Un script pour deux.

Chapitre 5

Beth 

26 avril 2031 

Londres

J'ai passé la journée dans l'attente, impatiente de le voir et de pouvoir lui parler. On avait prévu ce rendez-vous sur Skype depuis deux jours, je n'en dormais pratiquement plus car il me manquait. Pourtant, en moins de dix minutes de discussion, il a anéanti toute mon impatience et toute ma joie de le voir. Noah vient de me briser le cœur, encore. En cinq mots, il a mis en miette notre relation et tout les progrès qu'on avait fait. J'avais mis beaucoup d'espoir dans ce nouveau départ, je croyais aux efforts de Noah et à notre relation. Cet échec fait mal, et savoir qu'il s'apprête à devenir père avec une autre est atrocement douleur. C'est avec moi que ça aurait dû être le cas, et voilà ou nous en sommes maintenant. 

Allongé sur mon lit, je pleure de douleur. Je pensais vraiment qu'on avait une chance, et à présent, je le déteste ! Je l'aime tellement, mais c'est fini, j'ai trop donné pour n'avoir que de la souffrance en retour. Je n'aurais pas la force d'élever l'enfant d'une autre, je ne pourrais pas voir cet enfant dans les bras de Noah sans pensé à eux, je ne pourrais pas le voir heureux de voir grandir ce petit qui aura ses traits sans me dire que mes bébés ne connaîtront jamais leur père. C'est au-dessus de mes forces. J'ai trop souffert de cette perte. Il m'a fallu trop de temps et d'effort pour parvenir à avancer sans eux. Je ne pourrais pas suivre Noah dans cette aventure. 

J'éteins la lumière, et me glisse sous ma couette pour pleurer en étouffant mes sanglots pour ne pas que Naomie m'entende. Son frère devra lui annoncer la nouvelle lui-même, elle fera une super tata, j'en suis certaine. Mais je ne serais pas là pour voir ça, à partir de maintenant, je vais éviter Noah et son enfant. Mon seul contact avec la famille Malik sera avec ma meilleure amie et mon filleul. Pour mon bien-être personnelle, je vais devoir faire ce que je ne suis jamais parvenu, et couper définitivement les ponts avec Noah. Mon amour pour lui va devoir retrouver sa place au fin fond de mon cœur.

Difficile de se reposer dans ces conditions, mais je parviens à m'octroyer deux ou trois bonnes heures de sommeil. Heureusement que nous sommes samedi et que ma meilleure amie a déserté la maison avec sa petite famille pour une sortie pique-nique et accrobranche. Leur absence me laisse tout loisir de trainer au lit, de pleurer et de me balader dans l'appartement sans devoir répondre aux questions que pourrait se poser Naomie en voyant mes yeux rouges et bouffies.  

Je passe mon samedi, seule à la maison, entre révision et larmes. En fin de journée, je m'enferme dans ma chambre pour ne pas risquer de croiser Naomie. Elle rentre en compagnie de ses deux hommes, aux alentours de 20h. Je les entends rire tous les trois en me disant que j'aurais pu avoir la même chose, s'il n'avait pas tout gâcher. Le cœur lourd, je reste prostré dans mon lit.

La journée du dimanche est identique à la veille, je me morfonds seule dans l'obscurité de ma chambre, sans adresser la parole à quiconque et n'accordant aucun regard à mon téléphone resté éteint depuis la veille. Je m'occupe l'esprit en révisant mes cours, mes études sont la seule chose qu'il me reste, la seule chose à quoi me raccrocher.

Le lundi matin, après deux jours à éviter Naomie, je n'ai pas le choix de lui faire face. Nous devons nous rendre ensemble jusqu'à l'université car ma voiture est au garage depuis vendredi. Je prends soin de me maquiller pour couvrir toute trace de ce week-end difficile et j'affiche mon plus beau sourire pour faire face à ma meilleure amie. En entrant dans la cuisine, je découvre mon filleul, seul, face à son bol de céréale. Je lui ébouriffe les cheveux et dépose un bisou sur la joue avant de me servir un verre de jus d'orange en prenant un gâteau. 

Moi : Où est ta mère ? 

Isaac : Au téléphone avec tonton, et papa est sous la douche.

Moi : D'accord, finis ton petit-déjeuner et va t'habiller.