Chapitre 62

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Et il ne s'est rien passé de plus, à ma plus grande frustration. Je suis pleine d'émotions contradictoires face à cela. Nous avons passé un moment à discuter de tout et de rien pour faire connaissance. Il n'a pas cherché à en savoir plus sur ce que j'ai vécu et je n'en ai pas parlé non plus. Nous avons évoqué les limites à mettre en place entre nous. Et pour finir, il m'a expliqué le fonctionnement de son club.

Ça en est resté là ! Il m'a donné 48h de réflexion. J'ai deux jours pour être sûre de ma décision. Si j'accepte de lui appartenir pour revenir dans ce monde, je dois être au château à 18h précise demain. Et de là, je devrais me laisser guider par lui.

J'ai dû me défouler deux fois plus que d'habitude pour évacuer toute ma frustration. Mais je suis tout de même contente qu'il me laisse encore le choix. Parce qu'une fois chez lui, je ne devrais rien lui cacher. Il ne connaît pas encore mon corps et ses réactions alors je dois être capable de lui dire d'arrêter si il va trop loin.

Je vais devoir apprendre où sont mes limites, apprendre à me laisser aller avec lui. Et pourquoi pas faire face à d'autres maîtres quand je serais prête. Mais pour cela, je dois communiquer avec lui. Et c'est quelque chose que j'ai encore beaucoup de mal à faire.

Je sais que je suis capable de supporter la douleur, mais comment vais-je réagir ? Il veut commencer en douceur pour mieux appréhender mes réactions. Mais est-ce que cela sera suffisant par rapport à ce que j'ai vécu ? Je crois que j'aurais bientôt la réponse.

***

Le 13 Juillet, 17h55

Ça y est. J'y suis.

L'heure de vérité est arrivée. Le grand portail s'ouvre sur le majordome chargé de me conduire au maître des lieux. Nous ne nous dirigeons pas vers son bureau cette fois. Il me conduit à l'étage, dans un long couloir sombre avant de frapper à une porte à sa gauche. Il n'attend guère longtemps avant qu'un faible « entrez » se fasse entendre.

Le majordome ne perd pas de temps pour me pousser à l'intérieur et de refermer la porte derrière moi. Maître Declan est assis sur un lit, son lit ? Certainement.

- Pile à l'heure. Tu as donc pris ta décision. Je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui, il y a une soirée ici ce soir. On va commencer tranquillement et on verra si tu te sens prête à descendre ou non. Maintenant viens par ici. Laisse-moi t'enlever tout ça.

Il s'approche en prenant son temps. Immobile, je me prépare à sentir son toucher. Je me concentre sur ma respiration. C'est un premier pas en douceur. Le laisser me déshabiller. Il le fait doucement, me laissant la possibilité de fuir. Je le soupçonne de ne pas vouloir m'attacher pour ne pas que je me sente coincée. J'apprécie sa façon de me laisser discrètement la possibilité de tout arrêter.

Mais j'en suis capable, je le sais. Ce qui m'inquiète, c'est plutôt sa réaction aux marques sur ma peau. Pourtant je me retrouve en sous-vêtement sans qu'il ne prononce un mot. Du bout des doigts il dessine le contour des tatouages avant de s'attarder sur la marque au fer rouge. Il ne fait aucun commentaire et entreprend d'enlever les dernières barrières qui l'empêchent de me voir enfin nue devant lui.

Il ne m'observe pas comme une bête de foire, il se contente de me toucher, un peu partout de différentes façons pour évaluer mes réactions. Je ne bronche pas. Jusqu'ici c'est supportable. Mais je suis tout de même crispée. Il semble le ressentir, alors il entreprend de m'allonger sur son lit pour me faire un massage.

Il est doux, presque trop doux. Je sais qu'il veut que je me sente bien. Il veut y aller doucement pour ne pas me braquer. Mais j'ai besoin de plus, et je ne sais pas comment le lui faire comprendre. C'est loin, très loin de tout ce que j'ai subi avant. Le contraste est saisissant.

