Les minorités font-elles la loi ?

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Les pirates ont-ils gagné ? Ils le disent, les colons le disent, les premiers pour triompher, les seconds pour se lamenter. La décision est sage : le gouvernement évite un débordement de violence, et la Terre, désormais en première ligne dans la défense des colonies, pouvait difficilement imposer à celles-ci ses décisions, sans être une puissance colonialiste. Mais la question de principe reste entière. Les pirates, imposent la phase à leurs prisonniers. Et de plus en plus de mondes, sont tentés de reconnaître la légalité de cette possession. C'est donc une minorité, qui s'est imposée à la majorité, par une action illégale, assortie de manifestations violentes.

Personne ne peut écarter ce problème d'un revers de main, même une main de fer. Les mêmes qui approuvent la reconnaissance de ces décisions seraient probablement intraitables si des colonies légalisaient le commerce avec les pirates. Mais peut-on priver d'honnêtes citoyens de leurs biens comme cela ?

La récente décision du tribunal de Sirtan de reconnaître un esclave dans les biens pouvant être saisis en recouvrement de dette, ouvre la voie à une reconnaissance de l'esclavage.

Comment rester cohérent ? Peut-on récuser la légalité d'un côté, l'exiger de l'autre ? En fait, le développement des colonies demande un mélange de principe et de pratique. Les milices restent désespérément insuffisantes face aux pirates. Si les planètes coloniales réduisaient les crédits pour financer leurs défenses et faisaient les efforts nécessaires, alors l'action de la flotte serait décisive. Mais l'inaction continue, et fait le lit de la piraterie et de l'esclavage. Que les colons se méfient, s'ils n'entendent pas, de plus gros marteaux seront nécessaires.

Car c'est bien le problème. Certains parlent de légaliser l'esclavage pour forcer les colonies à agir. Si une large partie de leur population est réduite en esclavage, alors la question de la réduction des crédit coloniaux, se réglera d'elle-même. Mais, peut-on suivre la règle d'une minorité aussi déplaisante, que les pirates du dominion, fut-ce pour obtenir que la sphère humaine se défende, comme ce serait nécessaires ?

LAEN JARF

Ravierri, déposa la liseuse sur le bord de son lit. Tous les jours, un courrier lui amenait la presse terrienne, les brevets. Il avait du mal à se lever ce matin. C'était dur ces jours-ci. Il avait dû arrêter ses usines. Il se contentait de faire de la maintenance, de remplacer ses anciennes machines. C'était pour lui un crève-cœur, que de voir toute ces capacités à l'arrêt, pour une décision politique. Il était un ingénieur, un industriel et se promener dans les plates-formes silencieuses, le rendait malade.

Il se rendait compte qu'il déprimait. Naomie veillait à ce qu'il n'approche pas d'une arme.

Il soupira, fit un effort, l'article annonçait des temps difficiles. L'esclavage tels que les pirates le pratiquaient, devenait terriblement tentant pour certains. Si on l'avait laissé aider, il aurait submergé les marges de croiseurs légers. Mais évidemment, on ne voulait pas le laisser faire. La Terre préférait exiger l'impossible des colonies, que de le reconnaître.

« Naomi, état des réparations. »

Son IA lui répondit.

« 96% des unités réparées. »

Il avait quatre cents croiseurs, en face des cinq cents navires de ligne de la flotte terrienne, à peine une goutte d'eau sur une pierre brûlante.

« Et le George ? » Il avait trouvé très drôle, de rénover un croiseur de bataille portant le prénom de l'illustre général Patton. Il espérait juste, qu'en cas d'inspection, les terriens ne comprendraient pas ce qu'il faisait avec son jouet. Il le rénovait avec ses meilleures technologies. Il voulait réduire le volume des réacteurs et des centrales pour libérer de la place à bord. Cela permettrait d'installer un armement plus lourd, qu'il testait dans d'autres installations. Il travaillait sur des défenses actives, sur des matériaux plus performants pour la défense passive. Il ne pouvait pas reconstruire le bâtiment, et le résultat était insuffisant. Les derniers tests montraient, que face à un navire de ligne sa merveille de technologie ne le mettrait pas hors de combat. La qualité ne pouvait pas remplacer les tonnes qui manquaient au vaisseau.

« Naomie, je voudrais que tu dédie un centre de calcul, il faut transférer les innovations du Georges sur un croiseur léger. »

S'il ne pouvait pas renverser la Terre, il pouvait au moins préparer. Lorsqu'il aurait l'autorisation, il pourrait ainsi lancer des tueurs de pirates. La Terre finirait bien par l'autoriser, avant que ces monstres du dominion ne ravagent la sphère humaine, et ne continuent avec leur esclavage. Même la terre finirait bien par se rendre compte que les choses ne pouvaient pas continuer comme cela de partir à vau l'eau.

Héros de l'empireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant