Hadès Rewound (Trilogie Hadès #2) [VF]

Chapitre vingt-et-un

—Alors tu as... vingt-quatre ans ? expire-t-elle et sa mine est un mélange entre le choc pur et l'horreur abject, je hoche de la tête. Mais c'est si... âgé.

—Seigneur, merci maman. C'est une bonne manière pour rendre une fille spéciale.

Ma mère glousse et attrape mes joues en coupe. Sa peau est si surprenante, de façon inattendu echaude et vraie et vivante que j'ai presque sursauté à un kilomètre en l'air.

—Si ce que tu dis est vrai, pourquoi je te parle ? Pourquoi je peux te voir ? Es-tu morte aussi ?

—Non, pas exactement, rigolé-je en gonflant mes joues.

—Comment ça, pas exactement ? questionne-t-elle en haussant des sourcils. Comment tu peux être "pas exactement" morte ?

—C'est une histoire extrêmement longue.

Elle lance un regard vers la maison, où mon père et mon jeune moi n'ont pas remarqué son absence prolongée.

—Je pense que j'ai le temps. Et que c'est une histoire que je veux entendre.

—Tu vas pas me croire si je t'explique. Beaucoup de choses ont changé depuis quinze ans.

—Essaie, me défi-t-elle avec un sourire joyeux qui pince mon cœur avec douleur.

Ce sourire m'a tant manqué.

Je souris en retour et m'assied en tailleur, lui faisant un signe pour qu'elle fasse de même. Elle s'assied à côté de moi, tirant une mèche auburn derrière son oreille et me regarde avec plein d'espoir.

Alors je lui dis tout. Et je ne manque pas un seul détail.

Eh bien, d'accord, il y a quelques détails que j'ai omis, cependant c'est purement parce que ce sont des détails qu'aucune mère ne voudrait jamais savoir.

Une fois que j'ai commencé, je réalise que je ne peux pas m'empêcher ; il me semble qu'un gros poids quitte mes épaules une fois que mon histoire est finit. Je ne me suis pas rendue compte à quel pont j'avais besoin de raconter à quelqu'un tout ce qui est arrivé, quelqu'un qui pourrait m'offrir une nouvelle perspective. Au début, j'étais hésitante, inquiète qu'elle ne puisse pas tout saisir (qu'elle ne croit toujours pas que je suis sa fille, avec quinze de plus) mais encore une fois, j'ai sous-estimé sa capacité à accepter, même si ça semble fou. Et pendant toute la durée où je fus assise, les mots glissaient sur ma langue comme une rapide chute de pierre, ma mère ne m'interrompt pas, pas une seule fois, ses seules réactions se montrent sur ses expressions faciales.

Quand je fini, elle laisse échapper un long soupire, un air d'amusement toujours sur ses traits (qui si je suis honnête, ne l'a pas quitté depuis que je lui ai raconté toute la situation avec le diable).

—Est-ce que tu es sûre que tu n'as pas souhaité tout ça ? Car je dois dire Evie, que ça semble être un de tes rêves.

—Tu sais maman, grogné-je, même si j'aimerais dire oui, je suis pas certaine d'avoir rêvé volontairement que mon meilleur ami se fasse tuer devant moi. Ou la presque mort par un Titan. Ou le fiancé qui se fait dieunappé lors de notre mariage. Ou que le fiancé m'oublie. En fait, maintenant que j'y pense, c'est comme un cauchemar constant, avec quelques brefs moments de répits.

—C'est beaucoup à digérer d'un coup, répond-elle franchement. Je veux dire d'abord tu me dis que je suis morte, puis que les dieux sont réels et que tu en fais partie, ensuite que t'es fiancée à un dieu grec ? Si je n'avais pas juste dit à ton toi de dix ans de continuer de lire ce livre sur la mythologie grecque au lieu de nous aider à faire la vaisselle, alors peut-être que je ne croirai pas que tout cela soit possible !