severus. Hope était une petite moldue cachée dans le monde magique et le fils de Lily, un petit sorcier caché dans le monde moldu. Il secoua la tête et pinça les lèvres sévèrement.

— Êtes-vous sûr que ce soit sage ?

Le vieil homme fit quelques pas en silence, avant de finalement répondre, hésitant, dissimulant sa gêne sous un haussement d'épaules.

— Je ne suis sûr de rien, mon garçon. Je devais prendre une décision et même si... la guerre a pris fin, les choses sont encore incertaines. Je ne peux pas prendre le risque qu'il lui arrive quelque chose.

Severus hocha la tête, se mordillant les lèvres. Il ne pouvait pas oublier que l'enfant de Lily était également celui de Potter, cependant... il était un enfant, un peu plus jeune que Hope. Il chuchota, avec hésitation.

— Pourquoi ne pas le garder à Poudlard ?

Dumbledore lui jeta un regard en coin, avant de sourire. C'était un sourire amical et chaleureux, comme s'il avait posé la bonne question. Le vieil homme inspira, avant de répondre, d'une voix posée.

— Bien sûr, j'y ai pensé. Cependant, ce garçon sera observé sans cesse. Le monde magique dans son ensemble a entendu parler de lui désormais, et ce petit mérite de grandir sereinement, sans le rappel constant de la mort brutale de ses parents.

Severus l'interrompit, acide.

— Il est orphelin, il me semble que la mort de ses parents sera un élément constant de sa vie.

Dumbledore gloussa doucement, nullement vexé.

— Bien entendu, mon garçon. Tout comme votre fille grandira sans sa mère. Cependant... Harry n'a pas besoin d'entendre jour après jour que sa propre mère s'est sacrifiée pour qu'il vive. Il n'a pas besoin d'entendre qu'il a défait le seigneur des ténèbres. D'ici quelques mois, Harry Potter sera aussi célèbre que Merlin dans notre communauté. Ce garçon a besoin de normalité, autant que possible. D'anonymat.

Severus soupira et hocha la tête, soulagé. Il se détestait de le penser, mais il préférait que le fils de James Potter soit loin de lui. Il n'était pas certain de pouvoir vivre au quotidien avec le vivant rappel que Lily s'était détournée de lui...

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now