Chapitre 49 : Droit d'asile

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Le soldat Freyen qui attendait le retour d'Eirin était tendu. Il imaginait l'impatience de son Roi grandir à mesure que le temps passait. Et il savait. Il savait qu'il s'était fait avoir. Il ne fut donc pas surpris de voir sortir en même temps les deux jeunes filles ainsi qu'un homme et le directeur de l'Académie lui-même. Il prit alors conscience de son erreur quand il ne vit aucune lance dans les mains de la jeune héritière qu'il devait escorter. Oui, il s'était fait avoir en beauté.

Il suivit silencieusement le groupe comprenant qu'il se dirigeait là où le rendez-vous avec son seigneur avait été établi. S'il devait prier les dieux, c'était maintenant.

Une fois parvenus jusqu'aux écuries, ils purent observer les hommes du seigneur Freymïr s'atteler aux derniers préparatifs avant de partir. Craignant la fureur de son monarque, le soldat resta en retrait. S'il en avait eu la capacité, il aurait sûrement disparu entièrement sous son casque.

Elder, à la vue de l'arrivée de toutes ces personnes, s'avança alors devant le groupe, droit, les mains toujours ancrées derrière le dos et la mine renfermée.

— Que veut dire ceci ?

— Seigneur Freymir, votre fille Eirin Freymir, a demandé le droit à l'Exil, avança alors le directeur.

— Est-ce une nouvelle plaisanterie ?

Le regard noir du noble accompagna ses paroles et se posa sur sa fille qui se contenta de l'esquiver en regardant son directeur.

— Au vue de nos traités, conformes à ceux du Conseil, l'Académie accepte et accorde sa protection au Paladin Eirin Freymir.

— Il est difficile pour un père de se séparer de ses enfants, souligna Dhanu d'un ton se voulant conciliant. Pourtant, c'est son choix, et en tant que père, vous devrez le respecter, aussi dur soit-il. Après tout, le bonheur de nos enfants passe avant tout le reste, n'est-ce pas ?

Elder Freymïr regarda de toute sa hauteur ce jeune étranger qui n'avait cessé de lui faire obstacle. Il était certain que c'était lui qui avait soufflé cette idée d'asile à sa fille. À cette pensée, il reporta son attention sur cette dernière et sourit. Oui, elle ne devait pas être à l'origine de cette demande et ne l'avait sûrement accepté que par crainte. Ou par utilité... son utilité.

Elder réprima un certain dédain. Elle avait raison de faire comme cela, tout comme elle avait raison de le craindre, mais si cela ne faisait que retarder l'inévitable. Il jeta un œil à la jeune apprentie se situant à côté d'elle. Il l'avait déjà croisée au bal ... Oui, c'est ça ... L'orpheline. Tous ces êtres étranges fauteurs de trouble rassemblés ici devant lui et en leur centre sa propre fille à qui ils semblaient tenir. Finalement, peut-être que la petite et naïve révolte de sa progéniture pouvait s'avérer intéressante, d'autant, qu'il le savait, elle n'était que provisoire.

Sans accorder le moindre mot à Eirin, il se tourna vers Anna qui était restée en retrait respectueusement et lui ordonna :

— Va dire au revoir à ton frère, nous partons.

La jeune femme baissa respectueusement la tête et accéléra le pas vers l'Académie en quête de Joshua. Elder regarda sa nièce s'éloigner pour finalement reporter son attention sur le directeur de l'Académie.

— Je ne peux m'opposer à une telle décision, du moins tant que la paix est maintenue entre nos deux territoires.

Son regard prit un air de défi.

— Je reste persuadé que cette décision de ma fille n'est que passagère et qu'elle finira par revenir à la raison.

Sur ces mots, il fit un rapide signe de tête à Maître Garth et étrangement à Dhanu puis monta sur son cheval.

L'odyssée des EspritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant