Chapitre 51

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Alors, c'est pour ça ? Ils ont kidnappé tout un bus d'enfants juste pour m'avoir moi et que ma disparition passe inaperçue. Qui aurait pu savoir ou même se douter que j'étais dans ce bus ? Personne ! C'est donc à cause de moi qu'ils sont morts...

Ce n'est pas moi qui étais au mauvais endroit au mauvais moment, ce sont tous ceux qui étaient dans ce bus. C'est moi qui étais visée, pas eux. Mais qui aurait pu soupçonner une telle mascarade pour kidnapper une jeune fille qui n'avait rien demandé ? Evidemment que les policiers sont passés à côté de ça.

J'ai été kidnappée, torturée, violée, juste parce qu'un psychopathe l'avait décidé ? Juste parce que ses hommes ont tué mon père sans le vouloir et que sa vengeance ne s'est pas passé comme prévue.

Mes parents n'avaient rien demandés, ils voulaient juste vivre leur vie. Et parce qu'un homme malhonnête a voulu se servir de mon père comme comptable, ils sont morts. Parce que mon père n'a pas voulu rester dans ces combines, l'homme s'est senti trahi et a voulu se venger.

Se venger en torturant sa fille et en la violant ? Quel homme sain d'esprit serait capable de ça ? Quand je pense à toutes ces personnes qui sont mortes, juste parce qu'un homme a voulu se venger d'un autre.

Et moi, qu'est-ce qu'il me serait arrivé si il n'avait pas pu se servir de moi et de ma mémoire ? M'aurait-il violée plus tôt ? Serai-je déjà morte ? Ou prostituée pour son compte ? Je n'ose imaginer ce qui aurait-pu m'attendre si je ne lui avais pas obéit. Connaissant la violence dont il peut faire preuve, il est certain que rien de bon n'en serait ressorti.

Je comprends aussi mieux pourquoi il a tant persisté à me retrouver après ma fuite. Il n'a pas apprécié que, comme mon père, je cherche à lui échapper. Je ne pouvais pas le trahir à cause des informations qu'il avait sur moi, mais il ne pouvait pas laisser passer ma fuite.

Maniaque du contrôle comme il est, Giovanni n'a pas supporté que je le défi de cette manière. Il pensait m'avoir sous contrôle, alors quand je lui ai échappé, tout son être a réclamé vengeance. Il s'est rendu compte qu'il avait été trop souple avec moi. Il a été trop sûr de lui à penser qu'il pourrait me contrôler si facilement.

Mais on apprend de ses erreurs, et il n'a pas fait deux fois la même. Quand il m'a récupéré, il a fait ce qu'il aurait dû faire depuis le début. Me briser. Mais cette fois j'y étais préparée. Il était trop tard pour lui. Mais il ne le savait pas, et il n'a pas voulu écouter les mises en gardes de Flavio.

Je réalise que si il avait vraiment voulu me briser dès le début, il y serait parvenu. Si Giovanni m'avait possédée tout de suite pour me briser, je n'en serais pas là aujourd'hui.

Je ne sais pas si je dois être triste ou en colère. Je ne sais même plus dans quel état d'esprit je me trouve. Les informations tournent dans ma tête, je me les répète en boucle. Je suis dans ma bulle, les informations trouvent leurs places pour compléter le puzzle.

Je me souviens maintenant. Je me rappelle de détails qui ne m'ont pas paru étranges sur le coup mais qui avec ces informations trouvent tout leur sens. De certaines affaires légèrement déplacées dans mon appartement, ce qui explique aussi comment Flavio a trouvé mon carnet.

De certains garçons qui ont tenté une approche avec moi mais qui m'évitaient dès le lendemain. Du gars qui m'a embrassé à une fête et que je n'ai plus jamais revu. Ils n'ont rien fait à Bryan parce qu'il est homosexuel. Lui auraient-ils fait du mal autrement ? Sûrement. Oui, je ne m'occupais pas des garçons à ce moment-là, les trouvant trop immatures. Mais maintenant, tous ces détails me sautent à la figure.

Les hommes de Giovanni ont toujours étés très discrets, je ne me souviens d'aucun de leurs visages. Pas d'homme suspect qui aurait traîné trop souvent dans ma rue. Pas de voiture étrange qui me suivait. Rien, je n'ai rien vu.

La haine contre cet homme qui dominait mon corps se calme, pour ne devenir que colère. Mon esprit s'apaise tandis que je réalise toutes ces choses. Oui, c'est contre Giovanni et ses hommes que je dois être en colère. Ce n'est pas à moi de me sentir coupable pour toutes ces personnes qui sont mortes, ces vies brisées. Je me sens libérée d'un poids. Je ne suis pas coupable des crimes de ce psychopathe. Rien n'est de ma faute. Pas ma faute mais la sienne, à lui.

Je suis enfin capable de le dire, oui, j'ai été violée. Non, je n'ai pas mérité ce qui m'est arrivé. Mon esprit est presque serein. Ce sont les détails qui me manquaient pour pouvoir me reconstruire pleinement. Je comprends maintenant.

Petit à petit, je sors de ma bulle pour retrouver la réalité. Maître Delgado est resté assis sur le canapé, comprenant certainement que j'avais besoin de gagner cette bataille avec mon esprit. J'ai brisé les barreaux de la cage où Giovanni avait emprisonné mon esprit. Je suis prête. Prête pour construire une nouvelle vie avec mon passé. On n'oublie pas son passé, on apprend à vivre avec et on va de l'avant. C'est exactement ce que je vais faire. Mais pour l'instant, il me reste une toute dernière chose à accomplir pour mettre un point final à ce passé.

Je n'ai pas oublié la promesse que j'ai faite. Même si je ne l'ai pas vraiment formulée, je me le suis promis à moi-même. 

Le Prix de la Libertéحيث تعيش القصص. اكتشف الآن