Chapitre vingt-neuf

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Chapitre vingt-neuf

C'est assez étrange, le premier sens que je retrouve est l'émotion.

Je sens que je flotte entre les rêves de mon inconscience et la réalité. Rien ne semble réel ; c'est comme s'il y a de la matière mais qu'elle est invisible, comme si je suis faite en coton.

Le deuxième sens que je retrouve est la vue.

Ça vient et ça repart, comme si je regardais une ancienne télévision qui a désespérément d'être réparée ; et même si je tente d'agripper la télévision et de la secouer pour qu'elle fonctionne pendant quelques secondes, les images réussissent toujours à s'évader et se ternir avant que je puisse vérifier ce qu'elles sont.

Le dernier sens que je retrouve est l'ouï.

Plus les images de la télévision se stabilisent, plus le son arrive à se filtrer à l'intérieure. Au début, ce n'était que des crissements, comme celui d'une radio, mais alors que je regagne conscience et que les images floues deviennent nettes, le bruit parasite est compréhensible. Et c'est le dernier bruit dans l'univers que je voulais entendre.

C'est la voix brisée d'Hadès chuchotant mon prénom, encore et encore.

Plus je reviens à moi-même, mieux je distincte mes alentours. Même si je n'arrive pas à ouvrir mes yeux, je peux sentir les bras d'Hadès m'encercler et me tenir, je peux entendre le bruit des vagues qui s'entrechoquent au loin. Je me rends compte à cet instant, que je ne suis plus près de l'océan ; Hadès doit être venu me récupérer de l'eau, la dernière chose dont je suis consciente c'est que mon corps tremble sur les rochers irréguliers au bout de la falaise et l'eau glaciale lèchent mes membres massacrés. J'essaie de bouger pour montrer à Hadès que je vais bien, mais je découvre rapidement que je n'arrive pas à bouger un seul muscle. Je ne peux pas ouvrir les lèvres pour murmurer son nom. C'est comme si chaque cellule de mon corps ont quitté leur fonction.

Je suis complètement paralysée.

Hadès ne semble pas réaliser que je ne suis pas morte et j'éclate presque en sanglot lorsque sa voix se brise quand il murmure mon nom. Du désespoir chatouille ma gorge quand j'entends sa destruction intérieure, alors j'ai recours à d'autre méthodes pour l'atteindre.

Hadès ? dis-je timidement dans sa tête, déterminée à éloigner la douleur atroce qui dévore mes muscles et me rends statique.

Sa réponse est instantanée. Evie ?

L'espoir inconnu dans sa voix propage une chaleur en moi, comme si un pur rayon de soleil était en contact avec mes veines en me motivant assez pour ouvrir les yeux, ignorant l'agonie qui explose à cause de ce geste simple. Toujours vivante.

Le beau visage d'Hadès accueille ma vision entière, ses yeux bleu comme la nuit brillent avec tant d'émotions inexplorés que ma tête commence à tourner. Je pensais... s'arrête-t-il et je le vois déglutir.

Je tente de lui sourire, mais je n'arrive pas. Au lieu de ça, j'adopte intérieurement une voix taquine. Aww, t'es contrarié d'avoir cru que j'étais morte ? Tu te soucies vraiment de moi.

Il me regarde d'un air qui m'envoi des frissons le long de ma colonne vertébrale. Agápi mou, je n'ai jamais cessé de me soucier de toi.

On peut en débattre.

Il éloigne les cheveux de mon visage, ses mains tremblent légèrement. Comment est-ce possible ?

Je sais pas... Soudainement, un constat me saute aux yeux et si j'arrivais à ouvrir un peu plus les yeux sans ressentir qu'un millier d'aiguilles rentrent dans mes globes oculaires, alors ils seront grand ouverts. Le cristal du Tartare. Le cristal du Tartare m'a sauvé.

Hadès Rewound (Trilogie Hadès #2) [VF]Where stories live. Discover now