Chapitre 30

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Elizabeth

- Qu'est ce que c'est que ça! hurle ma mère.

J'ai une forte envie de l'ignorer mais si je ne prends pas de petit déjeuner je vais m'évanouir. Elle n'a donc rien retenu de notre conversation de la veille. L'amnésie lui pend au nez. L'entendre hurler fait vriller mes neurones. Je me suis réveillé avec un mal de crâne atroce, sûrement à cause de tout l'alcool d'hier. Je me demande encore comment c'est possible que je me sois réveillée sobre. Je suis déjà pâle à cause de la nuit que j'ai passée. J'ai tenté d'aller chez Darrel mais mes parents devaient sûrement être cloitrés devant ma porte. Je ne pouvais pas prendre de risque. J'attrape une tartine et me sers un jus.

Je me suis habillée d'un jean taille basse et d'un tee-shirt en triangle bleu avec des motifs orientaux. J'ai accompagné ma tenue de deux colliers, un ras du cou et d'un plus long. Je ne vois vraiment pas qu'elle est le problème.

- Tu vas te changer immédiatement jeune fille!

Carla passe devant moi habillé d'un short tellement court qu'on peut voir le début de ses fesses. Son tee-shirt vert se marie parfaitement bien avec ses cheveux mais il couvre à peine son corps.

- Donc moi j'ai le droit à des reproches mais Carla peut montrer ses fesses et ce n'est pas grave.

- Arrête de sans arrêt de comparer Elizabeth, ça devient agaçant, continue-t-elle lassé.

Je ne l'écoute pas et prends mon petit déjeuner en quatrième vitesse. Aujourd'hui c'est le match de Darrel et je compte bien l'encourager de toutes mes forces. Il aura besoin de tout mon soutien pour obtenir cet entretien avec la Michigan University.
Mon téléphone vibre dans mon sac.

Désolée Lizzie, j'ai un problème avec mes parents.
Je te rejoins au lycée.

Il fallait que ce soit maintenant ! Je suis fâchée contre toute ma famille et pourtant un d'eux va devoir m'emmener. Je ne peux pas prendre le pick up de papa. De toute façon je refuse, je ne veux plus avoir affaire à lui. Il était si indifférent hier que ça m'a dégoûtée.
Je grogne d'exaspération.

- Je te dépose? dit Carla en levant les clés de sa voiture.


Je regarde la route et les palmiers. Je sens les yeux de Carla me guetter. La jeep de Darrel me manque. Son odeur me manque. Il me manque. La corvette décapotable de ma sœur paraît too much.

- Tu n'as pas fait ton saut habituel dans ma voiture aujourd'hui... Carla tente de commencer une conversation.

- Ton bijou est protégé, dis-je en levant les yeux au ciel.

Carla ouvre la bouche pour la fermer immédiatement. Elle sait très bien que ma place dans la famille est beaucoup moins appréciée que la sienne.

- Tu sais à propos de hier...

- Je n'ai pas envie d'en parler, je réponds sèchement.

Et nous passons le reste du trajet dans le silence. Le jour se lève à peine en ce mois de Mars. Le vent frais dérange mes cheveux que j'ai laissé détaché. Carla me jette des regards en coin que j'ignore. Elle a passé la semaine à m'éviter et c'est maintenant qu'elle décide d'intervenir. Peut-être que je suis aussi rancunière qu'elle finalement.

Je claque la porte, l'ignore quand elle m'appelle. Carter passe à côté de moi et me fait signe. Je l'évite aussi ce qui me vaut:

- C'est quoi le problème? Tu n'as pas eu ta dose d'orgasme, je peux arranger ça, il dit mielleusement.

- Va crever.

Il est insupportable. Ses blagues de cul ne me font même plus rire, c'est lourd. Je lui fais un doigt d'honneur de mauvaise humeur et rentre dans ma classe. Elle est vide. Ça ne m'étonne pas, Carla est vraiment connue pour venir dix minutes trop tôt. Je m'installe à une table près du fond et laisse tomber ma tête sur mon bureau en direction de la fenêtre. Je suis dépitée, mes parents sont de retour ce qui signifie que Carla ne va plus me laisser tranquille. Je la préférais quand elle vivait loin, c'est-à-dire chez Carter.

J'entends la porte s'ouvrir mais je ne bouge pas pour autant. Si le professeur souhaite que ma posture change, il n'a qu'à me le dire. Une chaise sur le sol grince. Elle retombe dans un bruit juste en face de mon bureau. Je reconnais cette odeur.

- Tu sens la fleur, dit-il dans un murmure.

Je souris d'avance et tourne la tête. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi proche. Nos yeux sont tellement proches que je pense loucher. Ça me fait du bien de le voir, mon humeur noir disparait en quelque secondes.

- Mon lit était vide sans toi, soupire-t-il.

- Oh tu sais moi j'étais bien entouré, je plaisante.

Ses yeux grossissent comme s'il venait d'apercevoir un monstre.

- Par mes livres, je termine.

Il expire de soulagement et attrape ma main sous la table. Ses yeux font le tour de mon visage. Avec la lumière du soleil ils sont plus éclatants. Il s'arrête sur mes lèvres et mord les siennes. C'est grave si j'ai envie de l'embrasser maintenant? Parce que franchement le moment n'est pas vraiment bien choisi. Mais si je ne mets à penser comme ça, il n'y aura jamais de bon moment. J'approche mon visage, ce qui fait toucher nos front. Ma respiration s'accélère. Il penche son menton vers l'avant pour presque prendre possession de mes lèvres.

- Bonjour à tous!

Je me redresse vite comme sorti d'un rêve. Les élèves rentrent un par un pendant que le professeur pose son sac bruyamment sur sa table. Mais ce n'est pas vrai! On ne sera jamais donc tranquille. Je me maudis intérieurement de ne pas l'avoir embrassé plus vite. La magie s'est estompée. Darrel m'a sourit tristement et est retourné à sa place.

Je passe le reste de l'heure à épier son dos. Je peux voir ses muscles à travers son tee-shirt. Je ne pensais pas que c'était possible de flasher sur un dos mais apparemment ça me fait saliver. Ça me hante de ne pas avoir pu l'embrasser parce que maintenant ça ne quitte plus mon esprit. J'imagine la douceur de ses lèvres, de sa langue. 

- Fermer votre bouche Hastings, vous allez avaler des mouches, crie le professeur.

Tout le monde se retourne vers moi. Je deviens cramoisie ce qui me vaut un ricanement du côté de Darrel. Il me jette un clin d'œil et se reconcentre sur le cours. Je me vengerais.


Plus cliché tu meursWhere stories live. Discover now