Chapitre 24

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Darrel

Je ne suis pas du tout conscient de ce que je fais. La musique hurle dans la maison et je prépare des pâtes. Mon cerveau fonctionne au ralenti. Lizzie regarde ce que je prépare en bavant à moitié. Son premier verre de rosé est presque vide alors que j'ai à peine touché au mien. J'ai des millions de questions dans la tête que j'aimerais lui poser, mais je ne sais pas si j'ai le droit. Je me rends bien vite que je n'ai plus de filtre. Je n'avais pas du tout l'intention de lui embrasser le nez. J'ai envie d'effleurer toutes les parties de son visage avec mes lèvres. La dernière fois que j'ai bu c'était à une soirée avec Carter, je ne me souvenais pas avoir l'alcool si amoureux. C'est perturbant.

J'essaie de terminer correctement les pâtes mais je dose extrêmement mal. Je sens qu'on va avoir mal au ventre. Lizzie commence à tomber en avant. Je la rattrape de justesse par les épaules.

- Où est-ce que tu vas comme ça?

- Retrouver les trolles, elle articule difficilement.

- Tu les aimes bien ces trolles.

Elle hausse les épaules et s'installe sur une chaise. Je nous sers une grosse plâtré de pâtes et deux fourchettes. Lizzie affamée mange comme une goinfre. J'observe sa chevelure et sans que je puisse retenir je lâche:

- Pourquoi tu te teins les cheveux?

- Je t'en pose des questions.

J'insiste et elle finit par répondre.

- J'aime pas ma couleur naturelle, elle me fait trop penser à mon père.

Elle continue de manger sans se soucier de la bombe qu'elle vient de lâcher. Je vois bien qu'elle déteste son père sauf qu'au lieu de me prendre la tête je hausse les épaules et continue de manger. C'est fou comment à chaque fois que je bois, mon cerveau se met en pause et prend du temps à réaliser où je suis. Je prends une autre bouchée en même temps que Lizzie. Est-ce qu'on va faire comme "La Belle et le Clochard"? Évidemment je suis la belle et elle le clochard. Je ressemble plus à une lady qu'elle ne le sera jamais. Et puis Lizzie ouvre trop sa bouche pour être une femme de la haute société d'Angleterre. Ça ne me gêne pas c'est comme ça que je l'aime. N'empêche que ça ne me dérangerait pas. Lizzie rira un moment et je garderai mon sérieux pour finalement l'embrasser. Est-ce qu'on peut s'étouffer avec des pâtes? Je ne suis pas sûr que ce soit super agréable de pecho quelqu'un en mangeant. Bon il va falloir attendre.

Après avoir finis Lizzie repousse l'assiette:

- C'est le meilleur repas que j'ai mangé de toute ma vie!

- Tu dis ça parce que tu es bourrée.

- Probablement, je devrais t'engager en tant que cuisinier personnelle, elle soupire.

- J'ai déjà des projets professionnels, je continue.

Lizzie se rapproche de moi et son souffle se colle à ma bouche.

- Ah oui?

- Je compte me faire recruter par la Michigan University et devenir footballeur pro, dis-je fièrement.

- T'as prévu ça depuis quand? elle hausse un sourcil.

- Depuis toujours, je crois, j'approche ma main de ma nuque pour la masser. C'est un tic nerveux dont je n'arrive pas à me débarrasser.

Maintenant que je me penche réellement sur la question, est-ce que j'ai toujours voulu jouer au football? Je me souviens que mon père m'y avait inscrit parce que c'est "rite de passage" dans ma vie d'un "homme". Je sais aussi que j'ai continué pour le rendre fière puisqu'à chaque fois que je gagnais un match il me présentait à tout le monde comme "son fils". Pas d'une voix terne et fade, non d'une voix remplie de fierté. Puis il a arrêté de venir à mes matchs pour son travail, et je n'ai pas lâché parce que je fais partie d'une équipe et qu'on ne quitte pas tout sur un coup de tête. Nous avons un rêve avec Carter mais nous n'en avions pas discuté depuis la seconde. Est-ce que j'ai toujours envie de faire du football? Est-ce que Carter en a toujours envie?

- Tu me mets le doute, j'ajoute en direction de Lizzie en grimaçant.

- Moi, je n'ai aucune idée de ce que je veux faire. Je ne sais même pas si j'ai envie d'aller à la fac.

Son visage s'est fermé. Elle s'est tournée face au comptoir la tête légèrement baissé, ses mèches de cheveux m'empêchent de la voir. Avec ma main je les repousse derrière son oreille.

- Et si tu écrivais, je dis en haussant les épaules. T'as des bonnes notes en littérature et en sujet d'invention.

- Darrel Cooper, est-ce que tu m'espionnes?

- Oui, quand tu n'es pas là je vais ouvrir ton casier et je vole tes cours, et tes chaussettes. Voilà je suis démasquée c'est moi le trolle qui vole tes chaussettes gauches.

Lizzie me regarde en attendant que l'information lui monte au cerveau et rigole à tue-tête.

- Non mais sérieusement, j'affirme. Toi qui adores lire, ça ne t'as jamais donné envie d'écrire.

- Je ne sais même pas sur quoi j'écrirais, elle murmure soudain douteuse.

J'ai un temps de pause et ajoute:

- Tu n'as qu'à écrire sur nous.

- Naha, dit-elle en secouant la tête. Aucune chance, tu es trop barbant, les gens ne t'apprécieraient pas une seule seconde.

Je rentre dans son jeu.

- Moi je pense que je leur ferais tourner la tête avec ma beauté suprême.

Elle essaie de répliquer mais elle cherche ses mots en bégayait. C'est drôle. On dirait un ordinateur qui bug.

- Enfin qui sait, peut-être que les gens auront plus l'impression de vivre une aventure que nous en la vivant.

Lizzie a un temps d'arrêt et se tourne vers moi déroutée.

- Est ce que tu viens vraiment de citer du Sartre? elle hausse un sourcil.

- Je crois bien.

Elizabeth se lève, s'étire et se dirige vers la bouteille de vin rouge. J'ai besoin d'une pause sinon je vais faire un coma éthylique. Je me lève à mon tour pendant qu'elle nous sert deux verres. Nous avons déjà fini les deux bouteilles d'avant parce qu'on ne doit laisser aucune trace. Je fais un tour sur moi même et apprécie enfin la grandeur de sa maison. Je n'ai jamais visité je pense fort. Je me dirige vers la baie vitrée. Son jardin est immense. On pourrait poser une scène et faire un concert si on veut. Je sens les pas de Lizzie s'approcher. Elle me tend mon verre et trinque avec moi. Je prends une mini gorgée et garde mon verre en main.

- Lizzie, je peux visiter ta maison?

- Pourquoi? Tu ne comptes pas l'acheter à ce que je sache.

- M'en fiche. Je vais me perdre dans ta maison sans toi.

J'expire et pars seule en direction des premières portes que je trouve. Avant cela, je pose mon verre sur la table du salon.

Je trouve mon chemin dans l'aile ouest. Mais avant que je puisse ouvrir une quelconque porte, Lizzie m'attrape par la main.

- Je vais te montrer.

Plus cliché tu meursWhere stories live. Discover now