Chapitre 16

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Point de vue extérieur

L'agent Martinez suit à grands pas la gynécologue dans son bureau. Elles s'installent autours de la petite table de travail et commencent à discuter.

- Qu'avez-vous découvert.

- Rien, absolument rien ! Répond la gynécologue agacée.

- Comment est-ce possible ?

Le médecin souffle et réfléchis avant de répondre.

- Elle n'a aucune marque, que ce soit sur les poignets, sur les chevilles ou même sur la poitrine. Je n'ai trouvé aucune trace de sévisse !

Enervée, l'agent tape du poing sur la table.

- Nous n'avons donc aucune preuve ?

Un autre médecin vient les rejoindre.

- Les analyses n'ont rien donné. Aucune trace d'une quelconque substance nocive. Elle n'est pas déshydratée, son poids est normal. Elle est en pleine forme.

Le radiologue entre à son tour dans la pièce en secouant la tête.

- Les radios montrent des os en parfaite santé. Aucune trace de fracture ou autre. Pas de traumatisme récent ni ancien.

Tous assis autour de la table ils réfléchissent ensembles.

- On dirait qu'ils ne l'ont jamais touchée, elle est toujours vierge. Débute la gynécologue.

- Si ils lui ont fait quelque chose, ils ont suffisamment d'expérience pour ne laisser aucune marque. Continue le médecin.

- Je n'ai aucun doute sur la version de son amie mais elle ne démord pas de la sienne. On doit bien pouvoir trouver quelque chose ! Ces hommes sont violents et avides de contrôle, ils doivent bien avoir quelque chose pour qu'elle leur obéisse. Affirme l'agent Martinez.

- Il ne nous reste qu'une seule possibilité. Seul un psychologue expérimenté pourra nous donner plus d'information sur son état d'esprit. Finit le radiologue.

***

Les spécialistes et les agents se retrouvent de nouveau dans la pièce, assis, la mine sombre. Ils attendent le verdict du psychologue. Ce dernier tarde un peu à arriver.

- Je n'ai pas de bonne nouvelles. Je n'ai que deux conclusions possibles. Sois elle dit la vérité, soit ils ont une totale emprise sur elle, dans tous les cas vous n'en tirerez rien.

- Je ne peux quand même pas arrêter l'enquête ici. Je ne vais pas la laisser retourner au Mexique avec ces deux types !

- Ils semblent étrangement protecteurs avec elle, et elle s'est dirigé vers eux inconsciemment. Elle a peur mais leur emprise se referme sur elle, de plus en plus. Quelque chose de suffisamment dangereux plane au-dessus de sa tête. Assez terrifiant pour qu'elle leur obéisse aveuglément.

Tous sont pensifs, se demandant certainement quelle est cette menace. Les agents semblent résolus, ils sont impuissants tant qu'elle ne leur parle pas mais ils n'ont pas l'intention de baisser les bras pour autant.

- Si j'en crois ce que vous m'avez raconté sur le déroulement de ce soir-là, elle savait qu'ils allaient venir. Elle se dit dangereuse pour eux d'après sa colocataire. Étant donné qu'elle a passé un an avec eux là-bas, elle a certainement des informations compromettantes.

- Mais pourquoi est-ce qu'elle n'est pas allée voir la police tout de suite ?

- Patience, j'y arrive. Pendant un an elle s'est soumise à eux pour survire. Même si elle s'est enfuie, elle savait qu'ils allaient venir la récupérer, ce n'était qu'une question de temps. Elle prenait moins de risque en se cachant qu'en allant parler à la police.

- C'est plutôt l'inverse, si elle avait parlé, ils seraient en prison.

- Pas au Mexique, ils sont certainement trop influents pour aller en prison. Il ne faut pas réfléchir comme vous en avez l'habitude lieutenant. Ce n'est pas un simple kidnapping.

Tous le regardent abasourdi. Se demandant où il veut en venir. D'un regard les agents lui demandent de continuer.

- Ce qui a commencé comme un kidnapping, il faut maintenant le voir comme une relation de dominant à soumis. C'est un rapport de force mental, pas physique. 

Des exclamations choquées se font entendre. Le psychologue leur laisse le temps de digérer la nouvelle avant de continuer.

- Giovanni et Flavio sont les dominants, Kelia la soumise, d'accord ? Ils ont dû lui donner des règles, qu'elle a respectées mais elle s'est échappée. Ils l'ont protégée des autres hommes ce qui explique qu'elle n'ait pas de marque et qu'elle leur fasse confiance. Ils l'ont en quelque sorte rendue dépendante de leur protection pour mieux la contrôler. La menace et la crainte d'être violée a certainement suffi pour qu'elle se plie volontairement à leur volonté. Du moins pendant un certain temps.

Les mines outrées des personnes présentes le font s'arrêter. Le temps de reprendre leur esprit le silence est pesant. Personne ne pensait qu'il se tramait quelque chose dans ce genre-là. Le psychologue lui-même a mis du temps à en venir à cette conclusion.

- Petit à petit leur emprise s'est refermée sur elle. Un an c'est long, et qu'on le veuille ou non ça a laissé des traces dans son subconscient. Ils sont venu la chercher eux-mêmes parce qu'ils savaient qu'elle ne lutterai pas, acceptant sa punition en quelque sorte. Mais son amie s'en est mêlée, elle est venue vous voir ne sachant pas ce à quoi elle l'exposait et s'exposait elle-même.

- Comment ça ? C'est Kelia qui est en danger, pas elle.

- Je n'en serais pas si sûr. Vous m'avez bien dis que vous avez été interrompus par un incident c'est cela ?

- Oui, un tireur à Central Park, que des blessés mais l'enquête est toujours en cours.

- Comment à réagit Kelia ?

L'agent Martinez réfléchit un moment avant de répondre.

- Je ne vois pas le rapport mais elle est devenue livide et après je n'ai pas trop fait attention mais il me semble que son avocat a dû la tirer pour sortir.

- Et voilà votre menace.

- Comment ça ? Demande le policier étonné.

- Tu parles et je tue plein d'innocents, tu ne veux pas avoir la mort d'innocents sur la conscience ? C'est la menace de Giovanni sur Kelia. C'est ce qui se passera si vous continuer de creuser jusqu'à ce qu'elle parle. En ne disant rien, elle se protège, elle protège son amie mais aussi bien d'autres personnes.

- Non, il n'y a pas eu de morts et elle n'avait rien dis.

- Un avertissement. Pour lui montrer qu'il n'a pas menti et la garder un peu plus sous son contrôle. Vous voilà face à un dilemme inspecteurs. Soit vous la laissez partir avec eux en sachant qu'ils feront ce qu'ils veulent d'elle au Mexique soit vous continuez votre enquête au risque de déclencher une tuerie de masse et je pense que peu importe ce que vous choisissez, Kelia sera en grand danger.

Plus personne n'ose parler, réalisant l'impact des paroles du psychologue.

Le Prix de la LibertéWhere stories live. Discover now