Chapitre 10

2.8K 244 27
                                    

Elizabeth

Je cours sur la plage pour mettre les pieds dans l'eau. Je laisse au loin Darrel porter les planches. Mes orteils remuent dans l'eau et je souris comme une enfant qui découvre l'océan.

Darrel nous a emmené sur son spot préféré. Il a découvert le coin caché de South Beach à ses quinze ans quand il en a eu marre de devoir partager les vagues. Le soleil commence à se coucher et la lumière est sublime. Un mélange d'orange et rose.

J'entends derrière moi les râles de Darrel qui se plaint en jurant.

- Darrel! Langage.

- Oui, oui, dit tu ne veux pas m'aider, il dit en haletant à cause de l'effort.

- Non.

Au lieu d'appliquer ce que je viens de dire, je rie en me dirigeant vers lui. J'essaie de porter une planche qui est dix fois plus grande que moi. Du haut de mes un mètre soixante cinq, je ne vais pas aller loin comparé à la taille hallucinante de Darrel. Sérieusement, on dirait un basketteur. Je n'ai plus mis en marche mes muscles depuis que j'ai abandonné le cheerleading sur un coup de tête l'année dernière. Mes parents pensent que c'est une crise de rébellion contre eux mais en réalité je n'ai jamais aimé ça. Agiter des pompom pour encourager une équipe en petite tenue n'a jamais été mon rêve d'ado. Carla l'a pris personnellement quand j'ai arrêté puisque depuis que nous sommes au lycée elle est capitaine. Elle pensait que j'avais quelque chose contre elle. Mais non, ma vie ne me convenait plus.

J'arrive enfin à soulever la planche mais je manque de tomber des dizaines de fois. Darrel rigole derrière moi. J'atteins enfin l'eau et me jette dedans. Je pousse la planche plus loin et commence à nager.

- Lizzie! crie Darrel pour que je puisse l'entendre. Tu as déjà surfé?

- Tu plaisantes. Bien sûr que non.

Son visage se décompose. Apparemment être débutante ce n'est pas bien.

- Reviens je vais t'apprendre.

- Non. Je n'ai pas envie d'attendre.

Je lui tourne le dos et m'enfonce encore plus dans la mer. Il me rejoint la peur au visage. Assise sur ma planche, j'approche mes mains du visage de Darrel pour lui pincer les joues.

- Arrête de faire cette tête, on dirait que tu as vu un fantôme.

- Oui, il est juste derrière toi, répond- il en plaisantant. Je ne veux pas que tu te fasses mal.

- Oh c'est mignon. Ne t'inquiète pas pour moi, je suis pas fait de guimauve.

- J'aurais bien aimé, répond Darrel mielleusement. Tu aurais été délicieuse.

Je deviens rouge. Quand il réalise ce qu'il vient de dire, il perd son sourire et nous nous regardons embarrassés. Darrel rigole nerveusement et se passe une main sur la nuque.

Le moment gênant passé, nous nous esclaffons en cœur. Son rire résonne dans ma cage thoracique. Il est très communicatif. Il se laisse tomber sur sa planche pour finalement être allongé dessus. Puis il tourne la tête vers moi. Ses boucles brunes lui tombent devant les yeux. Je pose mes mains à plat sur ma planche et replace une mèche derrière mon oreille.

Nous passons la prochaine heure à surfer. Enfin lui surf, moi je tente de tenir sur la planche. Darrel n'arrête pas de s'esclaffer à chaque fois que je tombe. Je pense bien avoir quatre ou cinq bleus qui sont apparus. Mon dos à force de faire des plats est rouge sang.

Je me laisse porter par les vagues et me laisse tomber dans l'eau une dernière fois. Je suis épuisée. Je savais que c'était dur, mais pas aussi éprouvant.

J'essaie de regagner la plage mais entre-temps je me prends des millions de vagues dans la figure. Je m'allonge sur la plage en étoile de mer et ne bouge plus. Ma respiration s'est accélérée comme si je venais de courir un marathon. Mes cheveux mouillés me grattent et le sel de la mer a séché bizarrement sur ma peau.

Darrel me rejoint mais lui tient encore debout. Il se laisse aussi tomber à côté de moi et me rappelle mes prouesses dans l'eau.

- Ça va, ça va. Profite bien de ce moment parce que tu n'auras plus aucune occasion de te moquer de moi.

- On verra.

- Comment ça "on verra", je m'énerve. Darrel ne me donne pas envie de te jeter du sable dans la tête, parce que je suis à ça.

Je mime le rapprochement de mes deux doigts pour appuyer mon propos. Ses mimiques commencent à m'agacer. Il lève les épaules en faisant tomber le coin de ses lèvres vers son menton. Il se fiche donc de recevoir du sable sur la figure? Je me redresse, attrape une poignée de sable et lui étale sur le ventre. Il se redresse surpris et se gratte. Sa peau va être vachement irritée. Darrel laisse échapper un rire de défi et je cours de toutes mes forces je ne sais où pour lui échapper.

- Reviens ici, il hurle. Tu as réveillé la colère de Darrel!

- Jamais, je crie à mon tour en haletant.

Je cours sur la plage le plus loin possible mais il arrive à me rattraper et prend par la taille. Je me débats comme je peux mais il me retourne face à lui et me prend en sac à patate. Je lui frappe le dos mais il ne cille pas. Il me jette à l'eau et je tombe comme un crapaud disgracieux. Quand je remonte à la surface il se marre en me pointant du doigt.

- Ça t'amuse peut-être, je hurle en lui frappant le torse.

- Désolé, mais ta chute était si moche.

Je râle et lui appuie sur les épaules pour le plonger dans l'eau, mais ses pieds sont bien ancrés dans le sable. Je fais des petits battements avec mes pieds pour le déstabiliser mais il ne bronche pas. Il me regarde droit dans les yeux en levant un sourcils.

- Tu penses vraiment pouvoir me couler.

Je déteste son air de défi. Je déteste son arrogance et sa confiance en lui. Je lui tire la langue et continue de toutes mes forces. Le soleil s'est totalement couché et la lumière de la lune nous éclaire. Quand Darrel commence à en avoir marre, il m'attrape par la taille et me repousse loin de lui dans l'eau. Je reviens à la charge mais il tend sa main pour le placer sur mon front. J'essaie de le griffer mais mes petits bras ne l'atteignent pas. Il m'énerve! Je glisse sur le sable et tombe la tête la première dans l'eau. Darrel se marre de plus belle et j'abandonne.

- Je te hais, je lâche venimeuse.

- C'est ça, dit plutôt que tu m'aimes, tu ne peux pas te passer de moi.

- Dans tes rêves.

J'ai des frissons dans l'eau. La température est tombée même s'il fait toujours chaud, la mer se refroidit facilement. J'ai toujours été frileuse. Darrel s'adoucit et se rapproche de moi.

- Tu veux qu'on rentre? Tu n'arrêtes pas de grelotter, demande Darrel chaleureusement.

Nous sortons et rangeons les affaires dans le coffre. En rentrant dans la voiture, j'attache directement ma ceinture pendant que Darrel met le chauffage. Je tressaille et approche mes mains de la chaleur.

- T'as les lèvres bleus, c'est mimi, il rit en touchant ma lèvre.

J'écarquille les yeux en fronçant les sourcils secouée. Comme si de rien n'était il démarre le moteur et nous nous dirigeons vers notre quartier.

Plus cliché tu meursWhere stories live. Discover now