Hadès Rewound (Trilogie Hadès #2) [VF]

Chapitre quatorze

—Car c'est Hadès.

—Depuis quand Hadès te parle ainsi ? arque-t-elle un sourcil.

—Jamais, balbutié-je en protestant quand elle me regarde satisfaite. Écoute, il le pensait pas ! Il était probablement confus et pas bien à cause de son amnésie ; dès que sa mémoire reviendra, on s'excusera et on en rigolera.

—Comment tu sais qu'il va récupérer sa mémoire ? demande-t-elle lentement.

Je m'arrête et la fixe.

—Tu veux dire quoi par là ? Bien sûr que son amnésie va partir.

—Comment ? questionne-t-il. Ça fait déjà trois jours Evie et il a toujours pas montré un signe de regain de mémoire de ces quinze dernières années.

—Ça veut rien dire, rétorqué-je en me levant pour faire les cents pas. Certaines personnes prennent une à deux semaines, voire un mois pour que le processus se fasse.

—Oui, mais ce sont pas des dieux, souligne-t-elle.

—Alors quoi, me retourné-je et mes yeux brillent, tu me proposes de l'abandonner ? Car je vais pas faire ça Kezia.

—Ce qu'on dit, s'approche calmement Calla, c'est que peut-être qu'au lieu d'attendre qu'il reprenne la mémoire, tu devrais essayer de découvrir comment il l'a perdu. Peut-être que ça va t'aider à comprendre ce qui s'est passé dans le palais.

—Et n'attends pas que le Hadès que tu connais débarque afin de s'excuser pour ce qu'il a dit tout à l'heure. Puisque ce nouveau Hadès ? Kezia pointe la porte. Il a ton Hadès enterré sous d'épais mur de glace, chose que j'ai vu il y a très longtemps, et toi ou le fait qu'il ne se souvient pas des quinze dernières années ne vont pas aider à briser ses murs.

—Bien, je cille des yeux et hoche fermement la tête.

Calla souffle, des remords sont visibles quand elle réalise l'impact de leurs mots.

—Evie...

—Écoutez, j'apprécie que vous prenez soin de moi, mais j'ai... besoin de temps pour être seule. S'il vous plaît.

Calla semble vouloir dire quelque chose, mais Kezia lui donne un coup de coude en secouant discrètement la tête. Je leur fais un petit sourire quand elles quittent lentement la chambre, jetant quelques coups d'œil par dessus leur épaule à plusieurs reprises et c'est seulement quand le petit clique de la porte de fait entendre que je m'écroule sur mon lit.

Je m'appuie contre la colonne du lit, retenant les larmes au coin de mes yeux quand j'observe ma chambre et remarque que la moitié de mon dressing est odieusement vide. Tout me frappe d'un coup avec un fracas qui résonne, je dois enfin admettre que tout est bien réel. Je ne peux plus le nier ou me convaincre que tout semble être un rêve sans fin ; Hadès est de retour et il ne peut plus se souvenir de moi.

Et je pense qu'il me déteste.

Je rigole jaune, essuyant des larmes qui se sont échappées avec mon pouce. Ce n'est pas ainsi que j'ai imaginé nos retrouvailles. Dans ma tête, il y avait beaucoup câlins, il me ferait tourner dans ses bras et après un long moment d'attente il y aurait un baiser passionné ; non que je sois assise dans mon lit, seule, en pleure en essayant de faire en sorte que la façon dont il me parle ne blesse pas mon cœur d'une telle façon.

Mettant mes boucles derrière mon oreille, j'enlève le crytsal du Tartare autour de mon cou et le berce tendrement dans les paumes de mes mains. Elles sont baignées d'une lumière dorée, animées de sombres nuances oranges comme la braise qui se consomme. Les battements de mon cœur sont effrénés quand je repense à la nuit où Hadès me l'a donné. Les choses étaient si simple avant. Oui, la raison qu'il l'ai fait était parce qu'il était inquiet que quelque chose arrive, mais ce cristale c'est plus que ça ; il symbolise son amour pour moi, non seulement car il me protège, mais aussi car il m'a fait assez confiance pour penser que je pourrais protéger la seule manière d'accéder au Tartare. Cependant, j'étais encore trop naïve, donc me rendant absolument compte de rien. Maintenant, mes yeux sont grand ouverts et déchirés, mais peu importe à quel point je veux retourner à cet état d'inconscience, je ne peux pas. Tout a changé en un clin d'œil et même si je pensais voir clairement, je sens que je suis aveugle.