Chapitre 47

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Voilà, les policiers ont eu toutes les informations dont ils avaient besoin. Ils vont finir de mettre le dossier en place et d'ici quelques semaines le procès débutera. Ils devraient passer la fin de leur vie en prison. Les policiers sont encore en train d'essayer de débloquer les ordinateurs pour avoir accès aux dossiers et trouver des preuves supplémentaires.

Ils m'ont informée que je n'aurais normalement pas à témoigner, mais qu'il fallait quand même que je sois prête à le faire en cas de besoin. Je ne m'inquiète pas pour ça, Maître Delgado m'y préparera.

Non, ce qui m'inquiète, c'est que si je dois témoigner, je devrais faire face à Giovanni. La balle qu'il a reçue à l'épaule ne l'a pas tué et il devra répondre de ses actes en tant que chef du réseau. A ce moment-là, si je dois témoigner, il vaut mieux qu'il n'ait plus aucune emprise sur moi. Flavio, lui, a préféré mourir, je ne doute pas que si il avait réussi à me tuer, il aurait tout de même fait face aux policier pour qu'ils le tuent. Il ne se serait pas laissé prendre vivant.

J'ai fini par me douter qu'il était le plus dangereux des deux, le plus sadique. Giovanni montrait son vrai visage, il ne cherchait pas à cacher se violence derrière un masque. La violence de Flavio était plus subtile, comme une étincelle dans ses yeux.

Je l'ai toujours vu prendre un plaisir énorme à torturer. Il se faisait une joie de me voir souffrir en silence. Je suis même sûre qu'il a soufflé quelques idées de punitions à Giovanni.

Peut-être même que si il l'avait pu, il aurait pris le contrôle de l'organisation. Sans doute qu'il attendait juste le bon moment. Mais il a compris que je serais leur perte. Ce que je ne comprends pas en revanche, c'est qu'il aurait pu partir tant qu'il était encore temps. A moins que l'envie de me tuer ne soit plus forte que celle de se sauver lui.

Je ne sais toujours pas ce que j'ai fait pour mériter un tel acharnement. Sans doute que je ne le saurais jamais. Enfin, ils sont maintenant hors d'état de nuire, et moi, je vais m'atteler à reconstruire ma vie avec l'aide de Maître Delgado et de mes meilleurs amis.

Les médecins ont donnés leur aval pour que je sorte de l'hôpital, sous condition d'être suivie le temps qu'il faudra par un psychologue. J'arrive maintenant à marcher seule, mais je me fatigue vite. Je ne peux donc évidemment pas rester seule dans mon appartement. J'aurais pu me faire aider par Stacy et Bryan qui ne me lâchent plus mais il semble que Maître Delgado ne soit pas de cet avis.

Il a promis au psy et aux policiers qu'il veillerait sur moi. Je sais que je ne pourrais pas y échapper, c'était prévu dans notre contrat, il ne me laissera pas tant qu'il ne sera pas sûr que je vais bien. C'est aussi lui qui me représentera tout au long du procès.

Il a promis que mes amis pourraient venir me voir quand ils le souhaiteraient. Il sait que j'en ai besoin pour me reconstruire, que j'ai besoin de retrouver un bout de ma vie d'avant.

Nous allons rester à Los Angeles le temps du procès. Maître Delgado a loué un appartement où nous seront tranquilles, pas loin du centre-ville.

***

Quelques jours plus tard, c'est enfin le jour J, je sors de l'hôpital. Maître Delgado m'a apporté quelques vêtements pour que je ne sois pas obligée de sortir en blouse d'hôpital.

Il m'aide à m'installer dans son imposante noire et nous partons en direction de l'appartement que nous allons partager un moment. Le trajet se fait dans un silence habituel pour nous.

Il nous conduit jusqu'à un immeuble dans un quartier chic. Maître Delgado gare la voiture et m'accompagne dans l'ascenseur puisqu'il m'est de toute façon déconseillé de monter des escaliers pour le moment.

Étonnement, comme à Seattle, l'ascenseur nous mène directement dans l'appartement. D'ailleurs les deux logements sont semblables. Modernes, bien équipés mais peu chaleureux. Les couleurs dominantes vont du noir au blanc avec quelques touches de marron. Pas de tableaux mais une ou deux plantes vertes pour égayer le tout.

Impersonnel, voilà comment on pourrait qualifier ce lieu. En même temps il n'a pas l'intention de rester ici toute sa vie. C'est provisoire, juste le temps du procès.

Maître Delgado m'aide à m'installer dans la cuisine et sort deux plats préparés du frigo pour les faire réchauffés. L'après-midi touche à sa fin et je suis déjà épuisée. Le manque de sport et la mauvaise alimentation ont affaiblit mon endurance.

Je peux enfin avaler un repas complet sans avoir envie de vomir. Maintenant il faut que je reprenne les efforts physiques pour retrouver un peu de muscle. J'ai l'impression d'être une poupée que l'on peut casser sans effort.

- Tu es épuisée Kelia, n'essaie pas de te lever. Je vais t'amener dans ton lit.

Je cesse immédiatement de me lever de ma chaise... Ou du moins d'essayer de me lever. Mes jambes ne supportent plus mon poids. J'ai un peu trop forcé aujourd'hui, il me faut un peu de repos.

Il me prend dans ses bras et se dirige vers une chambre toujours aussi peu chaleureuse. Il m'assoit sur le lit et m'aide à me changer, même si je pourrais le faire toute seule. Une fois changée, couchée et soigneusement bordée, il m'embrasse sur la tempe.

- Dors, je serais juste à côté.

Je ferme les yeux et il caresse mes cheveux jusqu'à ce que je m'endorme.

Le Prix de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant