Chapitre 16

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Le jeune homme ricana sans répondre. Le sous-entendu était clair : puisqu'il était un Serpentard, il ne donnerait pas des informations sans rien en retirer en échange... Il réprima l'envie de protester, puisqu'il venait effectivement avec une idée en tête. Puis, il haussa les épaules sans un mot en remontant sa manche doucement. Il exposa la marque des Ténèbres en fixant le directeur d'un air provocateur et il leva un sourcil moqueur.

— J'ai... mes entrées auprès de lui. Je sais que vous comptez l'arrêter et je vous propose mon aide.

Cette fois, le visage de Dumbledore se froissa et il sembla réellement mal à l'aise pour la première fois depuis le début de leur rencontre. Il secoua la tête tristement avec un soupir peiné.

— Je suis désolé, mon garçon. J'aurais préféré que...

Severus le coupa grossièrement, refusant d'entendre la moindre justification ou la moindre excuse de sa part. Sa scolarité avait été détestable, un véritable enfer, et le vieil homme le savait pertinemment. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que ses mauvais choix avaient été entraînés par sa colère et son ressentiment.

— Peu importe. Êtes-vous intéressé ou non ?

Dumbledore passa la main sur ses yeux et il hocha la tête, presque avec des regrets.

— Bien évidemment, mon garçon. Il est capital de mettre fin à cette menace... pour le plus grand bien.

Severus hocha la tête sèchement, ignorant les mots de l'homme, tout entier concentré à planifier sa trahison.

— Je vais avoir besoin d'une excuse pour rester aux alentours de Poudlard. Créez un poste comme celui de Rusard ou d'Hagrid, ce qui me donnera une bonne raison de parler avec vous régulièrement. Ainsi je pourrais vous tenir au courant des décisions qu'il prendra. Je prétexterai que je vous espionne pour donner le change.

Dumbledore l'observa un moment en silence, comme s'il réfléchissait, puis il agita la main rapidement avec un petit sourire satisfait. Il semblait avoir récupéré de son abattement précédent, prêt à profiter de ce qui lui était offert sur un plateau.

— Bien évidemment. Je vous trouverai un poste à mesure de vos compétences, mon garçon.

Severus ricana sans demander de précisions. Il pouvait être assigné à nettoyer les toilettes qu'il s'en moquait bien. Les Maraudeurs lui avaient appris à devenir imperméable à l'humiliation et rien de ce que Dumbledore imaginerait ne pourrait être pire que ses années en tant qu'élève.

Dumbledore soupira à la réaction du jeune homme, avant de lisser lentement sa barbe en le fixant de son regard bleu perçant.

— Très bien, Severus. Et si vous me disiez ce que vous espérez en échange ? Je suppose que vous voulez être innocenté ? Libre de toute accusation lorsque tout sera terminé ?

Severus se rembrunit et il recula d'un pas pour cacher son expression dans l'ombre. Il n'allait certainement pas implorer la clémence, pas alors qu'il était totalement coupable et qu'il était certain de ne pas survivre. Puis, il murmura d'un ton neutre, vide de toute émotion.

— Les Potter sont une cible prioritaire pour les Mangemorts. Le seigneur des Ténèbres connaît la prophétie et il est déterminé à les tuer, eux et leur enfant. Je veux qu'ils soient protégés.

Il y eut un long silence, puis Dumbledore plissa les yeux, surpris.

— Vous voulez protéger James Potter ?

Severus renifla d'un air méprisant et il eut un geste d'humeur.

— Pas vraiment. Je veux que Lily Evans soit protégée. Mais je suppose que vous insisterez pour que toute sa famille soit mise à l'abri également puisqu'ils sont vos... proches soutiens. Sans compter que ceci me libère de la dette de vie que j'avais envers ce foutu Potter, après que son ami ait failli me... dévorer.

Dumbledore tressaillit au rappel de l'incident, lorsque le jeune Serpentard devant lui avait failli être jeté dans la gueule d'un loup-garou. Severus crut lire une pointe de culpabilité dans les yeux du directeur, mais il repoussa cette pensée, certain de s'être trompé. Le vieil homme hocha lentement la tête en signe d'accord, sans quitter du regard le jeune homme devant lui. Il était encore terriblement jeune, mais son visage semblait avoir perdu toute innocence et toute expression. Il affichait un masque lisse et parlait d'une voix égale, sans jamais perdre patience ou élever la voix, comme s'il avait renoncé à tout espoir.

Le directeur de Poudlard secoua doucement la tête, avec une grimace ennuyée.

— Ainsi donc, ce cher Tom est au courant de cette fameuse prophétie. Je me demande bien qui la lui a révélée. Qu'en pensez-vous, Severus ?

Ce dernier le fixa d'un air impassible, aucun muscle de son visage ne tressaillant.

— Je suppose que quelqu'un l'a entendue et transmise. Quelqu'un aura été imprudent, peut-être.

Dumbledore pencha la tête en le fixant, comme s'il n'était pas dupe, mais il ne fit pas le moindre commentaire à ce sujet. Il haussa les épaules d'un air résigné.

— Certainement. J'aurais préféré avoir un peu plus de temps avant que cette information circule... mais nous ferons avec.

Severus leva un sourcil agacé, mais il garda le silence. Il était parfaitement conscient que l'homme face à lui était au courant de ses péchés et qu'il tentait de l'amener à avouer de lui-même. Il était prêt à parier que Dumbledore savait qu'il avait entendu et répété ces quelques mots qui avaient brisé sa vie. Il n'était pas loin de penser que la porte restée ouverte n'était peut-être pas accidentelle tout compte fait et que son indiscrétion servait finalement les projets du directeur, quels qu'ils soient.

Il haussa sèchement les épaules et il laissa échapper un ricanement moqueur.

— Dans ce cas, peut-être qu'un peu plus de discrétion aurait permis de garder vos secrets, directeur. Allez-vous protéger Lily comme je vous l'ai demandé ?

Tranquillement, le vieil homme lissa sa barbe, sans paraître le moins de monde gêné ou repentant. Il scruta longuement Severus comme pour s'assurer du sérieux de sa proposition, puis il hocha lentement la tête.

— Bien évidemment, mon garçon. Je ferais de mon mieux. Je l'aurai fait quoi qu'il arrive.

La fille de SeverusWhere stories live. Discover now