Un script pour deux.

Chapitre 27

Beth

21 juin 2031

Londres

Ma meilleure amie est partie depuis presque deux semaines. En son absence, j'agis comme une mère pour Isaac, et j'adore ça. Arthur étant beaucoup occupé par la création de son entreprise. Je ne le vois pas beaucoup, chose qui ne me dérange pas, car ça me permet de profiter un maximum de mon temps en tête à tête avec Isaac. Ce petit gars est une vraie pipelette, lorsqu'il est lancé, c'est difficile de l'arrêter, et bizarrement, j'adore écouter ses longues histoires. Il sait me faire rire. Grâce à lui, ces deux dernières semaines ont été très agréables pour moi. J'en ai oublié mes problèmes, ce qui m'a fait beaucoup de bien. Isaac m'a fait oublier ma douleur, mon deuil, mes doutes et l'incertitude qui plane autour de moi. Mon filleul est une véritable bouffée d'air, un nouveau souffle à ma vie, pour une durée limitée. Au retour de Naomie, m'occuper constamment de Zach, me manquera beaucoup !

En parlant de cette dernière, elle a vite oublié de me donner des nouvelles. On se parle uniquement lorsque Zach a besoin de sa maman. J'aimerais beaucoup que ma meilleure amie soit aussi bavarde que son fils, car il est difficile de lui faire cracher le morceau sur les événements qu'elle vit à Los Angeles. Elle y est pour aider Noah, ça je l'ai bien compris, mais elle me cache des choses. Je crois qu'elle fait ça pour me protéger, et peut-être aussi, pour le protéger lui, car nous ne sommes plus ensemble. 

J'ai besoin de savoir si la santé de cet enfant est en danger. Je ne sais pas pourquoi je me pose tant de questions, alors que je crie sur tous les toits que Noah ne m'intéresse pas. J'essaie de justifier ça en me disant qu'on a un passé tous les deux, des souffrances communes qu'on partagera pour toujours. J'ai besoin de me convaincre, pour ne pas passer pour une folle qui ne sait pas ce qu'elle veut. Pourtant, je suis certaine qu'il est préférable de laisser Noah vivre sa vie de son côté. 

Toutefois, ce soir, seule dans mon lit, je prends mon courage à deux mains pour envoyer un texto à Noah, et trouver les informations directement à la source. Les réponses de Naomie ne me suffisent pas, c'est "ça va" à chaque texto commence à m'énerver. J'hésite plusieurs fois en écrivant ce texto, j'efface et je réécris, avant de finalement envoyer sans réfléchir plus longtemps.

SMS de Beth : "Salut Noah, j'espère que ça va pour toi. Comment va le bébé ? "

Peu après avoir appuyé sur envoyer, je regrette ce texto débile. Je ne lui ai pas parlé depuis plusieurs mois, il ne va jamais me répondre, c'est idiot. J'hésite longuement à lui renvoyer un texto, jusqu'à finalement supprimer la conversation. Noah et moi n'avons plus de contact depuis l'annonce de sa future paternité, il faut que j'apprenne à l'oublier. Même si mon cerveau ne cesse jamais de ramener mes pensées vers lui. Les larmes aux yeux, je supprime son numéro. Il faut que j'apprenne à tourner la page, et au moins sans son numéro, je ne serais plus tenté de lui parler. 

Perdue loin de la réalité, au fin fond de mes pensées, je sursaute quand la porte de ma chambre s'ouvre. Isaac entre dans la pièce son doudou à la main, me surprenant en train de pleurer. J'essuie mes larmes en espérant qu'il n'ait rien remarqué. Mais cet enfant ne loupe jamais le moindre détail.

Isaac : Tata, pourquoi tu pleures ? 

Moi : Je ne pleure pas.

Isaac : C'est pas bien de mentir, dit-il en montant sur le lit.

Je souris malgré moi à sa remarque. Ce petit n'a aucun filtre.

Moi : Bon d'accord, je pleure, mais toi, tu devrais dormir. 

Isaac : Maman me manque, et papa fait dodo.

Moi : Demain, on l'appellera et on lui demandera quand elle rentre. 

Isaac : D'accord, mais est-ce que je peux rester avec toi ? 

Moi : Oui, allonge-toi. 

Isaac : Tata, pourquoi tu pleurais ? Me demande-t-il en se glissant sous la couverture. 

Moi : J'essaie d'oublier quelqu'un que j'aimais très fort.

Isaac : Pourquoi tu veux l'oublier ? 

Moi : Parce qu'il m'a fait mal. 

Isaac : Peut-être qu'il n'a pas fait exprès. Tu sais mon copain Tom, il m'a fait tomber dans la cours, une fois. Mais il n'a pas fait exprès donc on s'est pardonné, maintenant, on joue ensemble. Maman, dit toujours qu'il faut dire pardon. 

Moi : Oui, maman a raison, mais parfois, on ne peut pas pardonner. 

Isaac : C'est nul, si ça te rend triste. 

Moi : Oui, je suis d'accord. Mais ce n'est pas grave, parce que toute cet amour, je te le donne à toi, dis-je en lui faisant des chatouilles. 

Il rigole en se tordant dans tous les sens, jusqu'à se libérer de mon emprise.

Isaac : Oui, mais moi, je sais déjà que tu m'aimes alors donne le à quelqu'un d'autre. 

Moi : Ah bon, a qui ? Dis-je en m'allongeant auprès de lui. 

Isaac : Bah, à tonton Nono. Il est amoureux de toi. 

Moi : Ah bon, qu'est-ce qui te fais dire ça ?

Isaac : Il te regarde, comme papa regarde maman. Je l'ai vu sourire plein de fois alors que tu parlais avec maman. Toi, tu parles beaucoup de lui. 

Moi : Ah bon, dis-je en rigolant un peu gêné face à l'observation de ce petit gars de seulement cinq ans. 

Isaac : Oui, dit-il en se blottissant contre moi en baillant. 

Moi : Dors Zach, tata reste avec toi, dis-je en le serrant contre moi. 

J'éteins la lumière, oubliant momentanément mon chagrin pour me reposer. Demain, je prendrais peut-être le temps de réfléchir, de penser aux mots prononcés par mon filleul. Pour l'heure, il est temps d'aller là où la douleur n'existe pas, où ils sont présents et où je suis heureuse, dans le monde des rêves. Je peine à trouver le sommeil comme souvent, mais il finit toujours par m'emporter au pays des songes.

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Petit chapitre à propos de Beth et Isaac, au prochain, on retourne auprès de Noah ! 

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