Chapitre vingt-et-un

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Chapitre vingt-et-un

Ma mère me fixe, ses yeux verts lumineux s'écarquillent avec incrédulité. Elle tapote l'épaule de mon père et pointe la fenêtre, en m'observant, mais quand il suit son doigt son regard me pénètre. Il ne peut pas me voir.

C'est à ce moment que nous réalisons que c'est la seule qui puisse me voir.

Elle me regarde quelques secondes de plus avant de quitter brusquement la cuisine et de disparaître de ma vue. Aussitôt qu'elle brise notre échange visuel, je suis arrachée de la transe dans laquelle j'étais quand j'ai réalisé qu'elle pouvait me voir et je sus soudainement incapable de respirer. Je déglutis durement et jette un coup d'œil à mes mains, je recule légèrement quand je voix à quel point elles tremblent.

Ce n'est pas possible. Ça ne s'est jamais produit auparavant, pas une seule fois. Hadès m'aurait prévenu si quelque chose de ce genre était possible.

Bordel, qu'est-ce qui vient de se passer ?

Je laisse un long soupire s'échapper, secouant mes mains alors que je tourne les talons. J'emmerde de donner la journée à Hadès pour qu'il fasse le boulot qu'il veut ; je veux des explications pour ce qui vient de se passer, et je veux le savoir maintenant.

—Y a quelqu'un ?

Je me fige, cette voix trop familière me colle sur place. Une balle de golf est bloquée dans ma gorge et malgré mes meilleures efforts, des larmes me piquent les coins des yeux par inadvertance. Je ne me suis pas rendue compte jusqu'à maintenant que ça faisait si longtemps que j'avais entendu cette voix, elle m'a tant manqué.

—Evie ?

Je déglutis de nouveau et me retourne lentement. Je lutte pour ne pas laisser ma mâchoire tomber au sol quand je vois ma mère devant moi, ses yeux sont écarquillés et elle est bouche-bée de confusion.

—Comment ça se fait que tu sois ici ? chuchoté-je sans conviction. C'est pas possible. Tu peux pas quitter ton Élysée. Alors comment ça se fait que tu sois ici ?

Vu la mine sur son visage, elle semble partager le même ressentiment que moi, mais elle ne répond pas, semblant trop distraite pour répondre à ma question. Elle penche sa main vers moi avec timidité, comme si elle avait peur que j'étais qu'une illusion qui va disparaître si elle respire top fortement. Pour être honnête, je ressens exactement la même chose.

—C'est toi, n'est-ce pas ?

—Oui, réponds-je après quelques seconde de silence, incapable d'arrêter le petit sourire prendre forme sur mon visage. Salut maman.

Un grand sourire apparaît sur son visage et elle rigole légèrement.

—Comment c'est possible ? Je jure, la dernière fois que je t'ai vu, tu avais dix ans, elle regarde par-dessus la maison son épaule et fronce des sourcils. En fait, je viens juste de te voir ; tu étais dans le salon en train de lire un livre, m'observe-t-elle. Donc comment puis-je être sûre que tu es ma fille ? Qu'est-ce qui se passe ? Qui es-tu ?

—La dernière que tu m'as vu, j'avais dix-ans, lui souris-je tristement. Eh bien, la dernière fois que moi je t'ai vu.  Pour toi, j'ai dix-ans depuis plusieurs années.

—Ça n'a aucun sens, son froncement de sourcil s'approfondit. Que veux-tu dire ?

—Tu es morte, maman.

—Quoi ?

—Tu es morte dans un accident de voiture il y a quinze ans. Papa et toi. J'ai étais la seule survivante, lui dis-je rapidement en regardant mes doigts que j'ai déjà commencé à ronger, ce qui est ma pire habitude quand je suis nerveuse. Je suis ta fille. Quinze ans plus tard.

Hadès Rewound (Trilogie Hadès #2) [VF]Where stories live. Discover now