Chapitre 2

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Elizabeth

Je fixe le plafond blanc de ma chambre. J'y ai peint des nuages de toutes les couleurs quand j'avais seize ans. C'est-à-dire l'année dernière. Quand j'ai découvert son secret. Comme une sorte de rébellion contre ce que j'avais vu. Ou cru voir. Le soleil a traversé mes rideaux blanc transparent. J'ai laissé mes volets ouverts en rentrant hier soir. J'étais tellement déçu de ne pas avoir pu sauter que je me suis directement enfermée dans ma chambre.

Carla, ma sœur, laisse passer sa tête dans l'entrebâillement de la porte. Quand elle remarque que je suis encore en pyjama dans mon lit, elle râle. J'ai toujours jalousé ses long cheveux roux. Ce que j'essaie de reproduire sans cesse chez le coiffeur depuis un an, mais mes racines restent châtains.

- Tu me désoles par moment. Je n'arrive pas à croire qu'on soit sœur en plus.

- Jumelle, j'en rajoute dramatiquement.

- Fausse jumelle, dit-elle en pointant un doigt dans ma direction.

Je rigole face à notre discussion qui se répète sans cesse. Carla vient s'allonger à côté de moi dans le lit. Elle regarde les nuages le sourire au lèvre. Je l'ai toujours enviée, c'est comme si elle sortait d'un roman. Carla est belle mais pas seulement. Elle est drôle, attachante et super facile à vivre alors que moi c'est à peine si je ne me prends pas un reproche à chaque fois que je rentre à la maison.

- Tu as loupé la réunion de famille hier, elle est reportée à ce soir à cause de tes conneries.

Je grogne d'exaspération. Ma chère mère, depuis six mois, s'est mis en tête de rapprocher notre famille. Toutes les semaines nous avons un dîner à quatre où chacun dit ce qu'il a sur le cœur. Pendant que Carla remercie nos parents pour tout ce qu'ils font pour nous, je garde le silence en hochant la tête. Ma mère me reproche souvent d'être distante avec ma famille, c'est juste que je ne trouve aucune utilité à parler. Surtout quand je n'ai rien de particulier à raconter.

Carla se lève et se dirige vers mon dressing. Sa jolie robe blanche à fleur n'est pas du tout mon style pourtant elle cherche sans arrêt à me faire porter ses vêtements.

- Tu viens ce soir chez les spencers après la réunion? elle me questionne en me jetant un débardeur à la figure.

- Tu plaisantes, un soir de semaine ? Je vais rester lire à la maison...

- Comme d'habitude, Carla murmure mais assez fort pour que je l'entende.

Depuis plusieurs années nous nous sommes éloignés. Elle a toujours affirmé ses positions alors que je restais dans son ombre. Disons que Carla est la fierté de la famille, alors que moi je suis plutôt souillon. Cette place n'a rien à être envié mais je m'y sens à ma place. Je peux faire ce que je veux, quand je veux sans avoir peur de ne pas paraître parfaite. Parfois je plains Carla de devoir toujours être au top. Je pense que ça me fatiguerait trop d'être quelqu'un que je ne suis pas.

- Habille toi je t'attends dans la voiture. Tu as cinq minutes.

Je lâche un petit son aigu pris au dépourvu. C'est court cinq minutes, j'ai envie de lui crier mais Carla est déjà partie loin.

Je passe devant mes parents dans la grande cuisine pour leur dire bonjour et prend des cookies qui se trouvent sur le comptoir blanc. Je passe par le salon qui ressemble vachement à celui des indestructibles 2. Disons que quand le film est sorti, Carla et moi avons allié nos force pour forcer mes parents à faire des rénovations sur notre « maison » si on peut l'appeler comme ça.

- Chérie tu es toute seule ce soir, nous sortons dîner avec ton père, dit ma mère à toute vitesse à mon attention.

- Et la réunion? je demande surprise.

- On l'a reporte encore.

- Reçu cinq sur cinq. Bonne journée!

Je fais un bisou sur la joue de ma mère et sort en me précipitant dans l'allée. Ma soeur a reçu sa Chevrolet Corvette autrement appelé « mon bijou » pour notre dix-septième anniversaire. Devinez ce que moi j'ai reçu... Une encyclopédie. Et après on se demande comment je sais que je ne suis pas la préférée de mes parents. Avant je conduisais le vieux pick up de mon père, mais depuis mon accident je n'ai plus le droit de prendre le volant.

Je me jette dans sa voiture et me retrouve les pieds en l'air.

- Il faut sérieusement que tu arrêtes de rentrer comme ça. Un jour tu vas abîmes mon bijou.

- Mais, je pensais que c'était moi ton bijou, dis-je en posant une main sur ma poitrine offusquée.

Ma sœur me reproche d'être dramatique tout le temps, j'appellerai plutôt ça, mon humour sarcastique. Bizarrement il n'est pas aimé par tout le monde.

Sur le chemin du lycée, Carla met la musique à fond. Ici il fait beau tout le temps. A part les grosses tempêtes de temps en temps, nous n'avons pas à nous plaindre. Nous passons devant de nombreux palmiers avant d'arriver enfin devant notre lycée. Lycée privée mais sans uniforme! C'est la classe.

Je descends en première sans attirer les regards, puis Carla sort à son tour, replace ses cheveux au ralenti et seulement là, nous attirons les regards. Tout le monde a du mal à croire que nous sommes sœurs. Je les comprends en même temps. Nous ne nous ressemblons pas du tout.

Un géant s'approche de ma sœur, lui enroule la taille et l'embrasse langoureusement. J'ai une mine dégoûtée face à ce lavage buccal. Je n'ai jamais compris le système, certains garçons devraient réellement prendre exemple sur mes personnages fictifs.

- Salut Carter, dit mielleusement ma sœur en embrassant son copain le capitaine de l'équipe de football.

Carla me fait un signe de la main et part en direction de son premier cours en se collant à sa moitié. Oui je dis bien sa moitié. Sérieusement, elle n'a jamais eu la notion d'espace personnel.

- Salut Carter, je répète en faisant des manières avec une voix aiguë.

C'est alors que quand je tourne la tête je remarque les regards de plusieurs personnes sur moi. Je fronce les sourcils pour les avertir que je me fous de passer pour la folle de service et trace mon chemin vers ma classe.

En entrant dans la classe, mes yeux se posent sur ceux de Darrel. Il semble surpris de me voir. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il ne soit pas au courant que Carla est ma sœur. Alors que son meilleur ami sort avec celle-ci. Je l'ignore et me rends à ma place habituelle, celle du fond. Je pose mon sac à dos sur la table et enfonce ma tête dedans pour dormir.

Plus cliché tu meursWhere stories live. Discover now