Héros de l'empire

Sus aux « privilégiés »

La réforme de la flotte, aboutira-t-elle à la revue des plans de construction des vaisseaux ? Les protestations massives des anciennes colonies, la semaine dernière, ont sonnés comme un avertissement. Elles sont suivies, aujourd'hui, d'une mobilisation, tout aussi massive des armateurs, des industriels, des trusts, etc. toutes groupes, qui craignent pour leurs avantages historiques.

Sur le papier, le gouvernement a pour lui la logique : la flotte projetée, met tout le monde à égalité. Un navire de ligne dans les chantiers, sera accompagné d'un croiseur. Le système existe dans plusieurs chantiers, il reçoit le soutien de principe de des principaux partis du conseil terrien : difficile de crier à l'absurdité, ou à la réaction.

Mais il y a un mais... Il tient en une phrase : appliquer les mêmes règles à des navires de classe différentes, est-ce l'égalité ? Le cas des croiseurs légers est éloquent. Ils ne pèsent rien. Leur apport, en termes de puissance de feu est incomparablement plus faible, que celui d'un navire de ligne. Si le plan de construction passe comme prévu, les renforts pour les secteurs lointains, seront réduits à portion congrue. Un peu raide, tout de même. Même chose pour les autres classes de croiseurs.

Pour les terriens, il s'agit, dit-on, de mettre fin aux « privilèges ». Certes. Il semble illogique, que ce soit la Terre, qui fournisse les forces de défenses des secteurs coloniaux, surtout si leur colonisation est ancienne, et que ce soit l'expansion coloniale, qui soit ralentie pour régler la facture. En même temps, maître-mot du conseil, est-il bien sérieux de parler de « privilège », pour des colonies qui existent depuis moins d'un siècle, et qui peinent à armer correctement leur milice ? On connaît des « privilégiés », mieux dotés...

C'est toute l'ambiguïté du slogan «ne plus être surpris », leitmotiv des classes dirigeantes depuis la guerre du dominion. Longtemps, «ne pas être surpris » se traduisait par la capacité de défendre ses territoires. Avec l'accent mis sur les unités lourdes, absence de surprise signifie désormais sacrifice pour les colons

C'est de ces derniers, que tout dépend. Qu'ils se saisissent de l'opportunité qui leur est donnée de maîtriser leur destin, car s'il ne le font pas, le chaos s'étendra.

LAEN JARF