Chapitre 28

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Darrel

Je savais que j'aurais dû partir avant. Je suis toujours aussi bourré, mais je commence à fatiguer. J'ai juste envie de partir et d'aller me coucher. Avec Lizzie si possible. L'entendre s'engueuler comme ça avec sa sœur me prouve bien que sa famille ne va pas bien. J'ai envie de lui faire un câlin et de ne plus jamais la lâcher.

- Qu'est ce que sais que ce cirque! dit son père en s'énervant.

Lizzie est devenue toute blanche. Elle le regarde avec tant de haine que j'ai peur qu'elle lui saute dessus pour le griffer.

- Comme vous pouvez le voir, nous avons commencé la réunion de famille, répond Lizzie insolente.

- Je n'aime pas ton ton, jeune fille, réplique sa mère.

Ses deux parents se tournent vers Carla. Elle est rouge de honte et de colère.

- Elizabeth a séché les cours et a bu toute la journée, dit-elle dans un soupir.

- Quoi! hurle sa mère.

- Et vous la croyez! Quand c'est moi qui accuse papa, je suis folle mais quand Carla ouvre la bouche c'est forcément vrai. Bien l'éducation! surenchéri Lizzie en applaudissant faussement au nez de ses parents.

- Elizabeth, je ne suis pas du tout satisfaite de ton comportement, s'exclame son père.

- Alors toi n'essaie même pas de me parler! elle pointe un doigt accusateur dans sa direction. Ça fait dix ans que tu ne t'occupes plus de nous et soudainement tu t'intéresses à moi!

- Ce n'est pas vrai...

- Ah ouais? Et où est ce que tu étais lors de notre douzième anniversaire? Ou encore à tous les Noël qui ont suivi? Ou encore à l'enterrement de Mamie? Où est-ce que tu étais il y a un an jour pour jour?

Il ouvre la bouche mais la referme parce qu'il ne sait que répondre.

- Tu vois, tu n'es jamais là, elle continue. Et pourtant tu continues à me faire la morale. Mais ne t'inquiètes pas pour moi, tes soucis parentaux sont terminés. Darrel est là maintenant, je ne me sentirais plus jamais seule.

Lizzie me tire le bras et m'approche près d'elle. Ce n'était pas du tout prévu. Sa mère nous regarde tour à tour.

- Je pense que vous devriez partir, dit-elle en nous fixant Carter et moi.

Sans un mot j'entraîne Carter jusque chez moi. Avant cela je me penche vers Lizzie pour lui faire un bisou sur la joue. Je touche presque ses lèvres. Je peux me contenter de ça pour l'instant. Elle n'est pas en état pour que je l'embrasse et puis franchement comme premier baiser, c'est nul devant ses parents.

Je n'aurais jamais pensé vivre une dispute aussi piquante. Lizzie était tellement énervée que ça m'a fait peur. Nous croisons ma mère dans le salon avec mon père.

- Salut Carter, tu dînes avec nous ce soir?

- Je ferais tout pour vous Karen, il répond en lui faisant un baise main.

Ma mère se marre et je m'approche de lui pour lui frapper le crâne.

- Arrête de draguer ma mère imbécile.

Nous montons dans ma chambre. Quand il ouvre la porte, il a un mouvement de recul. J'avais totalement oublié ce détail. Carter se moque et s'installe sur mon lit.

- Tu m'expliques comment ta chambre s'est retrouvée dans cet état.

- Lizzie.

Je m'installe sur la chaise de mon bureau et allume mon ordinateur. La conversation qu'on a eu avec Elizabeth ce matin me hante. Il faudrait que je parle à Carter de l'université. J'ai l'impression d'être totalement perdue.

- C'était chaud tout à l'heure, commence-t-il.

- La dispute?

- Ouais. C'est la première fois que ça va aussi loin.

Je fronce les sourcils et me tourne vers lui.

- Comment tu sais?

- A chaque fois que quelque chose ne va pas bien, elle m'en parles.

- Tu sais ce qui leur est arrivé? je m'excite un peu trop.

- Apparemment Elizabeth a accusé son père de tromper sa mère.

- Attends tu es entrain de me dire que je suis resté trois jours dans l'ignorance alors que j'aurais tout simplement pu te demander.

- Ouais je sais Darrel, tu es stupide.

Je râle et me reconcentre sur mon ordi. Je savais que le sujet sur son père était tabou mais je ne m'attendais pas à ça comme révélation. Elle a totalement changé de vie à cause de son paternel? C'est insensé.

- Enfin bref, continue Carter, Elizabeth ne dit jamais rien au discussion de famille mais on dirait qu'elle parle enfin. Je suis bien content de ne pas être à leur place.

Moi aussi. Mes parents s'aiment tellement que ce type de trahison serait impardonnable. La vie de Lizzie a l'air difficile. Être seule face à sa famille, je ne pourrais jamais le comprendre.

- Tu fais quoi? il demande tout près de mon oreille.

Je ne l'avais pas entendu arriver. Carter est penché près de moi et lit mes recherches sur internet.

- T'es pas en train de me la faire à l'envers Cooper? Tu ne vas pas me laisser aller dans le Michigan tout seul?

Je souffle un grand coup toujours concentré sur mon ordi.

- Écoute, j'ai discuté avec Lizzie et...

- Mais c'est une sorcière ta meuf! Elle s'immisce dans nos plans là. On en rêve depuis qu'on est gamin.

- Laisse-moi parler abruti. Je ne sais plus ce que je veux.

- C'est ce que je te dis. Cette fille te retourne le cerveau!

Je le repousse avec mon coude. S'il croit que ça vient que d'elle, il se trompe. J'y réfléchis depuis des mois. Tout me paraissait tellement simple, j'obtiens un entretien pour la Michigan Université, je deviens le meilleur quaterback et je joue chez les pros. Maintenant je ne suis plus sûr de rien. J'en viens même à me demander si une partie de moi ne préfère pas être vendeur de poisson dans une animalerie.

- Réfléchis avant de mettre ton avenir en péril, il lâche. Tu pourrais devenir pro. Ne vas pas tout gâcher. Tente et tu verras bien.

- J'ai un peu peur de tout foirer.

- Tu crois que je n'ai pas peur moi! Mes darons me foutent la pression à chaque fois que je ramène une mauvaise note ou qu'on perd un match. Parfois j'ai l'impression de faire ça pour mes parents et puis je me rappelle de la sensation que c'est d'être sur le terrain.

Il retourne ma chaise et m'oblige à lui faire face. Ses yeux grands ouverts sont tout près des miens.

- Alors, dit moi Darrel, qu'est ce que ça te fait d'être sur le terrain?

Sans prévenir, il fait tourner ma chaise de bureau sur elle même. Je vais vomir s'il continue! Carter m'incite à parler de ce que je ressens. C'est vrai que c'est chouette d'être sur le terrain.

- Chouette! je hurle.

- Tu peux faire mieux Darrel!

- Euh..., je cherche mes mots, plaisant!

- Mais encore...

- Je vais vomir, je dis en ayant la nausée.

- Non! Continue.

- Bonheur!

- Ouais...

- Vivifiant!

- Je préfère.

Il arrête enfin. Ma tête tourne et je n'arrive pas à bouger. C'est vrai que j'aime être sur le terrain. Je me sens vivant à foncer pour mettre des touchdown.

- Les garçons! A table! hurle ma mère.

Je regarde une dernière fois Carter qui me sourit de toutes ses dents. Même s'il est con, je suis bien content d'être ami avec lui.

Plus cliché tu meursWhere stories live. Discover now