Chapitre 44

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Elizabeth

J'ai les jambes recroquevillées vers ma poitrine, la tête enfoncée vers l'avant. J'ai tellement pleuré que mes yeux sont secs.

Je ne sais pas quelle heure il est. J'ai perdu toute notion du temps. Je ne me souviens même pas m'être endormi. En rentrant à la maison, j'ai foncé dans ma chambre et j'ai hurlé. J'ai déchiré ma robe en la retirant et je me suis jetée sur mon lit pour me morfondre. J'ai éteint mon téléphone parce qu'il ne faisait que sonner à répétition.

Mes oreilles étouffent le son des paroles de mes parents. Depuis qu'ils sont rentrés, ça ne fait que hurler dans la maison. Aucun d'eux n'est venue me voir, pas même Carla. J'ai entendu sa porte de chambre claquer et depuis plus rien.

Les escaliers font un boucan à casser les oreilles. Les talons de ma mère claquent sévèrement alors qu'elle se poste devant ma chambre. Elle ouvre la porte en grand faisant rentrer le soleil. Mes yeux se ferment automatiquement aveuglé par la lumière.

- Qu'est ce qu'il t'a pris enfin !

Elle jette quelque chose qui fait un bruit de papier sur mon lit.

- J'espère que tu es fière de toi, dit-elle déçue.

Ma mère referme la porte dans un fracas pour retourner engueuler mon père. Je les entends distinctement d'en haut. 

Après plusieurs minutes, je me redresse et attrape ce qui se trouve être un journal. Dans le noir, j'ai du mal à distinguer les phrases mais la page de couverture est visible. Dans un petit carré en haut à droite se trouve une photo prise hier. On me voit, ma mère, la main levée vers mon visage déjà rouge. Derrière se trouve mon père la tête ahurie et baissée. Un lâche, c'est tout ce qu'il est.

" Scandale à l'hôtel de Daniel Cooper. Rubrique divertissement, page 26".

Un simple divertissement. Une série télé. Un film. Voilà ce qu'est ma vie aux yeux des autres. Une fiction mais réelle.

J'ai l'impression de me noyer. J'étouffe dans mes poumons dans mon corps. Ma gorge se serre et se referme sur elle-même. Je manque d'air. Dans un élan, je sors de mon lit comme s'il était en feu et court presque vers ma fenêtre. J'ouvre en grand les volets et essaie de faire rentrer l'air dans mes poumons. Seulement un filet arrive à passer. Je ferme les yeux sentant les rayons du soleil se poser sur ma peau, s'infiltrant dans mes pores.

Un son me sort de mes pensées. Ma porte s'ouvre et se referme. Je n'ose pas me retourner de peur de faire face à mon père.

- Je t'ai apporté de quoi manger, articule Carla, la voix légère.

Je me retourne et m'appuie contre l'encadrement de ma fenêtre. Ses cheveux sont attachés en chignon et elle porte une tenue sobre, ça ressemblerait presque à un pyjama. Des cernes ornent ses yeux et son teint est pâle. C'est de ma faute si elle est dans cet état.

Elle pose le plateau sur mon lit qui est composé d'un déjeuner. Elle s'assoit juste à côté et prend une grande inspiration.

- Quel scandale, hein? elle rigole nerveusement.

Je ne réponds toujours pas et fuit son regard en levant les yeux au ciel. Je hausse les épaules et bouge mes orteils mal à l'aise. Elle observe ma chambre sans parler, puis ses yeux se posent sur moi. Son regard semble confus et curieux. Je ne sais pas ce qu'elle attend de moi.

- Qu'est ce que tu fais ici, j'arrive enfin à parler.

J'ai du mal à reconnaître le son de ma voix. Il est rauque et lasse.

Plus cliché tu meursWhere stories live. Discover now