Chapitre 5

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Bien qu'il ne soit pas encore officiellement un Mangemort, l'appui soudain de Lucius Malefoy changea beaucoup de choses pour Severus.

Soudain, le vilain petit canard de la maison Serpentard ne fut plus mis à l'écart. Désormais, il était traité avec respect par ses condisciples. Il se souvenait de son premier jour à Poudlard, lorsqu'il s'était retrouvé pour la toute première fois dans la salle commune de Serpentard. Lucius, le préfet de l'époque, avait fait un discours bref dans lequel il avait assuré à tous que les Serpentard se serraient les coudes entre eux. Qu'ils se protégeaient.

Le petit garçon d'alors avait rapidement compris que ça ne s'appliquait pas à lui, puisque tout le monde — même les Serpentard — détournait la tête lorsque les Maraudeurs l'attaquaient. Cependant, aucun Serpentard ne lui avait fait du tort directement. Ils l'avaient laissé vivre sa vie, sans le tourmenter.

Après une scolarité compliquée, ses deux dernières années furent plus paisibles. Il restait toujours aussi solitaire, l'habitude de travailler seul était profondément ancrée en lui et il n'était pas vraiment doué pour les interactions sociales. Mais il était désormais pratiquement hors d'atteinte des Maraudeurs : il se rendit rapidement compte qu'il était toujours entouré, il y avait toujours un de ses camarades de maison qui était suffisamment proche de lui pour intervenir, comme s'il était surveillé. Ce n'était pas une surveillance inquiétante, plutôt une protection discrète et terriblement efficace. S'il avait douté de la puissance de Lucius Malefoy — même en sachant qu'il était celui qui chuchotait à l'oreille de la ministre alors qu'il n'avait pas vingt-cinq ans — il ne pouvait désormais plus douter de ce que l'homme était capable d'accomplir.

Les premiers mois durant sa sixième année, il avait été méfiant, craignant que tout cesse d'un coup ou que ce soit un piège cruel — que ce soit un sentiment illusoire de sécurité avant d'être livré aux loups. Il restait sur ses gardes, parce qu'il n'était pas habitué à recevoir de l'aide de cette façon, surtout depuis que Lily lui avait tourné le dos.

Le temps passant, il s'était détendu légèrement, appréciant cette nouvelle sécurité, cette sensation de ne plus être seul. Pour la première fois de sa vie, il appartenait à un groupe, il n'était plus exclu. De riches héritiers s'installaient à côté de lui à la bibliothèque ou l'invitaient à manger près d'eux, ils lui posaient des questions sur les cours et lui proposaient de l'aide.

Ce fut probablement ça qui le décida complètement. Tous ses doutes disparurent, entièrement. Il serait un Mangemort fidèle, dévoué, reconnaissant du cadeau qui lui avait été offert. Voldemort lui avait tendu la main et il l'avait saisie, lui le jeune homme insignifiant et pauvre. Voldemort lui offrait un avenir, et un groupe. Ce ne serait pas des amis, ce ne serait pas tout à fait des collègues. Des camarades. Des compagnons d'armes. Il était peut-être un sang-mêlé, mais il avait su faire ses preuves dans un univers de sangs purs et il voulait leur montrer qu'il était capable de les suivre.

Lucius Malefoy semblait décidé à le parrainer sans rien attendre en retour et son nom ouvrait beaucoup de portes. C'était un attrait suffisant pour qu'il emprunte cette voie, sans même jeter un regard en arrière.

Severus passa ses ASPICS comme tous les autres élèves de septième année. Cependant, il n'était pas le moins du monde inquiet pour son avenir : il savait déjà que quelques jours plus tard, il tendrait le bras de son plein gré et il serait marqué. Il rencontrerait Voldemort lui-même, le mage noir le plus puissant de leur époque.

Lucius l'avait décrit comme un homme charismatique et puissant, exsudant la Magie noire. L'homme lui avait posément expliqué ce qui allait se passer et ce qu'il devrait faire pour que son intégration se passe bien. Il devrait s'agenouiller à ses pieds et l'appeler « Maître ». Il devrait répondre à ses appels lorsque la marque se ferait sentir. Il devrait tuer, sans états d'âme, leurs ennemis, à la demande du seigneur des Ténèbres.

Ce dernier point avait perturbé Severus et il avait douté un instant de pouvoir obéir à ce dernier ordre. Il aimait la puissance et le pouvoir, il aimait la Magie noire, mais il n'avait jamais envisagé de tuer. Il s'était toujours considéré comme profondément différent de son père stupide, cet homme violent et mauvais. Tuer était une forme de violence et Severus refusait d'avoir un point en commun avec son géniteur moldu.

Lucius eut un rictus moqueur à ses doutes.

— Le propre d'un maléfice est l'intention qui lui est donnée, cher ami. Si tu n'as pas l'intention de faire du mal, de tuer, alors ce n'est plus un maléfice. C'est un simple sort, bien loin de la Magie noire.

Severus avait aussitôt objecté, le visage fermé.

— Il est possible d'avoir l'intention de faire le mal sans pour autant vouloir ôter une vie !

Mais le blond n'était pas un Serpentard pour rien, il fixa longuement Severus avant de murmurer.

— N'as-tu jamais eu l'envie de tuer celui qui t'a privé de ta douce amie ? Je me souviens de toi, pauvre petit Serpentard de première année alors que j'étais préfet, toujours collé à ta jolie Gryffondor. Je me souviens aussi de ce Potter, celui qui te poursuivait dans toute l'école, prêt à t'humilier encore et encore. Tu n'as jamais rien dit, mon ami, mais je suis certain que dans le secret de ton esprit tu rêvais de le briser. De l'anéantir. N'as-tu jamais imaginé lancer un maléfice sur ce Potter et observer la vie s'écouler de son corps ? Le faire hurler de douleur, l'obliger à s'excuser en pleurant avant de le faire taire définitivement ?

Le souvenir de l'année maudite où il avait perdu Lily lui revint en mémoire. Cette année-là, il avait créé plusieurs sorts. Il avait créé surtout un maléfice terriblement dangereux, le Sectumsempra.

Oh, il avait rêvé pendant bien des nuits de le tester sur Potter. Après tout, c'était en pensant à lui qu'il l'avait créé. Mais il n'avait jamais eu le courage, craignant les conséquences s'il venait à tuer un de ses camarades. Dumbledore avait toujours favorisé ses lions après tout, même lorsqu'il était une victime.

Le SectumSempra était un sort conçu pour tuer. Pour trancher la chair, pour déchirer ses ennemis. Pour les annihiler, lorsqu'il était lancé avec assez de haine. Le SectumSempra était un concentré de violence brute, une arme mortelle.

L'idée de tuer des ennemis de la Magie ne lui parut plus aussi rebutante que quelques instants plus tôt. Il avait suffisamment d'exemples d'individus ne méritant pas de vivre... Son alcoolique de père par exemple...

Il murmura, hésitant.

— Qui devrai-je tuer ? Est-ce... le Maître qui choisira ?

La fille de SeverusΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα