Chapitre 60

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10 Juillet 2018

J'ai envoyé tous les dossiers aux écoles que j'ai choisies, je n'ai plus qu'à attendre les réponses d'ici un mois. J'ai aussi amélioré mon niveau dans les arts martiaux et je le ressens physiquement. Mais il me manque encore quelque chose.

Retrouver ma liberté de décision et ma liberté en général est grisant mais je me rends compte que j'ai aussi besoin de lâcher prise. J'ai ce besoin maintenant ancré en moi de céder le contrôle à quelqu'un d'autre. Mais je ne suis toujours pas décidée à me rendre dans le club que m'a conseillé Maître Delgado.

Bientôt quatre mois que je suis ici, à m'habituer à cette nouvelle identité. J'ai tout ce qu'il me faudrait, de l'argent de côté, une maison, bientôt je reprendrais ma scolarité. Je me suis enfin fait de nouvelles connaissances et j'ai repris un loisir.

Pourtant, je ne me sens toujours pas bien, toujours pas apaisée. Je dois m'y résoudre. Je ne reviendrais jamais à une vie normale. Ce traumatisme est ancré en moi, et il m'a changée, s'insinuant dans les moindres parcelles de la personne que j'étais. Je ne suis plus la jeune fille insouciante, je n'ai plus les mêmes rêves, les mêmes attentes.

Ma liberté est devenue ce que j'ai de plus précieux. Cependant, je ressens le besoin de céder ma liberté à un inconnu. Risible non ? Qui peut m'affirmer que ces déviances ne se reproduiront pas ? Qui peut me dire que je ne vais pas retomber entre les griffes d'un psychopathe comme Giovanni ou Flavio ? Personne bien évidemment. Mais j'ai l'espoir que cela n'arrive pas. Cela ne peut pas arriver dans un club conseillé par Maître Delgado n'est-ce pas ?

Alors j'ai attendu, autant que je le pouvais. L'abstinence est devenue mon mode de vie. Sans doute parce que je n'ose pas essayer quoi que ce soit qui approche de près ou de loin la sexualité. Mais je ressens un manque difficile à combler.

Je repousse le moment d'aller dans ce club depuis trop longtemps. J'en ai besoin, c'est devenu un besoin viscéral. Pour compenser ce manque je me suis lancée à corps perdu dans les arts martiaux au point de maltraiter mon corps d'une toute autre façon. Et ce n'était certainement pas le meilleur moyen d'oublier ce besoin.

Le sport est devenu ma drogue. Il ne se passe pas un jour sans que j'en fasse. Je me mets facilement en colère si je n'ai pas ma dose quotidienne de défoulement sportif. J'ai compensé l'addiction au sexe par une nouvelle addiction. Mais cela ne résoudra pas tout.

Je le ressens au plus profond de mon être, je me rapproche chaque jour un peu plus d'un gouffre duquel je ne me sortirais pas seule. Je ne peux pas continuer de torturer mon corps en lui imposant de tels efforts physiques. Cela ne compensera jamais ce besoin psychologique d'abandonner tout contrôle de mon corps. J'ai aussi besoin de ça pour avancer. Il faut que j'arrête de me voiler la face en me disant que je peux m'en passer. Bien que j'ai tenté de me convaincre que c'était possible à plusieurs reprises ces derniers mois. A chaque fois que cette envie devenait plus forte, je redoublais mes efforts sportifs, me poussant dans mes retranchements les plus profonds. J'ai plus d'une fois dépassée mes limites. Poussant chaque fois un peu plus mon corps, jusqu'à ne plus pouvoir marcher. Hayato et Aeden ont décidé de respecter mes choix sans me demander plus d'explication. Veillant sur moi dans l'ombre pour que je ne me blesse pas, ou que je ne blesse pas un nouveau partenaire ayant décidé de m'affronter.

Mais l'heure est venue de tenter une approche et de me lancer dans l'inconnu. Je n'ai aucune idée de comment je réagirais une fois là-bas. Même si je me doute que Maître Delgado a prévenu son ami de qui je suis. J'espère qu'il est au courant un minimum de mon histoire pour qu'il soit capable de réagir face à une potentielle réaction violente de ma part. Surtout que je suis devenue bien plus forte grâce aux arts martiaux.

Demain, ma décision est prise, j'irais demain. Avant il faut que je vérifie l'adresse du lieu et l'heure d'ouverture. Je sais que les deux agents assureront ma sécurité et qu'ils ne me jugeront pas d'aller dans un endroit comme celui-ci. Ils ont lu le dossier et j'espère qu'ils comprendront que j'ai aussi besoin de ça pour avancer. Pour faire un pas de plus vers ma guérison.

Mon nouvel ordinateur sur les genoux, j'en profite pour donner de mes nouvelles à Alex, je sais qu'il trouvera un moyen de contacter mes amis restés aux Etats-Unis pour les rassurer. Il ne me faut pas longtemps grâce aux indications de Maître Delgado pour trouver le site internet de ce club si particulier. L'espace membre me permet de prendre rendez-vous avec un des responsables pour le lendemain.

Et voilà, la machine est lancée, il n'y a pas de retour en arrière possible. 

Le Prix de la LibertéWhere stories live. Discover now