Chapitre 16 : L'auberge

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Le groupe arriva à l'une des étapes de leur voyage, la ville de Lundar. Par crainte du froid, ils se rendirent rapidement dans une auberge où ils commandèrent un repas chaud et des chambres.

La nuit finit par tomber. Le temps, même s'il avait connu quelques éclaircies, n'avait pas épargné les apprentis qui étaient trempés et recouverts de boue. La neige recouvrant progressivement le sol à l'approche du territoire de Frey et proche des monts rocheux n'avait pas arrangé les choses.

Ils étaient épuisés, réellement épuisés. La mission n'avait pourtant connu aucun écart. Pas une seule attaque de créatures ni de bandits. Malgré tout, le voyage avait été rude et éprouvant.

— Enfin, souffla Ethan entrant le premier dans l'auberge.

— Je pense que tu te trompes, jeune homme, lui répondit Sir Han, va mettre les montures à l'auberge avec Eirin. Shauna tu restes avec nous, la mission n'est pas terminée.

Eirin hocha la tête et tenta de cacher du mieux qu'elle put la fatigue qui l'accablait. Le voyage et les multiples combats d'entraînement avaient réussi à avoir raison de ses forces et ses muscles lui faisaient souffrir le martyre.

Elle se dirigea vers la sortie avec Ethan en laissant Shauna derrière. Alors qu'elle franchissait les portes, elle remarqua quelques regards de la part des occupants du comptoir de l'auberge. Des regards sombres, mais surtout des regards où tout espoir avait disparu.

Eirin chuchota à l'attention d'Ethan :

— Ce sont sûrement des charognards. Il va falloir faire attention à nos affaires. Le lieu est loin d'être sûr.

Les charognards ... La vie au sein des régions frontalières de Frey était loin d'être aussi opulente qu'en son sein. La pauvreté, la famine et la maladie accablaient la plupart des habitants ne bénéficiant pas de la nationalité freyenne, et donc destinés à mourir cachés dans des petits villages isolés ou dans les bourgs aux alentours. Frey tentait de le cacher afin de ne pas entacher sa réputation de lieu de puissance et d'humanité. Le pays avait ainsi fait construire de nombreux quartiers réservés à ces personnes loin des regards afin que leur mort et leur décomposition ne dégoûtent pas les habitants ou les voyageurs. La pauvreté était mauvaise pour le commerce.

Certains de ces pauvres diables s'étaient regroupés, formant presque une classe sociale potentiellement dangereuse aux yeux des dirigeants de Frey, car elle pouvait prendre les armes et déclencher une révolution. Cette possibilité les poussa à poster des gardes à chaque entrée de la frontière transformant progressivement ces refuges en véritable prison.

Pour ces pauvres, pourtant, se regrouper ne représentait pas une action politique mais bien émotionnelle. Ils se sentaient comme faisant partie d'une famille.

Certains de ces regroupements, de ces familles, avaient pris de l'importance avec le temps.  Aujourd'hui, nombreuses étaient celles qui s'étaient spécialisées dans le meurtre, le vol, la demande de rançon et le trafic. Aucun travail n'était assez sale pour eux. Leurs organisations s'étaient à ce point développées, que certains dignitaires qui avaient jusque-là ignoré leur supplice leur donnaient à présent une certaine utilité au sein de leurs jeux d'aristocrates. Ils étaient efficaces et n'avaient surtout rien à perdre. Ils étaient prêts à tout pour quelques pièces et de la nourriture ... des meurtriers parfaits, d'autant que la société portait sur leurs comportements un regard loin d'être objectif. Personne n'irait penser qu'un aristocrate pouvait les engager.

Eirin en avait déjà identifié cinq.  Cinq charognards au minimum, dont la puanteur les démasquaient aussi facilement qu'une pancarte. Cependant, ils pouvaient potentiellement être plus nombreux. Leur talent pour les embuscades s'était énormément amélioré avec le temps et leurs expériences illégales.

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