- Je te sens tendue. Tu as le droit de parler. Mais j'ai le sentiment que tu as besoin de comprendre que tu dois aussi prendre du plaisir dans tout cela. Si tu ne prends pas de plaisir, je ne peux pas en prendre non plus. Je n'irais pas jusqu'à tes limites ce soir. Je veux que tu prennes du plaisir avant tout. Fais-moi confiance.

Petit à petit je me détends, et il commence à être plus entreprenant. Il m'amène plusieurs fois aux portes de l'orgasme sans toutefois me l'accorder. Je redécouvre mon corps sous un nouveau jour avec de nouvelles sensations. Et je me sens tellement bien que les mots sortent de ma bouche sans que je les contrôle.

- Plus, s'il vous plait.

J'ai à peine fini ma phrase que je me crispe avec l'impression d'avoir fait une erreur. Mais je n'ai pas le temps de revenir sur mes paroles qu'un orgasme puissant me prend.

- C'est bien. Nous venons de faire un premier pas. Tu avais le droit de me le demander. Je ne t'ai pas donné d'ordre contraire. Je t'ai récompensée car tu as commencé à t'abandonner sous mes caresses. As-tu envie d'aller plus loin ?

- Oui Maître.

- Bien, alors reste debout, écarte les jambes et croise tes doigts sur ta nuque. Et silence. Tu n'as le droit qu'à tes mots d'alerte. Je te les rappelle : orange si tu commences à atteindre tes limites et rouge pour tout arrêter. Prononce l'un de ces deux mots et on fait une pause.

J'acquiesce et le regarde se diriger vers l'armoire de sa chambre.au milieu des vêtements se trouvent quelques accessoires bdsm qu'il a semble-t-il prévu d'utiliser ce soir. Je peux le voir prendre une cravache et un martinet. Plutôt doux pour commencer.

Les coups tombent, irréguliers, alternant les deux objets avec dextérité. Je ne peux pas prévoir le prochain coup. Mais comparé à ceux que j'ai pu prendre avant, c'est de la rigolade. Je ne bronche pas. Il en faudrait plus que ça pour me faire bouger ou crier.

Je ne prends même pas la peine de compter les coups, c'est une promenade de santé. Mais j'ai l'impression que c'est ce qu'il veut, tester mon endurance pour connaitre mes limites. Les coups qu'il me donne ne pourraient pas être supportés par une soumise débutante mais bel et bien par une soumise déjà bien entraînée. D'autant que la position n'est pas facile à tenir.

Il ne s'arrête qu'une fois que mon corps est strié de traces rouges. Je me sens déjà bien mieux qu'en arrivant. Je pourrais en supporter bien plus mais j'apprécie qu'il n'aille pas aussi loin. Et je me rends compte que je n'ai peut-être pas besoin de souffrir autant pour me sentir bien. Je me détends de plus en plus alors que je ne le connais pas depuis longtemps. On sent que c'est un maître expérimenté que ne blesserais pas ses soumises.

Il se présente devant moi avec un body rouge et me demande de l'enfiler. Je ne comprends pas ce qu'il a derrière la tête mais je m'exécute sans poser de question. Il est doux, les manches longues en dentelles. Il montre mes formes mais cache l'essentiel. Les marques qu'il vient de me faire rehaussent le tout et donne un très joli ensemble.

Maître Declan se présente devant moi. Dans sa main droite se trouve un masque assorti au body et dans sa main gauche les vêtements avec lesquels je suis arrivée.

- Je te laisse le choix Awena. Je vais aller me préparer pour la soirée, et pendant ce temps-là je veux que tu réfléchisses. Tu as deux possibilités. Soit tu te sens prête à m'accompagner en bas et dans ce cas-là tu enfiles le masque et m'attends à genoux devant la porte, soit tu n'es pas prête et tu te rhabille. Dans ce cas-là je te raccompagnerais à ta voiture. Quoi que tu choisisses, cela n'aura aucun impact sur la suite. Tu as le droit de vouloir t'arrêter là pour ce soir, je comprendrais. Je te laisse décider.

Il se retourne et sors de la pièce sans rien ajouter me laissant face à un nouveau dilemme. C'est à moi de prendre la décision. Personne ne choisira pour moi cette fois. 

Le Prix de la LibertéWhere stories live. Discover now