Un script pour deux.

Chapitre 4

26 avril 2031

Los Angeles

Rouler sans but pour réfléchir, c'est ce que j'ai fait pendant deux bonnes heures. Depuis, j'ai trouvé refuge sur cette colline, face à ces neuf lettres gigantesques qui surplombent Los Angeles. Un joint dans la bouche, la musique à fond remplissant l'habitacle et couvrant mes pensées, je fixe l'obscurité et ces lettres qui signifient tant pour moi. Je suis venu dans cette ville, dans ce pays, pour réaliser mon rêve et faire ce que j'aime. C'était mon choix, j'avais conscience que je m'éloignerais de mes proches. Aujourd'hui, j'aurais besoin des conseils et des bras de ma mère, j'aurais besoin de l'avis de mon père et de me savoir entouré de mes frères et sœurs. J'aurais besoin de ma jumelle et de son avis sur ce que je dois faire pour ne pas perdre définitivement Beth. Mais des milliers de kilomètres et un décalage horaire, nous sépare, je ne peux pas me permettre d'interférer dans leur vie et de les déranger. Il va falloir que j'assume et que je me débrouille. 

Ca ne sera pas le cas ce soir ! Je n'en ai pas envie, et encore moins la tête pour faire quoi que ce soit. Enfoncé dans le fond de mon siège, je me concentre sur la musique en inhalant cette drogue que je m'étais promis d'arrêter. Ce bébé vient de foutre ma vie en l'air, je n'ai pas vraiment envie d'être Noah Malik pour l'instant. La drogue me permet de l'oublier un moment. 

Les yeux clos, je ne fais pas attention à ce qui m'entoure. Ma bulle de paix loin de la vie est percée lorsqu'un bruit à la fenêtre attire mon attention. J'ouvre les yeux pour voir un flic collé à la vitre. Surpris, et pris de court, je ne sais pas quoi faire de mon joint. Je n'ai pas le temps de réfléchir car le flic s'impatiente, donc je lui ouvre la vitre, lui offrant un nuage de fumée aux senteurs acre. 

Je suis dans la merde !

Policier : Tu t'amuses bien ? Dit-il en secouant le bras devant lui pour disperser la fumée et l'odeur. Papier du véhicule.

Merde, je n'ai rien sur moi.

Moi : Je ne les ai pas.

Policier : Carte d'identité ? 

Moi : Elle est chez moi, dis-je difficilement. 

Policier : Sortez du véhicule, main en l'air.

Moi : Je n'ai rien fait, dis-je en me détachant.

Policier : Sors ! Mains en l'air, on va aller vérifier ton identité au poste.

Je ne fais pas le malin, même si je ne suis pas dans mon état normal, je sais qu'il faut obtempérer. C'est pourquoi je sors de la voiture, en levant les mains. Le flic me plaque contre la voiture et commence à me fouiller grossièrement.

Policier : Tu as de la drogue ou une arme ?

Moi : Seulement deux joints dans ma poche.

Il me les prend sans tarder et m'autorise à me retourner.

Policier : Ton nom et prénom ? 

Moi : Noah Malik. 

Policier : Malik... Hum... Ca ne m'étonne pas, dit-il dans sa barbe. Tu deal ? 

Moi : Non, c'est pour ma consommation personnelle.

Policier : Ouais, c'est ça, j'en chope beaucoup des Arabes dans ton genre, dit-il en m'agrippant le bras pour me guider jusqu'à la voiture.

Moi : Je ne suis pas arabe, mais d'origine pakistanaise ! 

Policier : C'est la même chose, allez, monte bougnoule.

La colère monte de nouveau en moi, je ne suis pas dans mon état normal, mais il y a bien une chose que je déteste, c'est le racisme. J'en ai très peu fait l'objet, mais je ne supporte pas d'entendre ce genre de mot pour la simple raison que j'ai des origines que certains ne supporte pas. Je le repousse, laissant ma colère parler pour moi, je lui envoie un coup dans la figure. Le flic riposte sans difficulté écrasant son poing sur ma joue, avant de me plaquer au sol et de me passer les menottes. Il me relève et me fait entrer sans plus de cérémonie dans la voiture. Le policier referme la porte de ma voiture avant de monter au volant de la sienne. Mon nez pisse le sang, mais je ne dis rien, ce mec aura affaire à mon avocat !