Hadès Rewound (Trilogie Hadès #2) [VF]

Chapitre quatre

Chapitre quatre

Vous savez quand quelque chose de tragiquement horrible arrive à une personne, on dit que le temps ralentit ? Ça, et que c'est le coup cruel et tordu du destin, les secondes se transforment en minutes, en un rythme laborieusement lent ; qu'on observe les événements horrifiques se dérouler devant nos yeux, comme une immonde vidéo au ralentit. Ce genre de lenteur, des moments de ruissellement, tout ce qui va faire écrouler notre monde semble se produire en même temps ?

On a tous ignoblement, affreusement, indéniablement faux.

Tout est arrivé en un instant. La première seconde il était devant moi, faisant évader tout mes sens ; je pouvais sentir ses chaudes mains encapsulant les miennes, je pouvais voir ses yeux bleus nuit pétiller pendant qu'il me souriait, je pouvais sentir son odeur habituel boisé, je pouvais même l'entendre murmurer avec tendresse, ce genre de murmure qui me faisait rappeler le chocolat fondu.

Puis la seconde d'après, il était parti.

Je regardais silencieusement l'endroit où il se tenait il y a quelques secondes, l'endroit où le sol l'a littéralement avalé. Je pouvais entendre quelqu'un apostropher mon prénom, le sentir me secouer légèrement, mais je ne pouvais pas bouger. Mes sens étaient complètement chaotiques ; je me sentais complètement étourdie.

C'est jusqu'à ce qu'un blond qui avait envahi la majorité de ma vision que j'avais réussi à sortir de mon état paralysé, je pouvais enfin me concentrer sur leur visage.

—Evie. Reviens vers nous.

—Quoi ?

Je cille, observant lentement autour de moi. Le bazar tumultueux qui avait explosé quand Hadès avait disparu s'est changé en un chaos organisé, chaque individus me fixait en retenant leur souffle ; s'attendant, probablement, à ce que j'explose d'émotions.

Mais je ne faisais rien. J'étais trop étourdie.

Spencer soupira, incapable de cacher la pitié sur son visage. Il regardait par dessus mon épaule. 

—Elle me fait peur, je peux pas-

Je ne les écoutais plus, analysant le sol. Encore une fois, je remarquais à peine ce qui se passait autour de moi, écoutant à peine les autres dieux me parler afin de me rassurer, je sentais à peine Calla et Kezia entourer leurs bras autour de moi tandis que Spencer nous ramenait aux Enfers.

Mais cette fois, c'est pour une raison complètement différente.

Cette fois, au lieu d'être accablée par l'atmosphère du mariage, j'étais accablée par la réalité dévastatrice, mon esprit faisait répéter tout le mantra jusqu'à que ce soit la seule chose qui circulait dans mon cerveau pendant que je dérivais lentement dans le royaume de l'inconscient.

Il est parti.

_ _ _

Je me réveille ayant inhabituellement froid, et étant complètement confuse du pourquoi je ressens de la froideur. Mon esprit est mou, comme de la barbe à papa, puis pour quelques secondes, je crois, j'ai la sensation d'être toujours enveloppée dans une fausse réalité. C'est jusqu'à ce que je roule sur le côté et ouvre mes yeux que je comprends pourquoi j'ai froid. De manière frappante je me rends compte que quelqu'un manque à sa place, quelqu'un manque à côté de moi au lit.

La constatation me frappe comme une balle, et tout éclate de douleur.

Je ferme mes yeux de peine, comme si cette petite action discréditée ferait évader cette sensation de vide de ma mémoire. Une petite larme s'échappe du coin de mon œil et glisse lentement sur ma joue. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas vrai. Hadès n'est pas parti.