Le Royaume d'Eldia {Ereri}

Chapitre 12

Pdv Levi

Je ne sais plus où j'en suis. Je m'allonge sur mon lit, un avant bras couvrant mes yeux. Tout est tellement.... confus.... Je n'y comprends plus rien.

D'abord, le retour de Farlan. Le voir a remué tellement de choses en moi. Je mourrais d'envie d'être à ses côtés tout le temps. Et puis, il est devenu beau, il a beaucoup de charisme, de charme, sa voix est tombée dans les graves, lui donnant un timbre vibrant et chaud. Il est devenu très charmeur, aussi, je dirais même séduisant. Je ne sais pas comment expliquer cette sensation. J'ai l'impression que n'importe qui est à sa merci dès qu'il pose les yeux sur vous, moi y compris, et je n'aime pas ça. Je déteste ne pas être en contrôle.

Et ce que j'essayais de me cacher depuis probablement un petit moment, est soudain remonté à la surface. J'aurais préféré ignorer ces sentiments, mais le revoir les a bien trop ravivés. Je dois me rendre à l'évidence : je l'aime. Enfin j'éprouve une forte attirance pour lui. De là à dire que je l'aime, je ne sais pas si ça peut vraiment aller jusque là. Mais voilà, dès qu'il est là, j'ai envie qu'il me prenne dans ses bras, me serre contre lui, et m'embrasse. J'en meurs d'envie. Et puis son côté légèrement dévergondé m'attire plus que je n'oserai jamais l'avouer à quiconque.

Et puis quand il s'est mis à manifester de l'intérêt pour Eren, j'étais très énervé. Pourquoi parler avec ce moucheron quand je suis là ? Ça m'a rendu très triste, et le fait de devoir me trimballer ce gosse à chaque fois que je veux voir Farlan en privé, est vraiment fatigant.

Bref. Toutes ces considérations, ces révélations et ces acceptations sur mes sentiments et mes désirs sont servenues dans l'après midi, après le banquet. J'ai passé tout l'après midi à y réfléchir, tiraillé, à ne plus savoir quoi penser. Et finalement, lorsque le soir est venu, et avec lui le moment de rejoindre ma chambre, je me suis laissé aller. J'ai accepté tout ce que j'avais pu conjecturer, me laissant imaginer tout ce que j'avais envie de faire avec Farlan, ou que Farlan me fasse. Et c'est en me sentant bien pathétique que me suis laissé retomber sur mon lit ce soir là, essoufflé, et la main allègrement souillée.

Et puis est venu ajourd'hui. Je n'y comprends plus rien. J'avais rendez vous avec Farlan dans ses appartements ce matin même. Comme il me l'avait demandé, j'ai emmené Eren avec moi. Cela m'agaçait d'avoir à l'emmener, mais bon, si ça peut faire plaisir à Farlan....

C'est donc avec mes acceptations de la veille que je me dirige vers ses appartements, à savoir : je suis attiré par Farlan. Mais une fois là bas, lorsqu'il malmène Eren, je prends soudainement la défense de mon concubin. Je n'imaginais pas Farlan comme ça du tout. Je défends donc Eren, et finis par quitter les appartements de Farlan. Je suis complètement désolé pour Eren, et prends soin de sa joue, toujours rouge et légèrement enflée du coup qu'il a reçu. Je n'y comprends plus rien. Farlan est vraiment violent. Je passe de la crème d'arnica sur la joue d'Eren, pour atténuer la douleur et faire dégonfler. J'envoie donc Eren se reposer.

Et me revoilà maintenant. J'ai demandé à Christa de faire parvenir un plateau avec un déjeuner à Eren. Je suis dans mon salon, les yeux dans le vague, à me remémorer tout ce qui s'est passé en si peu de temps. C'est alors que ma vision se brouille, mais pour une toute autre raison. Les larmes envahissent mes yeux, et se mettent à couler abondamment sur mes joues. Je mets quelques secondes à réaliser, avant de m'écrouler sur le sol du salon, le corps entier secoué par de violents sanglots. Au bruit qu'a dû produire ma chute, Connie se précipite dans le salon. Je l'entends s'agiter autour de moi, poser ses mains sur mes épaules, les secouer légèrement. Il passe un bras sous les miens pour me soutenir, et me fait me lever. Il m'amène jusqu'a ma chambre, et me fait m'asseoir sur mon lit.

"- Monsieur ? Qu'est ce qui se passe ? S'il vous plaît, répondez moi, Monsieur.

- Co- Connie ? Oh mon dieu.... Je suis désolé....

- Ce n'est rien. Est ce que vous voulez un mouchoir ?"

Il me tend un mouchoir, dans lequel je me mouche bruyament.

"- Très bien. Est ce que vous voulez me parler de ce qui se passe ?

- N- Non.... dis-je entre deux hoquets.

- Vous êtes sûr ?

- Oui, merci. Je suis juste.... Fatigué. Merci Connie, vous pouvez y aller.

- Très bien."

Il se retire, les sourcils froncés. À pein a-t-il fermé la porte que je replonge dans mes pleurs incontrôlables. Mon corps s'agite anarchiquement. Je me rassemble en une boule tremblotante au milieu de mon grand lit, agripant les draps comme si ils pouvaient me sortir de là. Je finis par m'endormir, porte de sortie agréable de cette crise de larmes.

Lorsque je me réveille, l'horloge affiche 16h30. Je me lève difficilement, quelques traces blanches encore visibles sur mes joues, vestiges de la violence de cette crise de larmes. Lorsque je sors de ma chambre, je tombe sur Eren, qui, lui s'apprêtait à rentrer dans la sienne.

"- Ah ! Maître Levi ! Tout va bien ?

- Oui oui.

- Connie a dit que vous étiez tombé, et que vous.... pleuriez.

- Et il n'a dit que la vérité."

Je commence à me diriger vers le salon, mais Eren me retient par le poignet.

"- C'est de ma faute, n'est ce pas ? C'est parce que je ne vous ai pas fait honneur devant Sire Farlan ?

- Mais non, ne t'inquiète pas. Rien de tout cela n'est de ta faute. J'étais juste un peu.... fatigué, et j'avais un trop plein d'émotions à évacuer. Tu as dû remarquer que je ne me permet pas souvent de les exprimer, alors des fois ça craque.

- Je vois. Je suis désolé. Vous savez, si vous avez besoin de parler un jour, ou si vous voulez quelqu'un pour vous écouter pleurer, je suis là."

Un sourire triste anime mon visage.

"- Merci Eren."

Il lâche ma main, et je me dirige vers le salon, dans lequel m'attend, posée sur la table basse, un enveloppe bleue.

Mon cher ami,

Ma mère ne se sent pas très bien en ce moment, je reste donc auprès d'elle le plus souvent possible. De nouveaux évènements se sont également rajoutés sur mon agenda, nous ne pourrons plus nous voir avant un moment. Je te propose donc de nous fixer au moins un dernier rendez-vous, la veille de mon départ. Cela m'attriste grandement que de ne plus pouvoir te voir en privé pendant mon séjour.

Je compte donc sur toi, réserve la date, et préviens, Eren. Il est hors de question que je parte sans l'avoir revu !

Bien à toi,

Farlan.

Je froisse la lettre dans ma main, nerveusement. Je ne sais plus quoi faire....