Campagne électorale.

2 1 0
                                    


« Bonjour Marlène. »

Elle ouvre la porte. Il y a là Dimitriev et Sima, une des chefs de bataillons de la milice. Elle commande la troisième escadre de torpilleurs. Marlène s'y attendait, ils sont en pleine campagne de référendum citoyen. Dimitriev et le maire voudraient que la planète se rallie à l'union des mondes de Diego. Elle est l'un des plus virulent leaders de l'opposition.

La rencontre a donc été soigneusement préparée. Idriss est secrétaire général de la coalition autonomiste, et sera de leur côté témoin de la confrontation, qui sera enregistrée et diffusée.

Vu le niveau des passions, c'est nécessaire pour éviter toutes accusation de compromission ou de trahison.

Cela fait déjà deux semaines, que la campagne bat son plein, il en reste encore deux. La plupart des référendums peuvent être arbitrés dans la journée. Tout le monde connaît les arguments. Mais là, il faut une véritable campagne électorale. Donc lorsque la pétition a été déposée, elle contenait une demande de six semaines de campagne. Le conseil, uni pour une fois, en a accepté quatre.

Dimitriev s'assoit. Il connaît bien la maison, c'est l'un des grands amis de Diego et il venait souvent ici, autrefois...

« Asseyez-vous. Pourquoi, as-tu demandé cette réunion, Travis ? »

Dimitriev se force à sourire, il se doute au ton de Marlène qu'il est venu pour rien, mais le maire tenait à ce que la tentative soit faite. Après le scrutin, il faudra réconcilier les citoyens. C'est bien joli de voter, mais après, il faut que les voisins vivent ensemble. C'est aussi son excuse, pour ne pas s'engager, et le laisser, lui, mener la campagne.

« Je suis venu te demander de cesser de t'opposer au rattachement. »

Évidement, même si Marlène connaît le sujet de la discussion, l'entrée en matière directe de Dimitriev lui déplaît. L'ami de Diego, essaie de faire d'elle la trouble-fête. Comme toujours, avec eux.

« Comme ça, de but en blanc ? Tu ne manques pas de culot. »

Le commandant de la milice ne s'arrête pas au refus abrupt. Il connaît la jeune femme, il s'y attendait. Il commence donc à expliciter les arguments.

« Écoute le monde devient plus dangereux. Nous avons besoin de meilleures défenses. Ce qu'il y a entre Diego et toi doit être ignoré. »

Mais la jeune femme secoue la tête.

« Ce n'est pas entre lui et moi. Oublie que c'est ton ami et voit objectivement ses conditions : l'ensemble de la production doit être investie dans la production d'armes ou de nouvelles capacités industrielles, plus de référendums citoyens sans son autorisation. C'est une dictature. »

Dimitriev le sait, si elle croit que cela l'amuse, lui ! Il va se retrouver à devoir abandonner ses parties de pèches pour faire des gardes. Mais la sécurité est à ce prix.

« Le monde change, c'est un peu autoritaire, mais il y a besoin de cela face aux pirates. Nous ne nous en sortirons, qu'en ayant la possibilité de fabriquer suffisamment d'armes. »

Évidement malgré son ressentiment contre Diego Marlène n'est pas idiote. Elle sait que ses concitoyens savent ce qui les oppose. Elle a donc travaillé ses argumentaires. Ils font sens si l'on ne tient pas compte de la menace qui arrive.

« Allons, la milice est déjà mieux armée que les planètes voisines. Tu as un croiseur, des avisos, aucun de nos voisins n'a cela. Il te fait peur pour que tu cèdes. »

Dimitriev reprends son souffle, ce qu'elle dit est logique, mais Marlène n'est que sergent, elle ne voit pas passer les rapports que lui reçois.

« Je comprends que cela te rassure, mais même un croiseur léger n'est pas invincible. Le mois dernier la garde spatiale du secteur a perdu un croiseur lourd. Les pirates se sont groupés pour attaquer le dépôt de Trillium de Sherkan V. »

Héros de l'empireWhere stories live. Discover now